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Le palais royal annonce l'heureux événement pour mai 2007
Espagne - Le second enfant de Felipe et Letizia relance le débat sur la loi salique
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Le prince héritier Felipe, la princesse Letizia et leur premier enfant, l'infante Leonor (décembre 2005) Photo Casa de Su Majestad el Rey |
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par Christian Galloy
MADRID, lundi 25 septembre 2006 (LatinReporters.com) - Le prince héritier
d'Espagne Felipe et la princesse Letizia attendent leur second enfant pour
début mai 2007. La télévision publique espagnole l'annonçait
lundi en plusieurs flashs bousculant ses émissions. L'heureux événement
va relancer en Espagne le débat sur une révision de la Constitution,
teintée de loi salique.
Un communiqué du palais confirme que "Ses Altesses royales les Princes
des Asturies ont la grande joie d'annoncer qu'ils attendent la naissance
de leur second enfant pour le début du mois de mai prochain. Ses Majestés
royales [le roi Juan Carlos et la reine Sofia; ndlr] souhaitent s'associer
à la grande joie de cette annonce heureuse".
Le premier enfant du prince Felipe et de la future reine et ex-journaliste
de télévision Letizia Ortiz, l'infante Leonor, naissait à
Madrid le 31 octobre 2005. S'agissant d'une fille, Leonor ne sera un jour
lointain reine à son tour, après Felipe qui n'a pas encore succédé
à son père Juan Carlos, que si elle n'a pas de frère ou
si la loi salique est effacée de la Constitution.
Le débat politique sur la nécessité d'une révision
constitutionnelle va donc rebondir avec l'annonce de la prochaine naissance
princière. Telle que rédigée aujourd'hui, la Constitution
espagnole rétrocéderait d'un degré Leonor dans la succession
au trône si elle avait en mai prochain un petit frère, qui la
devancerait.
Pour la succession à la couronne d'Espagne, l'article 57/1 de la Constitution
préfère en effet "l'homme à la femme" dans la même
ligne et le même degré. Le socialiste José Luis Rodriguez
Zapatero, président du gouvernement et féministe militant, avait
promis dès son investiture, en avril 2004, de jeter aux oubliettes
ce vestige de loi salique.
Mais ce n'est pas simple. Car toute modification de la Charte suprême
touchant la couronne bouleverserait le cadre politique. La révision
devrait non seulement être approuvée à la majorité
des deux tiers de chacune des deux Chambres, mais aussi être suivie
de la convocation d'élections législatives. Les nouveaux députés
et sénateurs devraient, avec la même majorité qualifiée, approuver
à leur tour la révision constitutionnelle. Cette dernière, enfin, serait soumise
à un référendum national.
Un tel marathon politique, à la fois législatif et électoral,
ne peut être parcouru que dans un climat de sérénité.
Mais le combat médiatique et parlementaire qui oppose depuis deux
ans et demi le pouvoir socialiste aux conservateurs du Parti populaire (PP,
principale formation de l'opposition), avec un vocabulaire et des arguments
remontant à la guerre civile, rend périlleuse toute grande
manoeuvre institutionnelle.
Dans le meilleur des cas, même si socialistes et PP négociaient pour le bien de la
couronne une paix et une coalition parlementaire passagères (sans quoi, pas de majorité
des deux tiers possible), le temps manquerait sans doute pour conclure une réforme
constitutionnelle d'ici mai 2007.
Avant la naissance de Leonor, le ministre espagnol de la Justice, le socialiste
Juan Fernando Lopez Aguilar, et le président du Conseil d'Etat, Francisco
Rubio Llorente, prétendaient qu'une révision constitutionnelle
pourrait être rétroactive afin de permettre qu'une infante hérite de la couronne
plutôt qu'un frère cadet qui serait né avant l'élimination des
dispositions saliques. Pareille thèse élimine l'urgence de la réforme de la
Constitution.
Mais si la rétroactivité était admise, l'infante Elena,
soeur aînée du prince Felipe écartée de la succession
par l'actuelle Constitution, ne pourrait-elle
pas revendiquer la qualité d'héritière du trône?
Elle ne le ferait sans doute guère. Il n'empêche que recourir à
la rétroactivité des lois est peu ordinaire en démocratie.
Un autre notable socialiste, José Bono, rappelait l'an dernier, alors
qu'il était encore ministre de la Défense, que des manipulations
de la loi salique provoquèrent en Espagne les guerres carlistes du
19e siècle. Ces guerres furent l'un des creusets, parmi d'autres, de l'indépendantisme
basque et catalan.
Dans l'immédiat, le palais royal se contente de souligner que l'héritier de l'actuel roi Juan
Carlos Ier est son fils Felipe de Bourbon, prince des Asturies.
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