MADRID, mercredi 16 juin 2010 (LatinReporters.com) - Première grosse
surprise au Mondial de football en Afrique du Sud : l'une des grandes favorites,
La Roja d'Espagne, championne d'Europe, a loupé son entrée, s'inclinant mercredi
à Durban sur le score 0-1 devant une solide équipe de Suisse.
Autant, voire plus, que le onze espagnol, c'est Zapatero qui mord la pelouse.
Explication.
Au matin du mercredi 16 juin, quelques heures avant le match, conseil des
ministres à Madrid sous la présidence du socialiste José
Luis Rodriguez Zapatero. Un conseil extraordinaire (les ordinaires se tiennent
le vendredi) pour cause de crise globale et risque de faillite espagnole,
potentiellement de deux à cinq fois plus explosive que la faillite
grecque. L'Union européenne, le FMI et même Obama en ont une
peur blanche. Ils ont mis discrètement sous
tutelle financière une Espagne trop performante au Mondial du chômage,
avec 4,6 millions de sans-emploi, 20% de la population active.
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J. L. Rodriguez Zapatero avec l'écharpe et le maillot de
La Roja, l'équipe nationale espagnole. Photo La Razon |
Brisant un grand tabou de la gauche, le conseil des ministres espagnol a
raboté mercredi les garde-fous du droit du travail. Les patrons peuvent
désormais licencier plus joyeusement et à moindre coût
en Espagne. Les syndicats ont convoqué une grève générale
pour le 29 septembre contre ce néosocialisme qui réduit aussi
les salaires des fonctionnaires, gèle les retraites et augmente les
impôts.
C'est évidemment pour amortir l'impact médiatique du coup de
hache historique dans la législation de travail que Zapatero avait
réuni ses ministres le jour du match Espagne - Suisse. Le calcul était
d'une grande limpidité : au soir et au lendemain du match, le triomphe
de La Roja éclipserait dans les médias l'adios au bien-être
social.
Mais le revers inattendu de l'équipe d'Espagne a fait échouer la manoeuvre. Pour s'en convaincre, il suffisait de lire les deux titres principaux des éditions digitales des grands
journaux espagnols quelques minutes seulement après la défaite
surprise de La Roja :
El Mundo (quotidien de centre droit)
-"Un cauchemar pour commencer [le Mondial]"
-"Le gouvernement rend moins coûteux les licenciements"
El Pais (centre gauche)
-"L'Espagne se crashe contre la Suisse"
-"Le gouvernement généralise les contrats avec une indemnité
de 33 jours" [au lieu de 45 jours de salaire par année d'ancienneté
en cas de licenciement].
ABC (conservateur)
-"Dérapage de l'Espagne devant la Suisse"
-"Les entreprises devront démontrer des pertes pour justifier des
licenciements objectifs"
Publico (gauche)
-"Coup de couteau suisse"
-"Notre objectif est que la grève soit massive" [déclaration
syndicale à propos de la grève générale du 29
septembre].
Avant le match, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de José
Luis Rodriguez Zapatero était devancé parfois de 12 points
par le Parti Populaire (PP, opposition conservatrice) de Mariano Rajoy dans
les derniers sondages. La remontée sera dure, voire impossible. La
Roja s'en sortira peut-être mieux que le PSOE. Le Mondial 2010 peut
encore être le sien si elle gagne ses deux prochaines rencontres, contre
le Honduras, puis contre le Chili.
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