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A peine 3% des intentions de vote pour l'Amérindienne Rigoberta Menchu
Guatemala : favori de la présidentielle, l'ancien général Otto Pérez Molina prône la "main dure"
CIUDAD GUATELAMA, vendredi 7 septembre 2007 (LatinReporters.com)
- Devancé de dix points il y a peine un mois dans les sondages par
le social-démocrate Alvaro Colom, le général retraité
Otto Pérez Molina, candidat du Parti Patriote (droite), est désormais
le favori de l'élection présidentielle du 9 septembre au Guatemala.
Son slogan "Mano dura" (Main dure) contre la criminalité galopante
fait mouche. Par contre, la candidate amérindienne Rigoberta Menchu,
prix Nobel de la Paix, ne jouerait selon les sondages qu'un rôle de
figurante.
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Le général (retraité) Otto Perez Molina: "main dure" est le slogan et l'image de son Parti Patriote - Photo Partido Patriota |
Collé à la frontière sud du Mexique,
république la plus peuplée d'Amérique centrale avec
12,6 millions d'habitants, le Guatemala compte 21 ethnies mayas. Il est après
la Bolivie et avant l'Equateur le pays latino-américain offrant la
plus forte proportion d'autochtones d'origine pré-colombienne, de
42 à 56% de la population selon diverses estimations. Le second chiffre
correspond aussi au taux national de pauvreté.
Le dernier sondage de l'institut Vox Latina, diffusé mercredi par
les quotidiens guatémaltèques Prensa Libre et Nuestro Diario,
ainsi que dans le journal télévisé de Guatevision, attribue
31,8 % des intentions de vote à Pérez Molina contre 31,7% à
Alvaro Colom, candidat de l'Union Nationale de l'Espoir (UNE).
Ce match nul virtuel entre les deux principaux candidats présidentiels,
dont aucun ne surpasserait 50% pour vaincre dès le premier tour, forcerait
un second tour Pérez Molina-Colom prévu pour le 4 novembre.
Vox Latina prédit qu'alors le général à la retraite
l'emporterait par 52,6% des suffrages contre 47,4% à son adversaire
social-démocrate, qui brigua déjà en vain la charge suprême
en 1999 et 2003.
Une victoire plus étriquée d'Otto Pérez Molino au second
tour, avec 50,7% des voix, ressort d'une simulation de vote effectuée
par Demoscopia auprès de 3.135 électeurs potentiels. Les résultats
de cette enquête, publiés vendredi par le journal Siglo XXI,
donnent par contre Alvaro Colom vainqueur au premier tour avec un score
de 34,7%, contre 26,8% à Pérez Molina.
Tant Demoscopia que Vox Latina situent Rigoberta Menchu en 6e position parmi
les 14 candidats, avec à peine plus de 3% des suffrages. Prix Nobel
de la Paix 1992 "en reconnaissance de son travail pour la justice sociale
et la réconciliation ethno-culturelle fondées sur le respect
pour les droits des peuples autochtones", Rigoberta Menchu est à la
fois première femme et premier membre de l'importante communauté
autochtone maya à se présenter à la présidence
du Guatemala. Elle est la candidate du parti de centre gauche Rencontre pour
le Guatemala (EG, Encuentro por Guatemala).
Son faible impact apparent sur ses compatriotes, à l'opposé
de sa grande audience parmi les indigénistes onusiens et européens,
s'explique par de multiples facteurs soulignés par divers sociologues
latino-américains: faible appui financier interne conjugué
à l'interdiction légale d'un appui électoral international;
propositions politiques modérées de centre gauche offrant un
"Etat multiethnique" trop flou pour mobiliser en masse les autochtones; style
de communication peu performant; tabous racistes des blancs et métis;
machisme ancestral des Amérindiens; désunion entre les 21 ethnies
mayas du Guatemala; insuffisance de relais et appuis sociaux, en particulier
syndicaux.
En Bolivie, par contre, le président amérindien Evo Morales
(un homme...) a bénéficié de l'appui conjugué
des Aymaras et des Quechuas, les deux principales ethnies de ce pays andin,
dont la population autochtone est moins fragmentée qu'au Guatemala.
L'accès d'Evo Morales à la présidence fut en outre déblayé
par des années de lutte syndicale à la tête des cocaleros
(producteurs de la feuille de coca) et par l'appui des coopératives
de mineurs, véritables troupes de choc maniant la dynamite lors de
manifestations qui firent tomber deux présidents avant l'élection
de Morales.
"Nous ne pouvons pas laisser le pays aux mains d'un militaire. Je vous en
prie, j'ai déjà eu l'expérience de cette triste histoire"
prévient Rigoberta Menchu en se référant à Otto
Pérez Molina. Elle prétend que l'ancien général,
qui signa en 1996 les accords de paix au nom de l'armée, devrait être
poursuivi pour violations de droits humains lors de la guerre civile contre des guérillas
d'extrême gauche. Parmi les conflits qui déchirèrent
l'Amérique centrale pendant la seconde moitié du 20e siècle,
celui du Guatemala fut, de 1960 à 1996, le plus meurtrier avec
un bilan de 200.000 morts et 60.000 disparus. Les Mayas ont fourni la majorité
des victimes.
La "main dure" [slogan de Pérez Molina] a déjà gouverné
longtemps le pays et "elle est responsable de massacres" surenchérissait
Alvaro Colom mercredi lors d'une conférence de presse. Le candidat
social-démocrate est pour sa part accusé par ses adversaires,
y compris Rigoberta Menchu, d'utilisation frauduleuse de deniers publics.
Le vainqueur de l'élection présidentielle succédera
en janvier 2008 au conservateur Oscar Berger. Les 158 députés
du Congrès monocaméral et les édiles des 332 municipalités
du Guatemala seront élus également le 9 septembre. Une violence
extrême a marqué la campagne électorale. Quarante-neuf candidats
ou militants de tous les horizons politiques ont été assassinés
et 21 autres blessés depuis le 2 mai, date de la convocation des élections
générales.
La criminalité commune, liée notamment aux bandes de jeunes
(les maras) et au narcotrafic, a fait officiellement 18.585 morts depuis le début
de l'actuelle législature, en janvier 2004. Cela a donné des
ailes à la "main dure" promise par Otto Pérez Molina. Il prône
le rétablissement de la peine de mort et n'exclut pas de confier à
l'armée des fonctions de police. Et répliquant à Rigoberta
Menchu qui lui impute des crimes contre l'humanité, l'ancien général
la met au défi de saisir la justice sur la base d'accusations précises.
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