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Vedettes, argent et football pas toujours compatibles
Real Madrid: Florentino Perez déserte la Galaxie malade de ses stars
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A la une de Marca: "Florentino a démissionné - Il quitte la Galaxie" |
MADRID, mardi 28 février 2006 (LatinReporters.com) - "Florentino abandonne la
Galaxie". "Adios Galaxia". "Triste fin"... Ces titres à la une des
quotidiens espagnols renvoient à des pages entières d'analyse
de la démission, lundi, de Florentino Perez, désormais ex-président
du Real Madrid. Le club de football le plus titré au monde est malade
de ses stars, les galactiques Ronaldo, Zidane et autres Beckham.
L'onde de choc nationale et internationale de cette démission est
autant sociologique que sportive. Sans la moindre coupe ni espagnole ni européenne
pour la troisième saison consécutive -soit ses pires résultats
en 50 ans- le Real Madrid démontre sans l'avoir voulu que réunir
les footballeurs les plus célèbres et les mieux payés de la planète
peut nuire à l'esprit d'équipe et à la victoire.
Poids lourd du BTP (bâtiments et travaux publics) en
Espagne et même dans le monde,
élu en 2000 à la présidence du Real Madrid et réélu
en 2004, Florentino Perez a réussi à y éponger un passif
de quelque 250 millions d'euros. Avec une facturation globale en 2005 de
276 millions d'euros (droits d'image, cotisations de membres, tickets d'entrée,
produits dérivés, etc.) il a fait du Real le nº1 mondial des clubs de football quant
aux revenus financiers.
Nul ne conteste la réussite de la gestion économique de Florentino
Perez, basée notamment sur le recrutement de stars dont la célébrité
contribua à faire du Real Madrid une véritable marque commerciale
internationale.
Le Portugais Figo rejoignait le grand club madrilène
en 2000, le Français Zidane en 2001, le Brésilien Ronaldo en
2002, le Britannique Beckham en 2003, Owen -britannique aussi- en 2004 et
Robinho, autre Brésilien, en 2005... Chaque année donc, achat
d'un "galactico" (galactique), terme utilisé par les médias
espagnols pour désigner ces footballeurs en principe si talentueux qu'ils devaient
venir d'une lointaine galaxie.
En près de six ans, le Real de Florentino Perez a déboursé
422 millions d'euros pour former ce groupe de stars. Mais groupe ne signifie
pas équipe. Depuis près de trois ans, le Real n'a plus rien
inscrit à son palmarès. Six entraîneurs se sont succédé
en vain. Au Santiago Bernabeu, le stade du Real Madrid, le public siffle
désormais sa propre équipe et applaudit l'adversaire. Après
sa dernière défaite, dimanche contre le Mallorca, le Real est
3e du championnat, mais à dix points de son rival historique, le FC
Barcelona, qui lui infligea un humiliant 0-3 en novembre au Bernabeu.
Le président était "le dernier bouchon", comme dit lui-même
Florentino Perez, à faire sauter pour tenter de revitaliser les galactiques.
"La camaraderie qu'on voit au sein d'autres équipes n'existe pas au
Real Madrid" reconnaît-il. Il en assume la responsabilité pour
avoir "mal éduqué les joueurs".
A ce propos, la presse espagnole estime que les entraîneurs successifs
du Real étaient court-circuités par l'indulgence paternaliste
du président sortant à l'égard de ses galactiques. Lorsque
David Beckham gagne -en additionnant salaire, primes, contrats publicitaires
et autres- plus de 20 millions d'euros par an et Ronaldo et Zidane quelque
15 millions, à quoi bon tenter de les soumettre à la discipline
sportive du commun des footballeurs? Selon le quotidien El Mundo, "Zidane
a comparé en privé le Madrid au Club Méditerranée
tant les entraînements y sont relax".
En outre, la notion de jeu d'équipe semble mise à mal par la
gloire elle-même des galactiques. "L'union manque, car les joueurs
ont perdu l'ambition. Ils se croient spectaculaires et j'en suis responsable"
déclarait lundi soir Florentino Perez à Real Madrid TV.
Ce commentaire confirme l'impression qu'arriver au club de légende
qu'est le Real Madrid, neuf fois vainqueur de la Coupe d'Europe des champions,
ainsi que de 29 championnats et 17 coupes d'Espagne, aurait
transformé les galactiques en retraités d'exception qui n'auraient
plus rien à prouver et qui effectivement ne prouvent plus rien.
Enfin, ce que Florentino Perez qualifiait de politique de "Zidanes et Pavones"
(Paco Pavon est un joueur espagnol du cru), c'est-à-dire appuyer les
galactiques multimillionnaires par de jeunes footballeurs formés dans
l'équipe seconde du Real Madrid et payés dix ou vingt fois moins, a
créé des divisions néfastes dans les vestiaires et sur
le terrain.
"Ce football de galactiques et d'ouvriers aux salaires différents,
jouissant d'attentions distinctes, a fait du Madrid un club sans âme"
écrit le quotidien sportif Mundo Deportivo. Selon ce journal, "Florentino
Perez a été absorbé par la galaxie, dévoré
par le monstre qu'il a lui-même créé et qui s'est retourné
contre lui".
Un proche de Florentino Perez, l'homme d'affaires Fernando Martin, membre
du comité de direction du Real Madrid, a été désigné
par ce comité pour achever, jusqu'en 2008, le mandat du président
démissionnaire. El Mundo estime que Ronaldo et Zidane pourraient
abandonner le Real à la fin de cette saison.
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