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Espagne-référendum Constitution UE: l'Eglise légitime l'abstention
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Mgr Rouco Varela, archevêque de Madrid et président de la Conférence épiscopale espagnole © Conferencia Episcopal Española |
MADRID, samedi 5 février 2005 (LatinReporters.com) - Le mal et le bien supposés
du traité constitutionnel de l'Union européenne (UE) semblent
s'équilibrer aux yeux de l'Eglise espagnole. Elle déclare "légitimes"
tant le oui que le non ou le vote blanc et même l'abstention lorsque
l'Espagne sera, le 20 février, le premier pays à se prononcer
par référendum sur le projet de Constitution européenne.
Jamais les évêques espagnols n'avaient légitimé
l'abstention électorale et ils le font en pleine campagne référendaire.
Le résultat du vote pionnier des Espagnols pourrait influencer celui
d'autres pays. Jusqu'à présent, parmi les 25 membres de l'UE,
seules la Hongrie, la Lituanie et la Slovénie ont ratifié
la Charte continentale, mais par voie parlementaire.
Dans un communiqué visant à "orienter moralement le vote responsable",
la Conférence épiscopale espagnole cite à l'actif du
texte constitutionnel européen "la consolidation de la paix entre
les peuples d'Europe, le développement économique et social,
la coopération plus efficace contre le terrorisme et la délinquance
internationale et l'accroissement de la capacité de l'Union [européenne]
à agir de manière concertée dans le monde."
L'épiscopat espagnol apprécie aussi "la reconnaissance, en
accord avec les lois nationales, de la liberté de création
de centres d'enseignement, ainsi que du droit des parents à l'éducation
de leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses,
philosophiques et pédagogiques."
"La mention de la religion comme l'un des éléments constructifs
de l'héritage européen et la reconnaissance des Eglises comme
des réalités sociales avec lesquelles l'Union maintiendra un
dialogue ouvert, transparent et régulier" complètent la satisfaction
des prélats.
Le droit à la vie
Au passif du traité constitutionnel européen, le communiqué
épiscopal indique que "les évêques [espagnols] auraient
souhaité voir défini sans ambiguïté un droit humain
aussi fondamental que le droit à la vie. Le texte constitutionnel
n'exclut ni la recherche létale sur des embryons humains ni l'avortement
ni l'euthanasie; il n'exclut pas non plus le clonage d'êtres humains
pour la recherche expérimentale et la thérapeutique."
Les évêques, poursuit le communiqué, "auraient souhaité
une plus large tutelle du mariage et de la famille, ainsi que la définition
explicite du mariage comme l'union stable d'un homme et d'une femme et la
protection du droit des enfants à ne pas être adoptés
par un autre type d'union."
Sous la plume de l'épiscopat, ces critiques semblent viser tant le
projet constitutionnel de l'UE que les réformes sociales du gouvernement
socialiste espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero, ainsi pris à
contre-pied en pleine campagne référendaire. Samedi soir à Valence, lors
d'un meeting en faveur du oui, M. Zapatero a regretté que "certains refroidissent les
esprits avant le référendum".
Les prélats espagnols estiment encore que l'UE devrait permettre une
plus grande participation des citoyens. Enfin, ils "se lamentent profondément
de l'omission délibérée [de la reconnaissance] du christianisme
comme l'une des racines vives de l'Europe et de ses valeurs".
La conférence épiscopale en conclut que "le oui, le non, le
vote blanc ou l'abstention sont de possibles options légitimes" pour
les électeurs espagnols invités à répondre, le
20 février, à la question "Approuvez-vous
le projet du Traité instituant une Constitution pour l'Europe?"
Abstention redoutée
C'est la première fois que l'Eglise espagnole
légitime l'abstention à l'approche d'un vote. Or, l'abstention
est ce que redoute le plus le gouvernement socialiste de M. Zapatero. Elle
fut de 54% en Espagne aux élections européennes de juin 2004.
Un taux identique ou supérieur le 20 février priverait de lustre
et de caractère exemplaire pour l'Europe la victoire quasi certaine
du oui, défendu tant par les socialistes que par l'opposition conservatrice
et les principaux syndicats espagnols.
Affirmant que "l'Eglise mise sur l'Europe", les évêques espagnols
n'en approfondissent pas moins la justification préalable de l'éventuelle
abstention d'électeurs en rappelant que le référendum
du 20 février n'aura qu'une valeur consultative.
Les prélats affirment même que de nombreux Espagnols seraient
"perplexes face à la difficulté de connaître de manière
responsable le contenu du long et complexe texte légal du Traité".
"La difficulté est objective et le temps manque" estiment les évêques.
"Dieu aide ceux qui se lèvent tôt" [proverbe espagnol] ironisait samedi
soir à Valence José Luis Rodriguez Zapatero.
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