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Le directeur de LatinReporters.com au Nouvel Observateur :
"Ingrid Betancourt libérée au Venezuela? Je ne peux pas y croire"
PARIS-MADRID, mercredi 8 août 2007 (LatinReporters.com) - A propos
d'une éventuelle libération prochaine au Venezuela de la Franco-Colombienne
Ingrid Betancourt, otage depuis février 2002 de la guérilla
marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires
de Colombie), le directeur de LatinReporters.com explique pourquoi il ne
peut pas y croire.
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Ingrid Betancourt sur une vidéo diffusée le 30 août 2003. Réalisée par les FARC, cette vidéo est la dernière preuve de vie non contestée de la Franco-Colombienne - Vidéo-photo Noticias Uno |
Selon la journaliste vénézuélienne Patricia Poleo, dont
l'information dans le journal El Nuevo Pais a été reprise par plusieurs médias, Ingrid Betancourt, ex-candidate à la présidence de la Colombie, serait en train d'être
libérée et serait accueillie prochainement par le président
vénézuélien Hugo Chavez, qui remettrait la célèbre otage au gouvernement français.
Au siège madrilène de LatinReporters.com, site spécialisé
sur l'Espagne et l'Amérique latine, son directeur, Christian Galloy, a répondu par téléphone aux questions sur cette information posées de Paris par Le Nouvel Observateur. Retranscription de ce dialogue tel que publié sur
NOUVELOBS.COM :
BETANCOURT
"Je ne peux pas y croire"
NOUVELOBS.COM | 07.08.2007 | 16:07
Quelle crédibilité accorder à l'annonce de la future
libération d'Ingrid Betancourt, parue dans le journal vénézuélien
El Nuevo Paìs?
- J'aurais souhaité que cette information soit vraie, mais je ne peux
pas y croire. D'abord, la journaliste vénézuélienne
qui a lancé l'affaire, Patricia Poleo, s'en tient trop au scénario
des infirmières bulgares: l'intervention du président vénézuélien
Hugo Chavez devant, selon elle, permettre la reprise des ventes d'armes entre
France et Venezuela, et Cécilia Sarkozy se rendant au Venezuela pour
aller chercher Ingrid Betancourt… Cela fait beaucoup de similitudes curieuses.
Ensuite, si seules Ingrid Betancourt et sa directrice de campagne Clara Rojas
étaient libérées, je vois d'ici les titres de la presse
française le lendemain: "Et les autres?". C'est impensable politiquement
pour Nicolas Sarkozy. Il ne pourrait pas assumer d'obtenir la seule libération
de deux otages.
Enfin, je ne m'imagine pas les Farc se débarrassant de leur seul trésor
véritable au profit de Chavez, eux-mêmes n'obtenant ni zones
démilitarisées, ni show médiatique qui serait une reconnaissance
implicite ou explicite d'un statut international.
Comment se situe le journal El Nuevo Paìs dans les médias
vénézuéliens?
- D'après mes collègues de Bogota et de Caracas, le journal
ne jouit pas d'une très grande crédibilité. D'ailleurs
le président vénézuélien Hugo Chavez, interrogé
hier soir sur cette affaire, a déclaré n'être au courant
de rien. Donc, sincèrement, je n'y crois pas. Je n'en ai pas parlé
non plus sur mon site.
Il y a tout de même des détails ahurissants dans cet article:
Ingrid Betancourt serait retenue en territoire vénézuélien,
dans une hacienda appartenant à un chef de la guérilla, et
protégée par 300 guérilléros Farc! Je me demande
si, avec cette histoire, on ne cherche pas surtout à discréditer
Chavez. Patricia Poleo, la journaliste, est exilée à Miami.
Mais il faut rester prudent: dans l'affaire Montesinos (Vladimiro Montesinos
Torres, chef du Service national de renseignements péruvien de 1990
à 2000, aurait été un ancien agent de la CIA impliqué
dans un trafic d'armes avec les FARC, NDLR), il y a quelques années,
c'est cette même Patricia Poleo qui avait révélé
la fuite de Montesinos au Venezuela, et elle avait raison. C'est à
mettre à son crédit.
Quoi qu'il en soit, si ça se passait vraiment comme elle l'a dit,
ce ne serait bon ni pour Sarkozy, ni pour Chavez, qui serait officiellement
reconnu comme soutien des Farc.
L'arrivée d'un nouvel interlocuteur, avec l'élection de
Nicolas Sarkozy, peut-elle avoir un impact positif? Comment le président
français est-il perçu en Amérique latine?
- Je crois que Nicolas Sarkozy risque d'être victime de lui-même:
les Farc utiliseront sa soif de notoriété. Ils jouent avec
le temps, puisqu'ils sont là depuis 43 ans, alors que le temps est
précieux pour le président français, tributaire des
élections. Les Farc essaieront donc de profiter de Sarkozy. Quant
à l'Amérique latine, encore très dépendante de
l'agriculture, elle s'intéresse surtout aux négociations qui
se tiennent à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Et sur ce
point, Nicolas Sarkozy n'est pas très populaire. Le soir même
de son élection, il a prononcé des phrases tendant à
penser qu'il allait maintenir les positions dures de la France au niveau
agricole. Vue du Brésil, le leader de l'Amérique latine, la
position de la France n'est donc pas très appréciée.
Propos recueillis par Esther Delord
Le mardi 7 août 2007
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