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Le président basque repart à l'offensive avant les législatives
Ibarretxe défie l'Espagne : référendum souverainiste au Pays basque en 2008
MADRID, samedi 29 septembre 2007 (LatinReporters) - L'intention du président
basque Juan José Ibarretxe était connue, mais en lui fixant
une date il a mis vendredi l'Espagne en émoi: le 25 octobre 2008 une
"consultation", euphémisme pour un référendum illégal,
permettrait aux Basques d'ouvrir une voie souverainiste.
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Juan José Ibarrexte, du Parti nationaliste basque (PNV), est le président du gouvernement régional basque depuis 1999 - Photo ibarretxe.com |
Cette première étape serait suivie en 2010 d'un "référendum
résolutif" (toujours illégal, mais cette fois le mot est utilisé)
qui concrétiserait pour les Basques "l'exercice du droit à
décider librement de notre propre futur", autre euphémisme
signifiant autodétermination.
L'illégalité découle de la Constitution espagnole. Elle
réserve exclusivement à l'Etat "l'autorisation de convoquer
les électeurs à des consultations populaires par voie de référendum"
(article 149/1/32).
Exposant sa "feuille de route" à la tribune du Parlement régional
basque, M. Ibarretxe a démontré que si son Parti nationaliste
basque (PNV) est modéré dans les moyens, puisqu'il condamne
la violence, il l'est nettement moins par ses ambitions, qui rejoignent à
long terme, l'idéologie marxiste en moins, celles des terroristes
séparatistes de l'ETA.
Déjà connu pour son "Plan Ibarretxe", projet souverainiste
de libre association entre égaux avec l'Espagne, adopté le
30 décembre 2004 au Parlement basque, mais rejeté un mois plus
tard par le Congrès espagnol des députés, le lehendakari
(président basque) reprend donc le flambeau de la contestation identitaire.
A moins de six mois des élections législatives espagnoles de
mars 2008, le PNV redevient le phare de la politique basque après
l'échec des longues négociations dites de paix entre l'ETA
et le gouvernement socialiste espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero.
La "feuille de route" de Juan José Ibarretxe démarre sur "l'offre
institutionnelle de conclure un pacte politique entre l'Euskadi (Pays basque)
et l'Espagne". Ce pacte devrait contenir l'engagement de "respecter la volonté
de la société basque et d'incorporer à l'ordre juridique
cette reconnaissance et son exercice".
La "consultation" populaire fixée au 25 octobre 2008 viserait soit
à ratifier ce pacte, soit, en cas de refus (déjà annoncé)
de Madrid, à donner mandat "à toutes les forces politiques
basques" de négocier entre elles un accord sur "l'exercice du droit
à décider".
Enfin, au second semestre 2010, un "référendum résolutif"
matérialiserait l'exercice effectif "du droit à décider
librement de notre futur", sur la base d'options et de modalités définies
entre Basques ou avec une Espagne qui aurait accepté le pacte initial.
Et l'ETA? Elle devrait, selon M. Ibarretxe, négocier avec le gouvernement
espagnol "la fin définitive de la violence", laissant "les décisions
politiques correspondantes aux représentants politiques basques".
Le lehendakari estime en outre qu'après un succès du "référendum
résolutif" de 2010, "l'ETA serait obligée, par décision
populaire, à manifester sans équivoque, de manière crédible
et démontrable, sa volonté de mettre fin à la lutte
armée".
Ce nouvel échafaudage souverainiste de Juan José Ibarretxe
est pour le moins confus et dilué sur le long terme. Mais le flou
et la patience du PNV sont probablement des ingrédients du pouvoir
qu'il exerce depuis un quart de siècle au Pays basque.
Le lehendakari a confirmé la caducité de son ancienne promesse
de ne pas convoquer de référendum tant que l'ETA n'aura pas
déposé les armes. "Nous ne pouvons pas nous réfugier
dans la violence de l'ETA pour continuer à nier à notre société
son droit à décider" a-t-il argumenté. Ce retournement
explique la décision de Josu Jon Imaz, actuel président du
PNV, de ne pas briguer le renouvellement de son mandat à la tête
du parti en décembre prochain. Il s'opposait à l'annonce d'un
référendum, redoutant que le refus attendu de Madrid ne serve
de prétexte à l'ETA pour intensifier et justifier ses attentats.
En conférence de presse, vendredi aux côtés du président
russe Vladimir Poutine qui le recevait à Sotchi, au bord de la mer
Noire, José Luis Rodriguez Zapatero a aussitôt refroidi les
espoirs de Juan José Ibarretxe: "Rien ne peut se faire sans respecter
la Constitution, les lois et l'Etat de droit" a dit le chef du gouvernement
espagnol.
Mais en Catalogne, Josep-Lluis Carod-Rovira, leader de la Gauche républicaine
catalane au pouvoir dans la région avec les socialistes et soutien
à Madrid de la majorité seulement relative de M. Zapatero,
a approuvé le président basque et réitéré
que les Catalans devraient eux aussi exercer leur droit à l'autodétermination.
Le chef de l'opposition de droite, Mariano Rajoy, président du Parti
populaire (PP), a beau jeu d'en déduire que "Zapatero est débordé
par le radicalisme de certains de ses alliés". Le porte-parole parlementaire
du PP, Eduardo Zaplana, ajoute que "l'offensive nationaliste sans précédent"
serait imputable à M. Zapatero, qui "récolte ce qu'il a semé".
"L'Espagne plurielle" à laquelle aspirait le dirigeant socialiste,
ses concessions à la Catalogne et sa longue et vaine négociation
avec l'ETA semblent avoir revigoré les forces centrifuges
au lieu de les canaliser. Le roi Juan Carlos et sa famille sont insultés
et brûlés en effigie sur des places publiques en Catalogne.
Comme au Pays basque et à défaut d'indépendance, des
élus y revendiquent "la troisième République". La seconde
fut écrasée par Franco, initiateur de la restauration monarchique.
Alors que l'Espagne est déjà en précampagne pour les
législatives de mars 2008, le sentiment de dégradation institutionnelle
est de l'eau bénite pour le moulin électoral du PP de Mariano Rajoy. Pour peu, il
se présenterait en sauveur. Son patriotisme exacerbé
alimente pourtant aussi les nationalismes périphériques.
Ce cercle vicieux nourrit l'impression pessimiste qu'après
avoir facilité la transition entre dictature franquiste et démocratie,
les autonomies régionales sont désormais des facteurs d'instabilité.
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