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Rachat record qui créerait le 3e groupe énergétique mondial
Espagne - Turbulences politiques sur l'OPA Gas Natural-Endesa
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Construction d'un gazoduc de la société Gas Natural Courtoisie de Gas Natural SDG, S.A. |
MADRID, mercredi 7 septembre 2005 (LatinReporters.com) - Pouvant donner
naissance au 3e groupe énergétique mondial, l'OPA (offre publique
d'achat) hostile lancée par Gas Natural, nº1 du gaz en Espagne,
sur Endesa, nº1 de l'électricité, est la plus importante
opération de rachat jamais tentée dans la péninsule
ibérique. Elle provoque des turbulences politiques.
Confirmée mardi, l'OPA porte sur 22,5 milliards d'euros, soit plus
que le produit intérieur brut (PIB) de chacun des cent pays les plus pauvres
de la planète. Trois fois par exemple le PIB du Nicaragua et six fois
celui de la Mauritanie.
L'entreprise résultante du rachat, s'il aboutit, dominerait en Espagne
90% de la distribution de gaz et 61% de sa commercialisation, ainsi que 40%
du marché de l'électricité (40% supplémentaires
revenant à Iberdrola, alliée à Gas Natural dans l'OPA).
Avec 31 millions d'abonnés dans 11 pays, le nouveau géant
serait le 3e groupe énergétique mondial en nombre de clients
et le 1er en Amérique latine et en Espagne. Il compterait 34.000 employés
et facturerait annuellement 25 milliards d'euros.
Restent néanmoins dans l'ombre tant les bénéfices éventuels
des consommateurs que les garanties de maintien de l'emploi au sein des entreprises
concernées. La principale association de consommateurs espagnols, l'OCU
(Organizacion de Consumidores y Usuarios) s'inquiète des conséquences
sur les prix de ce qu'elle perçoit comme une réduction de la
concurrence au sein du secteur énergétique.
L'opération ne devrait pas être finalisée avant mars
ou avril 2006. Outre les réserves qu'elle pourrait susciter au sein
des services de l'Union européenne chargés de veiller à
la libre concurrence, elle provoque des turbulences politiques en Espagne.
Gas Natural, qui lance l'OPA, a pour actionnaire de référence
La Caixa, puissante caisse d'épargne catalane et première caisse
d'épargne d'Espagne. Une partie des dirigeants de La Caixa sont, directement ou
indirectement, des mandataires des institutions politiques de la Catalogne,
région dominée et gérée par la gauche indépendantiste et socialiste.
Par contre, Endesa, qui risque donc d'être rachetée contre
son gré, est dans l'orbite de Caja Madrid. Celle-ci domine l'épargne
dans la région madrilène et est exposée à l'influence
du gouvernement régional conservateur formé par le Parti populaire (PP). Au
niveau national, le PP monopolise l'opposition au gouvernement socialiste
de José Luis Rodriguez Zapatero, dont la stabilité dépend
notamment de l'appui de la gauche indépendantiste catalane.
Le PP accuse le gouvernement national de favoriser l'OPA pour conserver
le soutien de la gauche catalane. Le ministre national de l'Industrie, José
Montilla, est particulièrement visé, car il est aussi premier
secrétaire des socialistes catalans.
Commentaire du grand journal madrilène centriste El Mundo: "L'OPA
de Gas Natural démontre que les caisses [d'épargne] peuvent
se convertir en instrument de substitution du pouvoir public espagnol par
le pouvoir public d'une communauté [régionale] déterminée.
Et, plus concrètement, pour mettre des entreprises privatisées
entre les mains de gouvernements autonomes [régionaux] dont la loyauté
à la Constitution et au projet commun Espagne n'est, lamentablement,
pas acquise".
Bref, même en économie, l'éternel combat entre l'Espagne
de gauche et celle de droite et entre Madrid et les nationalismes périphériques.
L'issue de l'OPA en résulte d'autant plus incertaine.
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