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Premiers tués en mission extérieure sous le gouvernement socialiste de Zapatero
Espagne: mort de 17 militaires en Afghanistan politisée
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Traînée noire du crash de l'hélicoptère espagnol, à 20 km au sud d'Hérat (Afghanistan). A proximité, hélicoptère médicalisé accouru après le sinistre. Photo Ministerio de Defensa de España - AGRANDIR |
MADRID, jeudi 18 août 2005 (LatinReporters) - Choc émotif,
mais aussi choc politique: les 17 militaires espagnols tués mardi
dans la chute de leur hélicoptère en Afghanistan sont les premiers
morts en mission extérieure depuis que le socialiste José Luis
Rodriguez Zapatero gouverne l'Espagne. Accident ou attaque des talibans?
L'incertitude favorise la politisation du drame.
En Afghanistan, près de 850 Espagnols participent à la Force
internationale d'assistance à la sécurité (ISAF). Déployée
sous l'autorité du Conseil de sécurité des Nations unies,
mais dirigée par l'OTAN, l'ISAF comprend aujourd'hui près de
10.000 hommes de 37 pays. Elle collabore avec le gouvernement de Kaboul pour
reconstruire le pays et y assurer la sécurité, notamment dans
la perspective des élections législatives afghanes du 18 septembre
prochain.
Actuellement, 2.258 militaires espagnols sont en mission en Afghanistan (841),
au Kosovo (768), en Bosnie (450) et en Haïti (199). Un total de 19 observateurs
espagnols se répartissent par ailleurs entre le Congo, le Kosovo,
Haïti, le Soudan, l'Ethiopie et l'ex-Yougoslavie.
Proposé par le gouvernement de M. Zapatero, l'accroissement du contingent espagnol en
Afghanistan -500 militaires supplémentaires en juin dernier, pour un total de 841- avait
été approuvé par tous les groupes parlementaires, à la seule exception
des écolos-communistes d'Izquierda Unida (Gauche unie).
Depuis 1992, l'armée espagnole a perdu lors de missions extérieures
113 hommes, victimes d'attentats, d'attaques ou d'accidents. Ces pertes sont liées à
des missions en Afghanistan (17 morts avant hier, plus 62 militaires tués en
2003, en Turquie, dans le crash de l'avion qui les ramenait de Kaboul vers
Madrid), en Bosnie (18 morts), en Irak (11), au Kosovo (3), en Macédoine
(1) et au Guatemala (1).
Dans "Planète Europe-Planète Monde", France Inter a interviewé
sur le dossier Espagne-Afghanistan, ce 18 août en direct de Madrid, le directeur de
LatinReporters.com, Christian Galloy (en intérim du correspondant
de Radio France en Espagne, Pierre Cayrol).
FRANCE INTER - L'Espagne est sous le choc après
la mort de 17 militaires dans la chute de leur hélicoptère
en Afghanistan. Alors, accident ou attaque?
Chr. G. - Disons que la thèse de l'accident se renforce.
Collision en vol de deux hélicoptères, dit le gouvernement afghan,
car l'hélicoptère sinistré volait en patrouille avec
un autre appareil espagnol qui a atterri en catastrophe.
Ecrasement au sol à cause de fortes rafales de vent, croit pour sa
part le ministre espagnol de la Défense, José Bono.
Le ministre s'est rendu sur place, en Afghanistan. Il vole actuellement
vers l'Espagne avec les dépouilles des victimes. Il n'exclut pas catégoriquement
l'hypothèse d'une attaque, hypothèse soutenue ce matin encore
dans la presse madrilène par divers experts militaires et soutenue
surtout par des occupants du second hélicoptère espagnol. L'un
d'eux déclare qu'un feu ennemi aurait atteint de plein fouet le premier
appareil.
Quoiqu'il en soit, difficile d'évaluer si à un mois des élections
législatives, qu'ils veulent saboter, les talibans se renforcent ou
non dans l'Ouest de l'Afghanistan, autour d'Hérat, où est basé
le contingent de 850 Espagnols. En juin, c'est à l'Est que les talibans,
bien implantés aussi au Sud, avaient abattu un hélicoptère
américain.
Un chef taliban a revendiqué l'attaque présumée contre
l'hélicoptère espagnol. En Espagne, une association de militaires
et les communistes, pourtant alliés du socialiste Zapatero, exigent
"toute la vérité". L'opposition de droite, elle, réclame
la comparution de M. Zapatero devant le Parlement.
FRANCE INTER - Donc un début de politisation du drame. Peut-être
le souvenir de la polémique sur l'engagement militaire espagnol en
Irak...?
Chr. G. - Oui et à ce propos M. Zapatero a souligné que
les 17 militaires sont morts, je cite, "pour la paix et pour la liberté
du peuple afghan, dans le cadre d'une mission des Nations unies".
C'est effectivement sous mandat de l'ONU, quoique sous commandement de l'OTAN,
que 10.000 militaires de 37 pays tentent de contribuer au relèvement
de l'Afghanistan. Et en rappelant le mandat des Nations unies, M. Zapatero
marque la différence par rapport à la guerre en Irak, qu'il
juge illégale.
Sa première décision gouvernementale, l'an dernier, fut le
retrait des troupes espagnoles d'Irak. D'où froid glacial entre Madrid
et Washington et des observateurs estiment que le renforcement récent
du contingent espagnol en Afghanistan viserait à rapprocher l'Espagne
des Etats-Unis.
En Irak, l'Espagne avait eu onze tués. Son engagement en Afghanistan
coûte nettement plus cher, car aux 17 militaires morts avant hier,
il faut en effet ajouter les 62 tués en mai 2003 dans le crash accidentel,
en Turquie, de l'avion qui les ramenait d'Afghanistan vers l'Espagne.
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