La marque Amena, probablement remplacée par la marque Orange

PARIS / MADRID, mercredi 27 juillet 2005 (LatinReporters.com) - France Télécom rachète pour 6,4 milliards d'euros Amena, 3e opérateur mobile d'Espagne, a annoncé mercredi à Paris un communiqué de l'opérateur français, qui estime renforcer ainsi en Europe sa "stratégie d'opérateur intégré" couvrant la téléphonie fixe, mobile et Internet.

Le communiqué de France Télécom précise que sa filiale Orange S.A. a signé un accord en vue d'acquérir 80% des actions d'Auna Operadora de Telecomunicaciones S.A. (Auna) détenant 97,9% de Retevision Movil S.A., opérateur mobile dont la dénomination commerciale est Amena.

L'opération s'effectuera en cash et sera refinancée en titres pour 3 milliards d'euros au travers d'une augmentation de capital réservée aux vendeurs ou par appel au marché destiné préférentiellement aux actionnaires de France Télécom.

La signature des accords définitifs interviendra après l'approbation des conseils d'administration d'Orange S.A. et Union Fenosa. La séparation préalable des activités câble d'Auna et certaines autres conditions, en particulier l'approbation des autorités de la concurrence, doivent aussi se concrétiser.

France Télécom entend procéder à une fusion d'Auna, de Retevision Movil S.A. et de France Telecom España (qui regroupe, sous la marque Wanadoo, les activités fixe et Internet du groupe en Espagne). A l'issue de ces opérations, France Télécom détiendrait 75 à 80% du nouvel ensemble. Le solde serait détenu par Santander, Union Fenosa et Endesa, ainsi que par des minoritaires souhaitant conserver leur participation, parmi lesquels certaines caisses d'épargne espagnoles.

"Fort, en Espagne, de 9,7 millions de clients et d'une part de marché de 24% à fin juin 2005, cinq ans après son lancement, Amena est un des meilleurs 3ème opérateur mobile en Europe" affirme France Télécom, qui voit en l'Espagne "le 5ème marché européen, avec un potentiel de croissance en valeur des mobiles estimé à environ +6% par an entre 2005 et 2008, supérieur à la moyenne européenne".

Objectif pour 2008 en Espagne: plus de 14 millions de clients

France Télécom est elle-même installée depuis plus de 7 ans en Espagne au travers de plusieurs filiales. Avec, sous la marque Wanadoo, 1,4 million de clients Internet, dont plus de 500.000 lignes ADSL, France Telecom España réunit plus de 16% de parts de marché de l'ADSL.

Sur une base pro forma, le groupe France Télécom espère compter, à fin 2005, plus de 11,8 millions de clients en Espagne et y réaliser un chiffre d'affaires de 4,1 milliards d'euros, avec une marge brute opérationnelle d'environ 1,2 milliard d'euros pour des Capex (investissements corporels et incorporels hors licences GSM et UMTS et hors investissements financés par crédit-bail) d'environ 750 millions d'euros.

L'objectif de croissance annuel du groupe France Télécom en Espagne pour la période 2006-2008 est de 7 à 8% pour le chiffre d'affaires et de 11 à 15 % pour la marge brute opérationnelle. A l'horizon 2008, France Telecom España a pour objectif de dépasser les 14 millions de clients.

Second opérateur mobile et fournisseur d'accès Internet en Europe, France Télécom est l'un des principaux opérateurs de télécommunications au monde. Au 31 mars 2005, elle servait 129,6 millions de clients sur les cinq continents (220 pays ou territoires). Son chiffre d'affaires consolidé s'élevait à 47,16 milliards d'euros en 2004.

"L'acquisition d'Amena intervient moins d'un mois après le lancement de notre programme NExT (Nouvelle Expérience des Télécommunications). Elle apporte une contribution importante au programme de développement et de croissance du groupe en Europe" a déclaré le PDG de France Télécom, Didier Lombard.

France Telecom España va étudier l'opportunité d'utiliser son approche intégrée sous la marque unique Orange. La marque Amena pourrait donc disparaître prochainement.

A Madrid, la presse rappelle l'influence de l'Etat français

Selon l'influent quotidien madrilène El Pais, proche du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, "Bruxelles enquête actuellement sur l'injection [dans France Télécom] de 9 milliards d'euros par l'Etat français, propriétaire de 34,9% du capital, dans l'augmentation de capital de 15 milliards d'euros qui sauva le groupe de la faillite".

Critiquant pour sa part "le maintien de France Télécom dans l'orbite de l'Etat [français]", alors que Telefonica (l'opérateur historique espagnol) est désormais entièrement soumis aux lois du marché, le journal centriste El Mundo regrette que le rachat d'Amena mette "en évidence le manque de symétrie avec lequel furent menées en Europe la libéralisation des services de télécommunications et l'ouverture des marchés nationaux".