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RETOUR DE ZELAYA, AMNISTIE ET ÉLECTIONS ANTICIPÉES
Honduras : les 7 points du plan Arias pour résoudre le conflit

SAN JOSÉ, dimanche 19 juillet 2009 (LatinReporters.com) - Le rétablissement conditionnel de Manuel Zelaya à la présidence du Honduras, qu'expulsait du pays le 28 juin l'armée soutenue par la justice et le Congrès (Parlement), ainsi qu'une amnistie et des élections anticipées au 25 octobre structurent le plan en sept points (voir au bas de l'article) proposé le 18 juillet par le social-démocrate Oscar Arias, président du Costa Rica, pour résoudre le conflit hondurien.

Le président du Costa Rica, Oscar Arias (au centre), lors d'une réunion de médiation entre délégués de Manuel Zelaya, président hondurien en exil, et de Roberto Micheletti, président de facto du Honduras. (San José de Costa Rica, 18 juillet 2009, photo Presidencia de la República)
Prix Nobel de la Paix 1987 pour sa contribution à la pacification de l'Amérique centrale, meurtrie par des guerres civiles idéologiques à l'époque de la guerre froide, Oscar Arias est soutenu dans son rôle de médiateur par les Etats-Unis, l'Union européenne, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, et le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains, José Miguel Insulza.

Par contre, au sein de la gauche radicale latino-américaine, les présidents Hugo Chavez (Venezuela), Daniel Ortega (Nicaragua), Evo Morales (Bolivie) et Rafael Correa (Equateur) critiquent durement la médiation d'Oscar Arias. Ils jugent non négociable le rétablissement de la légalité au Honduras après le coup d'Etat du 28 juin, qualifié comme tel par la communauté internationale, unanime à le condamner.

Grand propriétaire terrien et magnat de l'industrie du bois, élu en 2005 président du Honduras comme candidat du Parti libéral (droite), Manuel Zelaya avait surpris en ralliant ensuite le camp de la gauche antiaméricaine. Il concrétisait ce virage en signant en août 2008 l'adhésion du Honduras à l'Alternative [aujourd'hui Alliance; ndlr] bolivarienne pour les Amériques, l'ALBA, qui englobe actuellement le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, l'Equateur, le Honduras, la Dominique, Antigua-et-Barbuda, ainsi que Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

Hugo Chavez coordonna le 5 juillet dernier une tentative avortée de retour au Honduras de Manuel Zelaya dans un avion vénézuélien. Utilisant même le mot "guerre", le président Chavez mise explicitement sur "l'insurrection du peuple", à laquelle appelle aussi Manuel Zelaya, pour renverser Roberto Micheletti, élu au soir du 28 juin nouveau chef de l'Etat hondurien par le Congrès qu'il présidait jusqu'alors.

Mais sans le renfort éventuel de contingents d'activistes que pourraient dépêcher clandestinement le Salvador, le Guatemala et surtout le Nicaragua, trois pays gouvernés à gauche frontaliers du Honduras, et malgré les manifestations médiatiques de milliers de sympathisants de Manuel Zelaya, il n'est guère aisé de soulever la majorité des 7,3 millions de Honduriens au nom d'un socialisme révolutionnaire. Explication: en 2005, à la dernière élection présidentielle, 96% (bien 96%) des votes valables se répartirent en moitiés quasi égales entre les candidats des deux grands partis de droite dont sont issus les présidents du Honduras depuis des décennies, le Parti National et le Parti Libéral de Manuel Zelaya et Roberto Micheletti. Cinq candidats s'affrontaient pourtant à la présidentielle, qui se joue à tour unique.

Aussi inacceptable que maladroit, le coup d'Etat du 28 juin empêcha ce jour-là une consultation populaire par laquelle Manuel Zelaya voulait ouvrir la voie par étapes à une révision de la Constitution pour y introduire notamment la réélection présidentielle, strictement prohibée, et favoriser peut-être ainsi la sienne propre. La Cour suprême de justice, le Parquet de la République, le Tribunal suprême électoral et le Congrès du Honduras avaient déclaré illégale cette consultation et l'armée refusait en conséquence de participer à son organisation. Mépriser ces institutions et s'arroger leurs prérogatives en prétendant faire passer en force sa consultation fut de la part de Manuel Zelaya, désavoué même par son propre parti, un abus de pouvoir multiple et manifeste. Le coup d'Etat, plus expéditif qu'une destitution constitutionnelle du Président, fut un abus plus grave encore.

LE PLAN ARIAS

C'est dans ce panorama que les délégués de Manuel Zelaya et de Roberto Micheletti sont appelés à se prononcer à San José, capitale du Costa Rica, sur ce plan de conciliation en sept points que leur propose et qu'a résumé en ces termes devant la presse le président costaricain Oscar Arias (les mots entre guillemets sont exactement ceux prononcés par le président Arias):

1. Rétablissement de Manuel Zelaya à la présidence de la République du Honduras, "charge qu'il assumera jusqu'à la fin de la période constitutionnelle pour laquelle il fut élu et qui se termine le 27 janvier de l'année prochaine, date à laquelle il remettra le pouvoir au candidat désigné librement et démocratiquement par le peuple lors d'élections supervisées et reconnues par la communauté internationale". [NDLR - Le retour et rétablissement à la tête du pays du président déposé est la concession essentielle, et la plus difficile à obtenir, exigée du gouvernement de Roberto Micheletti issu du coup d'Etat].

2. Formation d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, composé de représentants des principaux partis politiques.

3. Amnistie générale concernant exclusivement tous les délits politiques commis dans le cadre du conflit en cours, avant et après le 28 juin dernier. [NDLR - Ce serait une concession réciproque. Manuel Zelaya ne chercherait pas à traduire en justice les putschistes et ces derniers, parmi lesquels figurent tout de même l'ensemble du pouvoir judiciaire et la quasi totalité des députés du Congrès, ne poursuivraient pas Manuel Zelaya pour décisions anticonstitutionnelles et abus de pouvoir antérieurs au coup d'Etat du 28 juin].

4. "Renoncement explicite du président Zelaya et de son gouvernement à la prétention de placer une ‘quatrième urne’ aux prochaines élections ou de réaliser toute consultation populaire non autorisée expressément par la Constitution de la République du Honduras". [NDLR - Pour Manuel Zelaya et ses alliés latino-américains de la gauche radicale, cette condition est dure. Elle rendrait impossible à court terme un changement de régime par la voie d'une Assemblée constituante, voie suivie par le Venezuela, la Bolivie et l'Equateur. Manuel Zelaya voulait ajouter aux prochaines élections générales, à la fois présidentielle, législatives et municipales, une "quatrième urne" pour dire oui ou non à la convocation d'une Assemblée constituante. La première étape de cette prétention extraconstitutionnelle, une consultation populaire tout aussi extraconstitutionnelle fixée au 28 juin par Manuel Zelaya pour autoriser ou non la "quatrième urne" aux élections générales de novembre, fut le détonateur du coup d'Etat].

5. Anticipation au 25 octobre, dernier dimanche du mois, des élections générales (présidentielle, législatives et municipales) prévues avant le conflit pour le 29 novembre et ouverture dès les premiers jours d'août de la campagne électorale prévue initialement pour septembre.

6. "Transfert du commandement des forces armées du pouvoir exécutif au Tribunal suprême électoral un mois avant les élections afin de garantir la transparence et la normalité du scrutin, conformément aux termes de la Constitution de la République du Honduras".

7. "Commission de vérification composée de notables Honduriens et de membres d'organismes internationaux, spécialement de représentants de l'Organisation des États Américains, pour surveiller l'accomplissement de ces accords et superviser le retour correct à l'ordre constitutionnel".

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LA MÉDIATION DU
COSTA RICA ÉCHOUE

Zelaya annonce le
début de "l'insurrection"

SAN JOSÉ, lundi 20 juillet 2009 (LatinReporters) - Rejetant à nouveau dimanche soir le retour au pouvoir du président destitué Manuel Zelaya, le gouvernement de facto du Honduras a fait échouer la médiation menée à San José du Costa Rica par le président costaricain Oscar Arias pour résoudre le conflit engendré par le coup d'Etat du 28 juin à Tegucigalpa.

Réclamé unanimement par la communauté internationale, le retour de Manuel Zelaya à la présidence du Honduras était le premier des sept points du plan Arias, qui prévoyait aussi l'amnistie, la formation d'un gouvernement d'union nationale et des élections anticipées (voir article ci-contre).

La proposition du rétablissement de Manuel Zelaya à la présidence "est une ingérence manifeste dans les affaires internes du Honduras et une dénaturation lamentable de la médiation" a affirmé Carlos Lopez, ministre des Affaires étrangères hondurien du gouvernement de facto de Tegucigalpa  et chef de sa délégation à San José.

Au Nicaragua, le président hondurien en exil Manuel Zelaya a réagi en déclarant "épuisé" le dialogue pour résoudre la crise dans son pays. Annonçant à nouveau son prochain retour au Honduras, il a averti du début d'une "insurrection" à laquelle il a déjà appelé plusieurs fois les Honduriens. Il a prié aussi la communauté internationale, en particulier les Etats-Unis, de "durcir" les représailles diplomatiques et commerciales contre le gouvernement de Roberto Micheletti, président de facto du Honduras depuis le coup d'Etat du 28 juin.

Se refusant de croire à un échec définitif, le président costaricain Oscar Arias a affirmé dimanche soir vouloir "prendre 72 heures pour continuer à travailler, cette fois d'une manière plus serrée, pour voir si nous pouvons réellement parvenir à un accord entre les parties en conflit". Selon le président Arias, il s'agit d'éviter "une guerre civile et un bain de sang" au Honduras.
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