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TRANSFÈREMENT VERS LA FRANCE REFUSÉ
"Florence Cassez purgera au Mexique 60 ans de prison" (président Calderon, déclaration intégrale)
MEXICO, mardi 23 juin 2009 (LatinReporters.com) - Le couperet est tombé.
"Florence Cassez purgera au Mexique sa peine de 60 ans de prison" a
annoncé lundi à la presse dans sa résidence officielle
le président mexicain Felipe Calderon. Arrêtée en décembre
2005 et condamnée pour complicité d'enlèvements qu'elle nie, la
Française, âgée de 34 ans, ne sera donc pas transférée en
France comme l'avait sollicité le président Nicolas Sarkozy.
Raison: "le gouvernement français s'est réservé la compétence
de décider de la suspension ou de la réduction de la peine"
après un éventuel transfèrement, a précisé
Felipe Calderon, qui veut l'exécution complète de la sentence.
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"Calderon dit non à la Cassez" titre à la une le 23 juin 2009 le quotidien mexicain de gauche La Jornada. |
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Radio-télévisée, la déclaration présidentielle
avait l'allure d'un message à la nation moins de deux semaines avant
les élections législatives partielles du 5 juillet. A cause de la vague d'enlèvements
et de violence meurtrière dont souffre le Mexique, mais aussi par réaction nationaliste aux
pressions françaises trop voyantes, l'opinion
publique mexicaine est largement hostile à un transfèrement
de Florence Cassez vers la France.
LatinReporters.com traduit l'intégralité du texte original
de cette ultime déclaration du président mexicain sur l'affaire
Cassez (les intertitres ont été ajoutés par notre rédaction):
"Bonjour Mesdames et Messieurs les représentants des médias.
Je vous remercie beaucoup de votre présence cet après-midi.
J'ai une annonce importante à faire aux Mexicains.
Le gouvernement de la République a abouti à la conclusion de
l'inexistence des conditions d'octroi de son consentement au transfèrement,
auquel se réfère la Convention de Strasbourg, de la citoyenne
Florence Cassez vers la France, son pays d'origine.
En conséquence, Florence Cassez purgera au Mexique sa peine
de 60 ans de prison pour les crimes commis au préjudice de diverses
personnes dans notre pays.
Comme vous le savez, Florence Cassez fut arrêtée, jugée
conformément à la loi et condamnée, en première
et seconde instances, pour les délits de privation illégale
de liberté, sous forme d'enlèvement, de criminalité
organisée, ainsi que pour port et possession d'armes dont l'usage
est réservé exclusivement aux forces armées.
La sentence dictée par les tribunaux mexicains fut de 70 ans de prison,
dont elle en purgera 60, durée maximale de réclusion prévue
par la loi. Elle assumera aussi la responsabilité de la réparation
des dommages correspondants.
Madame Cassez a pu recourir à tous les moyens de défense que
la législation mexicaine et la Constitution octroient à toute
personne dans une situation similaire.
Dans le plein exercice de ses droits, elle a fait appel des sentences et
accords divers devant les tribunaux qui, sur la base des preuves et évidences
présentées, ont conclu à sa culpabilité.
Convention de Strasbourg et rejet de la position de la France
En tant que citoyenne d'une autre nationalité, Florence Cassez a aussi
exercé son droit à solliciter l'aide du gouvernement de son
pays, la France. Ainsi, en mars, fut accordée la création d'une
commission binationale Mexique-France pour examiner la possibilité
d'appliquer la Convention du Conseil de l'Europe sur le transfèrement
des personnes condamnées, connue dans ce cas sous le nom de Convention
de Strasbourg.
En vertu de cette Convention, à laquelle le Mexique adhéra
en 2007, les citoyens des pays signataires peuvent être transférés
vers leur pays d'origine pour y purger les peines auxquelles ils ont été
condamnés par des tribunaux d'autres nations.
Pour ce faire, il est nécessaire que les deux nations soient d'accord
sur ce transfèrement et, par conséquent, que chacune exprime
son consentement. Dans le cas présent, le gouvernement français
considérait que la Convention permettrait à Florence Cassez
de purger sa peine en France si le gouvernement mexicain y consentait.
Toutefois, le gouvernement français s'est aussi réservé
la compétence de décider de la suspension ou de la réduction
de la peine ou des moyens de son application.
Cela ouvrait la possibilité que Florence Cassez n'accomplisse pas
sa peine conformément à la sentence dictée par les autorités
judiciaires mexicaines ou qu'elle le fasse pendant une période significativement
réduite.
Pour le Mexique, c'est inacceptable. Le gouvernement mexicain a le devoir,
auquel il ne peut renoncer, de veiller à ce que la peine imposée
par un juge soit accomplie à chaque instant. Le cas de Madame Florence
Cassez ne peut pas être une exception.
Aussi la délégation mexicaine à la Commission binationale
Mexique-France a-t-elle conclu à l'inexistence des conditions devant
assurer que la peine imposée par les tribunaux mexicains soit accomplie
intégralement en France, ce qui rend impossible le consentement mexicain
à un accord bilatéral volontaire dans le cadre de la Convention
de Strasbourg.
Je tiens à signaler que le gouvernement mexicain a la volonté
de respecter scrupuleusement les obligations internationales découlant
de traités, conformément à la Constitution et aux décisions
judiciaires qui s'en prévalent.
C'est pour cela que la délégation mexicaine a examiné
tous les aspects relatifs à l'éventuelle application de la
Convention de Strasbourg au cas de Madame Cassez.
Néanmoins, il est utile de souligner que la Convention n'impose nullement
à l'Etat requis d'accepter une demande de transfèrement. Notre
administration a envers la légalité un engagement inébranlable.
Non à l'impunité
Comme jamais auparavant, nous avons entrepris une lutte frontale contre la
délinquance organisée et en particulier contre les crimes graves
qui frappent la société mexicaine, tel l'enlèvement.
Ce crime odieux, non seulement affecte en permanence la personne qui le souffre,
mais lacère aussi les familles et les communautés, les condamnant
à vivre dans l'angoisse et l'incertitude que signifie la disparition
d'un être cher.
Nous ne pouvons pas permettre qu'à cette douleur et à ce désespoir
s'ajoutent l'indignation et l'impuissance résultant de l'impunité
des criminels.
En conséquence, le gouvernement fédéral est déterminé
à ce que justice soit rendue aux victimes d'enlèvements et
à leur famille.
Nous luttons pour briser le cercle vicieux de l'impunité, de la peur,
de la répétition de crimes et à nouveau de l'impunité
qui a permis que des bandes de ravisseurs se développent dans notre
pays et portent atteinte à la société.
Qu'il soit clair que personne au Mexique, quels que soient son statut social,
économique ou sa nationalité, ne peut se soustraire à
l'application de la loi. La loi est la même pour tous et celui qui
la viole doit en payer les conséquences, quelles que soient ses croyances,
ses affinités politiques ou sa condition sociale et économique
ou sa nationalité.
C'est ce que les Mexicains exigent et c'est l'engagement que nous continuerons
à honorer, dans les faits, chaque jour de notre mandat.
Merci beaucoup pour votre attention."
(Fin de la déclaration du président mexicain Felipe Calderon,
faite à la presse le lundi 22 juin 2009 dans sa résidence officielle
de Los Pinos)
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"Soixante ans au Mexique, pour moi, c'est la mort."
C'est ce qu'a déclaré Florence Cassez, le 23 juin depuis sa prison
au Mexique. Elle se dit "anéantie" après l'annonce par le président
Felipe Calderon du refus de la transférer en France.
La Française, détenue depuis décembre 2005 et qui a toujours affirmé
être innocente, a été condamnée pour son implication
supposée dans des enlèvements avec son ex-compagnon mexicain Israel
Vallarta.
Son avocat, Me Franck Berton, a demandé "à l'Etat
français de déférer le Mexique devant la Cour internationale
de justice de La Haye". |
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