BOGOTA, samedi 18 juillet 2009 (LatinReporters.com) - Vidéo
explosive diffusée depuis le 17 juillet en Colombie par les télévisions
et les sites Internet des médias. On y voit Jorge Briceño, alias El Mono Jojoy, chef
de l'aile militaire des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie),
affirmer que cette guérilla marxiste a contribué en 2006 au
financement de la campagne présidentielle de Rafael Correa, actuel
président de l'Equateur.
A Quito, le gouvernement équatorien
parle de montage et nie à nouveau l'existence de ce financement. L'information
en soi n'est pas neuve, mais qu'elle sorte cette fois de la bouche de Jorge
Briceño la crédibilise fortement.
Pour le président Correa, socialiste radical allié du Vénézuélien
Hugo Chavez, le danger est évident. Si la justice équatorienne
qu'il s'efforce de contrôler parvenait néanmoins à ouvrir
sérieusement le dossier, il risquerait en effet peut-être la destitution pour
financement électoral illégal. Destitution que l'ex-président
équatorien Lucio Gutierrez réclamait déjà vendredi
soir.
En outre, le crédit international de Rafael Correa ne peut que pâtir
de présumées relations privilégiées avec une
guérilla financée par le trafic de cocaïne, les enlèvements
pour rançon et le racket. De fait, les FARC sont considérées
officiellement comme terroristes tant par la Colombie que par les Etats-Unis
et les 27 pays de l'Union européenne. Dans ces circonstances, cela pourrait faire désordre
lorsque le président Correa en appelle à la justice
internationale et aux droits de l'homme pour réclamer, comme la plupart
des chefs d'Etat de la planète, le retour à la présidence
du Honduras de Manuel Zelaya, déposé le 28 juin dernier à
la fois par l'armée, la justice et le Parlement honduriens.
S'adressant en mars 2008 à une multitude de guérilleros
armés des FARC qui l'écoutent assis dans la jungle, le commandant
Jorge Briceño dit textuellement sur l'extrait de la vidéo que
nous reproduisons: "Aide en dollars à
la campagne de Correa et conversations postérieures avec ses émissaires,
y compris quelques accords, selon des documents dont nous disposons tous,
lesquels résultent très compromettants dans nos relations avec
les amis".
Lus par Jorge Briceño sur l'écran d'un ordinateur portable,
ces mots se réfèrent à l'inquiétude de Manuel Marulanda (chef
suprême des FARC jusqu'à sa mort, le 26 mars 2008) après la découverte
des "secrets des FARC" contenus dans "les ordinateurs du camarade Raul".
Le
1er mars 2008, l'armée colombienne avait
bombardé au nord de l'Equateur un camp des FARC, tuant 25 personnes dont le numéro
deux de la guérilla, Raul Reyes. Cette attaque est à l'origine
de la rupture, toujours actuelle, des relations diplomatiques de Quito avec
Bogota. Trois ordinateurs portables de Raul Reyes, deux disques durs externes
et trois clés USB étaient alors saisis et remis pour expertise
à Interpol, dont l'
analyse assure que la Colombie
n'aurait pas manipulé ces ordinateurs ni leurs accessoires. L'Equateur prétend
le contraire.
Déjà révélés l'an dernier, des courriers
électroniques entre commandants des FARC contenus dans les ordinateurs
de Raul Reyes chiffrent à 400.000 dollars l'apport de la guérilla
à la campagne présidentielle de 2006 de Rafael Correa. Ces
courriers ont abouti à la mise en cause de plusieurs personnalités
équatoriennes, dont un ancien ministre de l'Intérieur de Rafael
Correa, Gustavo Larrea, accusé par Bogota d'avoir été
en contact avec la guérilla. L'un de ses ex-vice-ministres, Jose Chauvin,
a admis s'être réuni à plusieurs reprises avec Raul Reyes
pour oeuvrer en faveur de la libération d'otages de la guérilla
colombienne, dont à l'époque Ingrid Betancourt.
Expliquant l'origine de la vidéo contenant les déclarations
explosives de Jorge Briceño, un porte-parole du parquet général
colombien a affirmé à l'Agence France Presse
que "le 29 mai, une perquisition a été menée dans un
appartement de Bogota au cours de laquelle a été capturée
Adela Perez Aguirre, alias "Camila", appartenant au front Antonio Narino
des FARC".
"Des ordinateurs ont été découverts et dans ces ordinateurs
des fragments de vidéo qui durent une heure. Sur les images on voit
le "Mono Jojoy" [le commandant rebelle Jorge Briceño; ndlr] qui évoque
la mort de Manuel Marulanda et dit que celui-ci, quatre jours avant sa mort,
avait fait part de son inquiétude, car les secrets des FARC étaient
à découvert", a poursuivi le même porte-parole.