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Colombie-Betancourt: les enlèvements, première source de revenus des FARC
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Guérilleros des FARC: les alimenter est la principale dépense du mouvement rebelle. Photo FARC-EP |
BOGOTA, mercredi 23 février 2005 (LatinReporters) - Les enlèvements
rapportent annuellement à la guérilla marxiste des FARC (Forces
armées révolutionnaires de Colombie) quelque 37 millions de
dollars et constituent leur première source de financement estime un organisme
du ministère colombien des Finances. Enlevée par les FARC le
23 février 2002, la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt entame sa
4e année de captivité.
Ex-sénatrice et ex-candidate à la présidence de la Colombie,
Ingrid Betancourt fait partie d'un groupe de plus de 60 otages "politiques"
et militaires que la guérilla propose d'échanger contre 500
guérilleros emprisonnés. Le principe d'un échange humanitaire
est défendu aussi par le gouvernement colombien du président
Alvaro Uribe, mais les deux camps sont en désaccord sur ses modalités
et leur volonté de négociation est mise en doute par les familles
des séquestrés.
L'éventuelle, mais toujours très incertaine libération
d'Ingrid Betancourt et des autres otages de son groupe ne donnerait en principe
pas lieu au versement d'une rançon. Il n'en va pas de même pour
les inconnus -femmes, hommes, vieillards et enfants- enlevés par les
FARC pour des raisons strictement économiques. Le président
Uribe évalue leur nombre à 1.600.
L'Unité d'information et d'analyse financière (UIAF) du ministère
colombien des Finances estime que les libérations contre rançon
de personnes enlevées ont rapporté aux FARC 37,32 millions
de dollars en 2003, soit près de la moitié du revenu global
de cette guérilla, évalué à 77,15 millions de
dollars pour la même année.
Cette étude de l'UIAF est la plus exhaustive réalisée
jusqu'à présent sur le financement des FARC.
Leur deuxième source de revenus en importance surprend plus d'un observateur
étranger, mais non les Colombiens. Il s'agit du vol de bétail,
qui aurait procuré aux insurgés marxistes 22,19 millions de
dollars en 2003. [NDLR. Les organisations paramilitaires d'extrême
droite nées dans les années 1980 -et dont les violations graves
des droits de l'homme ne sont égalées que par celles commises par les FARC-
avaient pour but initial de protéger les grands propriétaires
terriens contre les vols et autres actions de la guérilla, apparue
dès 1964].
Ce n'est qu'en 3e position, parmi leurs sources de financement, que se situerait
l'implication des FARC dans le narcotrafic. Selon l'UIAF, les "impôts"
que les guérilleros prélèveraient dans les zones qu'ils
contrôlent sur la production (8,53 millions de dollars) et sur la commercialisation
(3,01 millions de dollars) de la cocaïne auraient totalisé donc
11,54 millions de dollars en 2003.
Le reste des revenus proviendrait notamment d'investissements et de placements faits
par des prête-noms en Colombie et à l'étranger. La capacité
d'investissement des FARC serait relativement grande, puisqu'en
2003 cette guérilla n'aurait dépensé, toujours selon
l'UIAF, que 35,63 millions de dollars, soit à peine 46% de ses revenus.
L'alimentation des 16.672 membres des FARC (chiffre estimé par l'UIAF)
aurait été, avec 13,55 millions de dollars, le premier poste
de dépenses des rebelles en 2003. Un million de dollars supplémentaire
couvrait l'alimentation des séquestrés.
L'UIAF cite ensuite notamment, toujours parmi les dépenses, l'équipement
des combattants (5,95 millions de dollars), les carburants (4,39 millions
de dollars), la propagande et les communications y compris leurs équipements
(3,5 millions de dollars) et un fonds de solidarité pour les guérilleros
détenus et leurs familles (1,22 million de dollars).
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