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Brésil, Uruguay, Colombie, Guatemala et Mexique reçoivent le président des Etats-Unis
Bush en Amérique latine: biocarburants avec Lula pour freiner Chavez
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Le président brésilien Lula (à gauche) et George W. Bush, le 6 novembre 2005 à Brasilia: entente cordiale. White House photo by Paul Morse | |
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WASHINGTON - BRASILIA, lundi 5 mars 2007 (LatinReporters.com) - La création
d'un axe Washington - Brasilia pour la production et la commercialisation de
biocarburants est aux yeux de George W. Bush un objectif stratégique
de la tournée qui conduira, du 8 au 14 mars, le président
des Etats-Unis au Brésil, en Uruguay, en Colombie, au Guatemala et
au Mexique.
Tom Shannon, secrétaire d'Etat adjoint
chargé des Amériques, et l'ambassadeur brésilien auprès
de la Maison Blanche, Antonio Patriota, annonçaient la semaine dernière
à Washington la création d'un Forum international des biocombustibles
incluant les Etats-Unis, le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Afrique du
Sud et l'Union européenne. En principe pendant un an, le Forum sera
un lieu d'échange d'informations et d'expériences. Il se penchera
sur l'élaboration de standards internationaux pour l'utilisation
de biocombustibles comme énergie de substitution partielle du pétrole.
L'ampleur planétaire de cette initiative empêche de la considérer
comme visant explicitement à porter préjudice au Venezuela
du président Hugo Chavez, 5e exportateur mondial de pétrole
brut et important fournisseur des Etats-Unis, quoique ce préjudice
sera l'un des effets probable du Forum.
En plus de la coopération américano-brésilienne au
sein de ce Forum, un accord bilatéral sur la recherche et le développement
de biocarburants sera au menu de la rencontre, le 9 mars à Sao Paulo,
entre George W. Bush et Luiz Inacio Lula da Silva, le président du
Brésil. "Les Etats-Unis et le Brésil sont complémentaires,
car le Brésil produit de l'éthanol à partir de la canne
à sucre et nous autres à partir du maïs" explique Tom
Shannon.
Le Brésil est le premier exportateur mondial d'éthanol et le second producteur
derrière les Etats-Unis. L'éthanol brésilien présente un double
avantage. D'abord, son prix de revient n'est, selon la Banque mondiale, que
de 0,83 dollar le gallon (3,78 litres) contre 1,09 dollar aux Etats-Unis.
Ensuite, provenant de la canne à sucre, il ne provoque pas dans la
chaîne alimentaire la forte inflation consécutive au détournement
du maïs vers l'élaboration de biocarburants. (Alarme sociale
au Mexique après le doublement du prix de la tortilla, aliment de
base, dû au renchérissement du maïs américain importé,
cette hausse de prix s'expliquant par les quantités croissantes de
maïs utilisées par les producteurs d'éthanol).
La production d'éthanol du Brésil et des Etats-Unis totalise
72% de la production mondiale. Washington et Brasilia pourraient appuyer
l'étude et/ou le développement de la production d'éthanol
dans plusieurs pays latino-américains.
Quant au biodiesel, produit à partir d'oléagineux (colza,
soja, tournesol), il attire des centaines de millions de dollars d'investissements
tant au Brésil qu'en Argentine. Les Etats-Unis n'excluent pas que
l'axe Washington - Brasilia des biocarburants puisse être renforcé
par Buenos Aires.
Mais pour le président Bush, la priorité actuelle est l'éthanol.
Au point que son frère, Jeb Bush, atterrira à son tour fin
mars à Sao Paulo pour nouer des accords bioénergétiques.
Jeb Bush préside l'Interamerican Ethanol Commission, co-présidée
par le Brésilien Roberto Rodrigues, ex-ministre de l'Agriculture,
et par le Colombien Luis Alberto Moreno, président de la Banque interaméricaine
de développement (BID).
Lors de sa tournée latino-américaine, George W. Bush proposera
à l'Uruguay aussi de devenir l'un des fournisseurs des Etats-Unis
en biocarburants. Malgré l'appartenance de l'Uruguay au Mercosur (marché
commun sud-américain), Montevideo et Washington ont signé récemment
un accord cadre de commerce et d'investissements, qui n'a toutefois pas la
portée d'un traité de libre-échange.
Le Brésil de Luiz Inacio Lula da Silva et l'Uruguay de Tabaré
Vazquez représentent, avec le Chili de Michelle Bachelet, le
camp dit modéré au sein de la nouvelle gauche latino-américaine.
Le président vénézuélien Hugo Chavez, pro-castriste
et viscéralement anti-Bush, apprécie peu le renforcement des
liens de ces pays avec Washington. Chavez fera de la contre-programmation,
se faisant recevoir par l'Argentin Nestor Kirchner, puis par le Bolivien
Evo Morales pendant que George W. Bush sera au Brésil et en Uruguay.
Des rassemblements antiaméricains sont prévus dans les cinq
pays que visitera le président Bush. Au-delà de ces manifestations et
de l'impopulaire George W. Bush lui-même, qui abandonnera la Maison Blanche dans
moins de deux ans, l'essentiel pour Washington sera à la fois de préparer
une réduction de l'influence des Etats pétroliers et de conforter
le Brésil, gouverné par une gauche "acceptable", dans son rôle
quasi naturel, vu sa superficie et ses 190 millions d'habitants, de leader
du sous-continent latino-américain. Cette double ambition s'oppose
nécessairement à l'expansionnisme, facilité par la manne
pétrolière, de l'idéologie radicale d'Hugo Chavez.
Les négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (cycle
de Doha) pour approfondir la libéralisation des échanges, l'après-Castro
à Cuba, la lutte contre la production et le trafic de drogue, l'aide
militaire à la Colombie secouée par la guérilla et par
le scandale des liens entre parlementaires et paramilitaires, les risques
régionaux liés au réarmement intensif du Venezuela,
les élections du 9 septembre prochain au Guatemala, où l'Indienne
et prix Nobel de la Paix Rigoberta Menchu pourrait conquérir la présidence
et renforcer la gauche continentale, la stabilité du président
conservateur mexicain Felipe Calderon face à la gauche qui conteste
sa légitimité et, certes, l'immigration sont les autres dossiers
que le président Bush ouvrira au cours de son périple.
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