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Espagne: régularisation d'immigrés parmi les plus massives en Europe
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Madrid: immigrés équatoriens un dimanche à la Casa de Campo Photo LatinReporters.com |
MADRID, dimanche 6 février 2005 (LatinReporters.com) - La régularisation
d'immigrés que l'Espagne socialiste ouvre pendant 3 mois, du 7 février
au 7 mai, sort du commun pour au moins deux raisons. D'abord, si elle bénéficiait
comme prévu à plus de 500.000 clandestins, elle serait l'une des plus massives
réalisées en Europe. (En 2003, l'Italie légalisait, elle, près de 700.000
sans-papiers). Par ailleurs, l'opération lancée en Espagne apparaît plus
économique qu'humanitaire.
L'Institut national espagnol de statistique (INE) estime que sur les
3 millions d'étrangers -la plupart Latino-Américains,
Maghrébins et d'Europe de l'Est- qui représentent 7% de la population
résidant en Espagne, plus d'un million sont clandestins.
Selon les principaux syndicats et diverses organisations d'immigrés,
au moins 500.000 pourraient être amnistiés, avec alors droit
de circuler librement dans l'Union européenne. L'Allemagne et les Pays-Bas,
notamment, s'en sont inquiétés auprès de Madrid.
L'ex-ministre espagnol de l'Intérieur et actuel secrétaire général
du Parti populaire (opposition conservatrice), Angel Acebes, accusait dimanche le gouvernement
socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero d'être "le premier
à rompre la politique commune, solidaire et loyale de l'Union européenne"
en matière d'immigration.
Quant au caractère essentiellement économique -et accessoirement
humanitaire- de cette régularisation dite "extraordinaire", la 6e en
Espagne en 20 ans, il est symbolisé par une décision sans précédent
prise par le gouvernement de M. Zapatero: l'octroi de l'initiative aux patrons.
Sauf pour les gens de maison, ce sont en effet les employeurs qui devront
présenter à l'administration, pour chaque immigré les
intéressant, un dossier avec contrat de travail d'au moins six mois
(trois mois dans l'agriculture), affiliation à la sécurité
sociale, extrait de casier judiciaire vierge et preuve d'inscription auprès
d'une municipalité espagnole antérieure au 7 août 2004.
Cette condition de séjour préalable vise en principe à combattre
l'effet d'appel déclenché par l'annonce de la régularisation. Selon
l'ex-ministre Angel Acebes, cet effet serait tel "que le nombre de sans-papiers sera plus
élevé après qu'avant la régularisation".
Apparemment paradoxale lorsqu'il s'agit de clandestins, l'inscription municipale
(appelée "padron" ou "empadronamiento") est effectuée par la majorité des
immigrés, même irréguliers. Elle leur confère la
couverture médicale de base et le droit à la scolarisation des
enfants. Les ordinateurs municipaux et ceux du ministère espagnol de
l'Intérieur ne sont encore que partiellement interconnectés.
Les municipalités ont par ailleurs intérêt à grossir
le chiffre de leur population pour recevoir davantage de subsides régionaux
et nationaux.
Le permis de résidence et de travail sera octroyé pour un an. Il ne sera renouvelé que si l'immigré conserve
un emploi sous contrat.
Selon la secrétaire d'Etat espagnole à l'immigration, Consuelo Rumi, les conditions entourant la régularisation visent à l'adapter aux capacités du
marché du travail, à consolider la sécurité sociale
et à grossir les recettes fiscales par la réduction du travail
au noir.
Le ministre du Travail, Jesus Caldera, a averti que les clandestins ne satisfaisant
pas aux critères tomberaient sous le coup d'une politique d'expulsions
renforcée.
Autrefois exportatrice de sa misère, l'Espagne du miracle économique
reçoit aujourd'hui, selon les relevés d'Eurostat, le tiers des
immigrés qui entrent annuellement dans l'Union européenne.
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