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Gouvernement disposé à rencontrer la guérilla "sans intermédiaires"
Colombie-Betancourt: contact entre FARC et parents d'otages autorisé par le président Uribe
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Le président Alvaro Uribe annonçant une nouvelle offensive contre "les bandits des FARC" (Bogota 22 février 2007) - Photo César Carrión Ayala - SNE | |
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BOGOTA, samedi 24 février
2007 (LatinReporters.com) - "La recherche d'un contact direct" avec la guérilla
marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie)
a été autorisée aux parents d'otages des rebelles par
le président Alvaro Uribe, disposé aussi à un "contact
direct" de son gouvernement avec la guérilla, qui séquestre
la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt depuis cinq ans.
Le jour du 5e anniversaire de la séquestration d'Ingrid Betancourt,
la présidence de la République colombienne diffusait ce bref
communiqué, répercuté samedi par les médias colombiens:
"Le Président de la République a autorisé cet après-midi,
vendredi 23 février, via Madame Lucy de Gechen, épouse du Sénateur
séquestré Jorge Eduardo Gechen Turbay, les parents des personnes
séquestrées à rechercher un contact direct avec les
FARC.
Le Président déclare que le gouvernement est disposé
à un contact direct avec les FARC, sans intermédiaires".
Le communiqué a surpris. C'est en effet la première fois que
le président Uribe autorise expressément les familles à
jouer directement auprès des FARC un rôle qui pourrait faire
des parents des otages des acteurs décisifs d'un échange humanitaire.
"L'heure est venue pour les familles de voir comment nous pouvons contribuer
à un rapprochement entre les parties" estime Lucy de Gechen.
Selon Bogota, quelque 1.600 hommes, femmes et enfants seraient détenus
par les FARC, mais l'accord dit humanitaire n'inclurait que près de
60 otages "politiques", dont Ingrid Betancourt et trois Américains.
Les FARC offrent leur libération en échange de celle des rebelles
prisonniers (environ 500), avec toutefois des conditions qui compliquent
l'accord: démilitarisation des municipalités de Florida et
Pradera (800 km²) sur le territoire desquelles serait négocié
l'échange humanitaire et inclusion - très problématique-
dans cet échange de deux chefs de la guérilla extradés
aux Etats-Unis, où ils sont accusés de trafic de drogue.
La disposition gouvernementale à un contact direct avec la guérilla
a également surpris alors que la France, l'Espagne et la Suisse poursuivent
en principe leur difficile mission de facilitation de l'échange humanitaire.
En outre, la veille de la diffusion du communiqué, le président
Uribe annonçait une nouvelle offensive contre "les bandits des FARC"
qui auraient, selon le chef de l'Etat, opposé une fin de non-recevoir
à un médiateur colombien, se refusant à reconnaître
comme interlocuteur un "gouvernement illégitime" pour ses liens supposés
avec les paramilitaires d'extrême droite.
"La voie de l'échange [humanitaire] reste ouverte" vient néanmoins
de proclamer un communiqué signé par un membre de l'état-major
des FARC, le commandant Ivan Marquez. Mais il rappelle la condition préalable
d'une démilitarisation de Florida et Pradera.
Le chassé-croisé de déclarations est lié par
les observateurs à l'écho médiatique international du
5e anniversaire de la séquestration d'Ingrid Betancourt. Tant le président
Uribe que la guérilla des FARC semblent tenter de tirer parti de l'émotion
entourant cet anniversaire.
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