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Chavez abrite des guérilleros colombiens selon Bogota
L'attaque par la Colombie de camps des FARC au Venezuela est-elle imaginable?

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Camp de la guérilla des FARC attaqué le 1er mars 2008 par l'armée colombienne au nord de l'Equateur. Vingt-cinq morts, dont le nº2 des FARC, Raul Reyes. "Faire cela au Venezuela serait un casus belli" prévenait Hugo Chavez.
Photo radiosantafe.com

par Christian GALLOY

MADRID, dimanche 18 juillet 2010 (LatinReporters.com) - A trois semaines de l'investiture de son dauphin, le conservateur Juan Manuel Santos, élu le 20 juin sur le score historique de 69% des voix, le toujours populaire président sortant de la Colombie, Alvaro Uribe, a avivé la tension avec le Venezuela en dénonçant le 16 juillet la présence sur son territoire de chefs et de combattants des deux guérillas colombiennes d'extrême gauche, les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et l'ELN (Armée de libération nationale).

L'accusation n'est pas nouvelle, mais elle se produit alors que Juan Manuel Santos a mentionné parmi ses priorités le rétablissement de bonnes relations avec deux voisins conflictuels gouvernés par la gauche radicale, le Venezuela du président Hugo Chavez et l'Equateur de Rafael Correa.

Il est probable qu'Alvaro Uribe ait mis les pieds dans le plat pour déblayer le chemin à son successeur et lui éviter de concentrer sur sa personne la colère prévisible de Hugo Chavez, car il faudra "ouvrir un dialogue [avec le Venezuela] pour résoudre le problème de la présence de terroristes sur le territoire vénézuélien" admet M. Santos. Le président Chavez a informé qu'il n'assisterait pas à son investiture et il a rappelé son ambassadeur à Bogota, accentuant une quasi paralysie diplomatique et commerciale bilatérale imposée par Caracas depuis juillet 2009 en réaction à de précédentes accusations de collusion avec les FARC et à l'accord militaire qui offre depuis l'an dernier aux Etats-Unis l'usage d'au moins sept bases colombiennes.

Longitude 72º32'03"O, latitude 10º40'42"N


"Lorsque je serai président, nous appuierons le droit de la Colombie d'attaquer les terroristes qui cherchent un sanctuaire dans d'autres pays" (sénateur Barack Obama, Miami, 23 mai 2008).

Saisissant d'urgence le Conseil permanent de l'Organisation des Etats américains (OEA), la Colombie devrait y étayer, le 22 juillet à Washington, ses accusations avec des vidéos, des photos prises par satellite et d'autres documents qui, notamment, montreraient en territoire vénézuélien des pistes clandestines pour le transport aérien de la cocaïne, principale source de financement des FARC, et qui situent à la longitude 72º32'03"O et à la latitude 10º40'42"N, soit dans la localité vénézuélienne de Villa del Rosario, à proximité de la frontière colombienne, l'emplacement exact d'un camp permanent de l'actuel numéro deux des FARC, Ivan Marquez (de son vrai nom Luciano Marin Arango). Ce camp et/ou d'autres seront-ils un jour au Venezuela la cible d'une attaque colombienne?

Difficile de répondre, mais un rappel s'impose: "Lorsque je serai président, ... nous appuierons le droit de la Colombie d'attaquer les terroristes qui cherchent un sanctuaire dans d'autres pays et nous ferons en sorte d'élucider tout appui que des pays voisins donnent aux FARC. Ce comportement doit être soumis à la condamnation internationale, à l'isolement régional et, si nécessaire, à de fortes sanctions. On ne peut pas le tolérer". (Discours du sénateur Barack Obama, candidat à la présidence des Etats-Unis, le 23 mai 2008 à Miami).

Prononcées huit mois avant son entrée à la Maison blanche, ces paroles de Barack Obama avalisaient implicitement l'attaque menée le 1er mars 2008 par l'armée colombienne contre un camp des FARC au nord de l'Equateur, pays allié du Venezuela. Le numéro deux des FARC de l'époque, Raul Reyes, et 24 de ses guérilleros ou sympathisants étaient alors tués.

Quelques heures après l'attaque, Hugo Chavez avertissait: "Président Uribe, pensez-y bien, qu'il ne vous arrive pas de faire cela ici, de ce côté. Ce serait extrêmement grave. Ce serait un casus belli, une cause de guerre, [en cas d'] une incursion militaire [colombienne] au Venezuela". Des analystes assimilaient cet avertissement à une reconnaissance involontaire de la présence tolérée de la guérilla des FARC au Venezuela.

Le juge Garzon croit aux ordinateurs de Reyes


Comme Hugo Chavez aujourd'hui, le président équatorien Rafael Correa avait toujours nié l'installation de guérilleros colombiens dans son pays, mais l'attaque elle-même du 1er mars 2008 prouva qu'il se trompait ou qu'il mentait. Trois ordinateurs portables, deux disques durs externes et trois clés USB saisis dans le camp de Raul Reyes furent confiés pour expertise à Interpol, qui en authentifia l'intégrité du contenu (*), mais non nécessairement son exactitude. Il en ressort notamment, selon Bogota, que les FARC auraient apporté 400.000 dollars à la campagne présidentielle de 2006 de Rafael Correa.


Le juge espagnol Eloy Velasco accuse le Venezuela d'appuyer une alliance terroriste entre guérilla colombienne des FARC et séparatistes basques de l'ETA.

Reproduit partiellement par de multiples médias colombiens et internationaux, le contenu des ordinateurs de Raul Reyes dévoilerait aussi, toujours selon l'interprétation de Bogota, des liens politiques, financiers et militaires unissant les FARC à Hugo Chavez. La gravité de ces accusations doit être appréciée en fonction du caractère d'organisation terroriste attribué aux FARC par les 27 pays de l'Union européenne, par les Etats-Unis, par la Colombie et par Interpol.

Parmi ceux qui, contrairement aux présidents Chavez et Correa, prennent au sérieux le contenu des ordinateurs de Raul Reyes figure une personnalité au-dessus de tout soupçon, le célèbre juge espagnol Baltasar Garzon, pionnier de la justice universelle et persécuteur de l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, ainsi que d'autres ex-tyrans et tortionnaires latino-américains. Sur la base des données de ces ordinateurs ramenés de l'attaque en Equateur, le juge Garzon inculpa, le 27 juillet 2008 à Madrid, l'Espagnole Maria Remedios Garcia Albert "d'intégration ou collaboration avec organisation terroriste" en sa condition présumée de "représentante en Espagne" des FARC.

Depuis le 1er mars dernier, un autre juge espagnol, Eloy Velasco Nuñez, accuse le Venezuela d'appuyer une alliance terroriste entre guérilla colombienne des FARC et séparatistes basques de l'ETA. Selon le juge, les deux mouvements ont expérimenté ensemble des explosifs dans des camps en territoire vénézuélien. Dans un acte transmis à Caracas, le magistrat a ordonné, sans bonne fin connue jusqu'à présent, la capture de six membres de l'ETA et de sept des FARC. L'accusation du juge Velasco s'appuie sur des documents saisis à des militants de l'ETA arrêtés en France, sur des témoignages d'anciens guérilleros des FARC et, une fois de plus, sur les ordinateurs de Raul Reyes.

Conditions du Venezuela

Le 28 août 2009 à Bariloche (Argentine), un sommet extraordinaire des 12 pays de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), convoqué pour évaluer les implications régionales du nouvel accord militaire américano-colombien alors encore en négociation, débouchait sur divers engagements, dont "le rejet de la présence ou d'actions de groupes armés en marge de la loi". La Colombie parviendra-t-elle a convaincre le 22 juillet l'OEA du manquement à cet engagement international que constituerait, de la part du Venezuela, l'accueil et la protection de chefs et de combattants des guérillas colombiennes?

Rappelées vendredi par le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Nicolas Maduro, les deux conditions posées par le président Hugo Chavez à la normalisation des relations avec la Colombie sont, "le respect absolu de notre pays" et une "solution de fond à la guerre interne colombienne", qui éclabousse depuis un demi-siècle les pays voisins.

Dans ce contexte, Hugo Chavez prône une reconnaissance internationale des FARC et de l'ELN, qui seraient les interlocuteurs du gouvernement colombien dans "une négociation de paix accompagnée du continent tout entier". On imagine toutefois mal Bogota accepter une sorte de tutelle internationale et de traiter d'égal à égal avec des guérillas qui sont aujourd'hui acculées militairement, sous réserve de leur supposé sanctuaire vénézuélien, et qui ne jouissent d'aucun appui populaire significatif comme l'ont démontré les dernières élections législatives et présidentielle colombiennes.

Quand on lui demanda, lors de sa campagne présidentielle, s'il regrettait l'attaque du camp des FARC en Equateur, qu'il avait ordonnée et coordonnée en qualité de ministre de la Défense, Juan Manuel Santos répondit que dans les mêmes circonstances, il prendrait la même décision. M. Santos sera investi à la présidence de la Colombie le 7 août.

(*) La Conclusion 3, l'ultime du rapport d'Interpol, dit textuellement : "INTERPOL n'a trouvé aucun élément attestant la création, la modification ou la suppression de fichiers utilisateur sur l'ensemble des huit pièces à conviction informatiques postérieurement à leur saisie aux mains des FARC, le 1er mars 2008, par les autorités colombiennes."

La modification constatée de fichiers système, notamment pour visionnage ou copie, n'aurait donc pas, selon Interpol, altéré le contenu utile. Vidéos, images et textes seraient demeurés originaux. "Interpol a conclu qu'il n'y a eu aucune altération, je répète, aucune altération des données" insistait Ronald Noble, secrétaire général d'Interpol, en présentant le rapport à la presse, le 15 mai 2008 à Bogota. Hugo Chavez traita alors Ronald Noble de "clown, mafieux et vagabond".

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