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La Franco-Colombienne entame sa 4e année de captivité
Ingrid Betancourt: contacts directs de la France avec la guérilla des FARC, selon Tiempo
Actualisé le 23 février 2005

Ingrid Betancourt sur une vidéo diffusée par les FARC en 2003
Vidéo-photo Noticias Uno
BOGOTA, mardi 22 février 2005 (LatinReporters.com) - Autorisé par le président Jacques Chirac, le gouvernement français a cherché en 2004 le contact direct avec la guérilla marxiste colombienne des FARC pour tenter d'obtenir la libération de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, affirmait mardi à Bogota l'influent quotidien El Tiempo, qui cite "des sources diplomatiques à Paris".

Ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, Ingrid Betancourt est l'otage des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) depuis le 23 février 2002. Elle entame sa quatrième année de captivité.

Considérées comme terroristes par les Etats-Unis et par la Colombie, les FARC sont également inscrites sur la liste des organisations terroristes dressée par les 25 pays de l'Union européenne. Si des contacts directs avec les autorités françaises étaient confirmés, ils pourraient soulever des vagues diplomatiques.

Selon El Tiempo, c'est son "équipe diplomatique dans la région", c'est-à-dire "en Colombie et au Venezuela", que la France a utilisée pour contacter les FARC. "Rodrigo Granda était le contact des FARC avec le gouvernement français pour l'échange humanitaire" précise le grand quotidien de Bogota.

Or, Rodrigo Granda, considéré par la presse colombienne comme "le ministre des Affaires étrangères des FARC", fut enlevé le 13 décembre dernier à Caracas, capitale du Venezuela, par des chasseurs de primes qui le livrèrent à la Colombie où il est actuellement emprisonné.

Cet enlèvement a créé entre la Colombie et le Venezuela la pire crise en 20 ans. Un sommet à Caracas, le 15 février dernier, entre le président colombien Alvaro Uribe et son homologue vénézuélien, Hugo Chavez, semble avoir désamorcé cette crise qui menaçait la poursuite des relations diplomatiques et même commerciales entre les deux pays.

La nouvelle de l'emprisonnement en Colombie de Rodrigo Granda "congela les Français" affirme El Tiempo, car ils venaient de perdre leur lien avec la guérilla pour tenter d'obtenir la libération d'Ingrid Betancourt.

Toujours selon "les sources diplomatiques à Paris" citées par El Tiempo, Rodrigo Granda "s'était réuni avec l'ambassadeur de France à Caracas" déjà en avril 2004. Le gouvernement colombien le savait et l'avait autorisé".

Réactions à Bogota et à Paris

Cette précision sur une autorisation supposée des autorités de Bogota semble paradoxale compte tenu de la satisfaction officielle manifestée en Colombie lors de l'annonce de l'arrestation de Rodrigo Granda. Le haut commissaire colombien à la Paix, Luis Carlos Restrepo, personnalité proche du président Alvaro Uribe, a démenti mardi après-midi à Bogota que le gouvernement colombien ait concédé une telle autorisation.

Dans un communiqué diffusé mardi soir à Paris, le ministère français des Affaires étrangères insistait pour sa part sur la "discrétion qui doit prévaloir" dans l'affaire Betancourt "comme dans toutes les affaires d'otages" et affirmait que "tout ce qui a été entrepris par notre pays dans cette affaire est connu des autorités colombiennes".

C'est l'échec des tentatives d'aboutir à un échange humanitaire de prisonniers qui, précise el Tiempo, aurait décidé "le gouvernement de Chirac de tendre des ponts directs avec le groupe guérillero et l'homme choisi fut Granda".

Le gouvernement colombien et la guérilla affirment depuis plusieurs mois être disposés à un échange humanitaire portant sur la libération d'otages et de prisonniers, dont bénéficierait notamment Ingrid Betancourt. Mais les deux camps ne s'accordent ni sur le nombre de prisonniers et d'otages à inclure dans cet échange ni sur ses modalités.

"Un autre contact direct frustré avec Raul Reyes [le numéro deux des FARC] fut tenté. Un délégué du gouvernement français fut envoyé dans une zone de forêts au sud du pays [la Colombie] pour se réunir avec ce chef guérillero, mais malgré l'accompagnement d'un organisme humanitaire, la rencontre n'eut pas lieu à cause de problèmes avec certains organismes de sécurité" écrit encore El Tiempo.

Enfin, le même journal mentionne "la gestion" à Caracas "d'un délégué suisse" qui aurait tenté en vain, il y a plusieurs mois, d'obtenir la libération de guérilleros des FARC emprisonnés et malades en échange de la libération de femmes, dont Ingrid Betancourt, séquestrées par la guérilla.

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