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Reflet de la politique arabe particulière de Madrid
Mort du roi Fahd: en Europe, seule l'Espagne est en deuil officiel
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Le roi Fahd d'Arabie saoudite - Saudi Arabia Information Resource |
MADRID / PARIS, mercredi 3 août 2005 (LatinReporters.com) - La politique
arabe particulière de l'Espagne a été reflétée
par son hommage officiel, plus appuyé que dans tout autre pays d'Europe,
à feu le roi Fahd d'Arabie saoudite, décédé le
1er août à Riyad à l'âge de 84 ans.
Dans son espace d'analyses succinctes "Planète Europe-Planète
Monde", mercredi matin, France Inter a interviewé sur cette
question, lors d'un direct téléphonique Madrid-Paris, le directeur
de LatinReporters.com, Christian Galloy (en intérim du correspondant de Radio France
en Espagne, Pierre Cayrol).
FRANCE INTER - L'Espagne est le seul pays européen à avoir
décrété une journée de deuil pour la mort du
roi Fahd. Pourquoi une déférence si particulière?
Chr. G. - Cela reflète l'importance que Madrid veut donner à
sa politique arabe. L'Espagne fut en 1979 le premier pays occidental à
recevoir officiellement le leader palestinien Yasser Arafat. Dans la même
logique, l'Espagne fut le dernier pays d'Europe à établir
des relations diplomatiques avec Israël, en 1986. Et l'actuel ministre
espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos,
a été l'émissaire permanent de l'Union européenne
au Proche-Orient.
En fait, longtemps mise au banc des nations à cause de la dictature
franquiste, l'Espagne avait conservé une projection internationale
via l'Amérique latine et via une politique d'amitié très
poussée avec les pays arabes.
Le terrorisme islamiste, qui a durement frappé aussi Madrid, conduit
aujourd'hui le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis
Rodriguez Zapatero, à lancer avec l'appui des Nations unies ce qu'il
appelle une Alliance des civilisations, entre l'Occident et le monde musulman.
On en saura plus en novembre lors d'une première réunion internationale
à haut niveau dans l'archipel des Baléares. L'ex-président
américain Bill Clinton pourrait y participer.
FRANCE INTER - Mais il existe aussi, bien sûr, des relations privilégiées
entre familles royales espagnole et saoudite...
Chr. G. - Oui. A ce propos, une biographie non autorisée du roi
Juan Carlos d'Espagne, écrite en 2001 par un collectif républicain
sous le pseudonyme "Patricia Sverlo", affirme que pour les premières
élections législatives espagnoles de l'après-franquisme,
en 1977, le palais royal saoudien aurait offert cent millions de dollars
au parti centriste du chef du gouvernement, Adolfo Suarez, partisan de la
monarchie qui venait d'être restaurée, pour qu'il gagne les
élections, et ce fut le cas, laissant dans l'opposition la gauche
socialiste et communiste alors très républicaine.
Selon cette thèse, Juan Carlos devrait donc une partie de sa couronne
à la famille royale saoudienne.
FRANCE INTER - A Marbella, le deuil officiel pour la mort du roi Fahd
est de trois jours...
Chr. G. - A Marbella, le roi Fahd était appelé le roi Midas.
Ses séjours de plusieurs semaines [dans cette ville espagnole de
la Costa del Sol], avec une suite allant de 400 à 3.000 personnes,
l'entretien à Marbella de son palais, une copie quasi conforme de
la Maison blanche, des dépenses de six millions d'euros par jour,
l'achat par exemple d'un seul coup de 40 paires de souliers à 750
euros la paire, toutes ces extravagances -mais aussi le financement de l'hôpital
local et de logements sociaux- ont enrichi Marbella, qui vient d'avoir la
reconnaissance du ventre, si l'on peut dire, déclarant à
titre posthume [outre un deuil municipal de trois jours] le roi Fahd fils
adoptif de la ville.
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