M. Zapatero assumera le 1er janvier 2010 une autre présidence de l'UE, la tournante semestrielle.
Que M. Van Rompuy, ex-Premier ministre social-chrétien du Royaume de Belgique, soit inconnu
de la quasi totalité des 500 millions de citoyens des 27 pays de l'UE est une évidence.
Les grands éditorialistes européens l'ont amplement souligné dès sa nomination, le 19 novembre dernier à huis clos, à la présidence
permanente du Conseil européen (mandat de deux ans et demi renouvelable
une seule fois).
Et que M. Zapatero ne soit pas très malin, ou plus exactement "peut-être
pas très intelligent", est un diagnostic téméraire qu'aurait
émis le 15 avril dernier le président français Nicolas
Sarkozy au moment du dessert lors d'agapes avec des parlementaires de l'Hexagone.
Le démenti obligé de M. Sarkozy à ce
scoop de Libération
n'a convaincu ni l'indomptable quotidien ni ses informateurs. Ils ont confirmé
l'octroi élyséen à M. Zapatero d'un profil intellectuel
auquel ses adversaires attribuent la débâcle actuelle de l'Espagne.
Le pays compte plus de 4 millions de chômeurs (taux de 19,3% à
fin octobre selon Eurostat) et il est secoué par l'envolée
de moins en moins contrôlable d'un souverainisme catalan longtemps
flatté pour raison électorale par le leader socialiste espagnol.
Faisant un pied de nez aux bons usages démocratiques, moins grave que celui auquel
le Belge (ou plutôt, ce n'est pas forcément pareil, le Flamand)
Herman Van Rompuy doit sa nomination eurocratique parrainée par la France et l'Allemagne,
M. Zapatero et son hôte n'ont pas admis la moindre question en dressant devant les journalistes le
bilan de leur rencontre.
L'agence espagnole Europa Press en retient la création d'une "cellule
de coordination" pour se répartir les tâches et le rôle
de chef d'orchestre de divers sommets lors des six mois de conjonction des présidences
européennes de MM. Zapatero et Van Rompuy. L'économie
et l'emploi, dont l'Espagne socialiste est le plus mauvais élève
européen, seront le cheval de bataille de cette double présidence.
Mais le "premier objectif" de José Luis Rodriguez Zapatero, précise
Europa Press en le citant, sera de "consolider les nouvelles figures institutionnelles"
surgies du Traité de Lisbonne et en particulier de contribuer à
une "claire visibilité" du nouveau président permanent de l'UE.
Même un observateur pas très malin en déduirait que Herman
Van Rompuy et Monsieur Inconnu sont bien une seule et même personne.
Quant au président flamand de l'UE, il s'est déclaré
enchanté d'entamer, au premier semestre 2010, son parcours européen
"main dans la main" avec M. Zapatero, "un président profondément engagé
dans la cause européenne".
Gageons néanmoins que certains, notamment à Paris, surveilleront
où ces mains mettront le pied.