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L'Amérique latine en mutation
Le Mexique élit son président et la Bolivie son Assemblée constituante
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Andres Manuel Lopez Obrador, candidat présidentiel de la gauche, en campagne à Mexico - Photo www.lopezobrador.org.mx |
MEXICO / LA PAZ, vendredi 30 juin 2006 (LatinReporters.com) - La vague rose-rouge
qui déferle sur l'Amérique latine va peut-être atteindre
la frontière sud des Etats-Unis lors des élections présidentielle
et législatives du 2 juillet au Mexique. La Bolivie, elle, élit
le même jour l'Assemblée constituante appelée à
rédiger une nouvelle Charte suprême qui pourrait codifier la révolution
du président amérindien Evo Morales.
Le duel entre la gauche et la droite est vif dans les deux pays. Avec 34%
des intentions de vote dans les derniers sondages, le conservateur mexicain
Felipe Calderon, candidat du Parti de l'Action nationale (PAN) du président
sortant Vicente Fox, est légèrement devancé par les
36% octroyés au charismatique ex-maire de Mexico, Andres Manuel Lopez
Obrador, surnommé en abrégé Amlo. Trois autres candidats sont
largement distancés dans les sondages.
Il n'y a pas de second tour au Mexique et le candidat qui obtiendra dimanche
le pourcentage le plus élevé, fût-il inférieur
à 50% des votes, sera élu président pour un mandat de six ans non renouvelable.
Une victoire de Lopez Obrador et de son Parti de la Révolution démocratique
(PRD) serait le premier triomphe de la gauche de l'histoire du Mexique, à
condition de considérer que, même à ses origines, le
Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui monopolisa le pouvoir
durant 71 ans (1929-2000), n'était qu'un populisme nationaliste à vocation
dictatoriale.
Mais la même accusation est lancée aujourd'hui par le patronat
et par Felipe Calderon contre Lopez Obrador, présenté par ses
adversaires comme la version mexicaine du président vénézuélien
Hugo Chavez.
"Nous allons réviser le TLC (Traité de libre commerce avec
les Etats-Unis et le Canada) afin de n'être pas envahis par les haricots
et le maïs venus de l'extérieur" clamait dans ses meetings de
campagne Lopez Obrador. Il se dit le candidat des pauvres, qui totalisent 40% des
105 millions de Mexicains. Le dixième de la population est amérindienne.
Les analystes estiment néanmoins que la vision politique de Lopez
Obrador l'apparenterait à la gauche modérée de la présidente
socialiste chilienne Michelle Bachelet et du président brésilien
Luiz Inacio Lula da Silva. Le sous-commandant Marcos, chef de la rébellion
zapatiste pratiquement oubliée dans la campagne électorale,
a accusé le candidat du PRD d'avoir "négligé et trahi
les peuples indigènes".
Sur les 40 millions d'Hispano-Américains qui vivent aux Etats-Unis,
dont quelque 12 millions de clandestins, environ 60% sont d'origine mexicaine.
Leurs "remesas" (transferts d'argent), 20 milliards de dollars en
2005 vers le Mexique, contribuent à faire de ce pays la première puissance
économique d'Amérique latine, à égalité
ou même avant le Brésil selon les années considérées.
Les "remesas" sont pour le Mexique la deuxième source de devises, après les
exportations de l'entreprise publique Petroleos Mexicanos (PEMEX), qui ont atteint 28 milliards de
dollars l'an dernier. (Le pétrole mexicain est nationalisé depuis 1938).
Les Etats-Unis absorbent en outre 88% des exportations mexicaines. Ces
réalités inciteraient Lopez Obrador à composer
avec le grand voisin du Nord.
Bolivie: Assemblée constituante et référendum
sur l'autonomie régionale
Les Boliviens, eux, sont appelés à élire les 255 membres
d'une Assemblée constituante. A partir d'août et pendant plusieurs
mois, elle rédigera une nouvelle Constitution. La première,
estime le président Evo Morales, qui rendra les Amérindiens,
soit 60% des 9 millions de Boliviens, maîtres de leur destin.
Le chef de l'Etat espère que les candidats de son Mouvement vers le
socialisme (MAS) surpasseront les 53,7% obtenus lors de son triomphe à
l'élection présidentielle de décembre 2005.
Il y va de la mesure de sa popularité et, surtout, de la possibilité
d'instaurer dans la prochaine Charte fondamentale, qui doit être approuvée à
la majorité des deux tiers, une démocratie qu'Evo
Morales voudrait "plurielle, participative, communautaire et représentative,
basée sur la diversité des peuples et éliminant toute
forme de colonialisme, ségrégation ou discrimination".
Selon le projet constitutionnel d'Evo Morales et du MAS, les peuples indigènes
ont droit à "la reconnaissance de leurs systèmes politiques
et de conformation de leurs autorités", ainsi qu'à la gestion
de leurs ressources collectives "conformément à leurs propres
traditions et coutumes". Dans ce cadre, indique le même projet,
"la feuille de coca fait partie des traditions culturelles et sera protégée
par l'Etat", la Bolivie devant toutefois "condamner le narcotrafic sous toutes
ses formes et manifestations".
A droite, Jorge Quiroga, leader du Pouvoir démocratique et social
(Podemos, 27% à la présidentielle de décembre) a axé
sa campagne pour ses candidats à l'Assemblée constituante sur
une critique virulente du "danger communiste" qu'impliquerait l'interventionnisme
cubain et vénézuélien dans l'économie et la société
boliviennes.
Parallèlement à l'élection des membres d'une Assemblée
constituante, un référendum, hérité d'engagements
de la législature précédente sous la pression de la
région de Santa Cruz, permet aux neuf départements boliviens
de dire oui ou non, dimanche, à une autonomie régionale dont
la véritable portée sera définie par la prochaine Constitution.
Pour faire contrepoids au pouvoir national d'Evo Morales, Jorge Quiroga a
fait campagne pour le oui, qui pourrait l'emporter dans des départements
orientaux, les plus riches en hydrocarbures (nationalisés le 1er mai). Evo Morales, lui,
prône le non.
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