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Chef des Forces terrestres, José Mena Aguado avertit que l'armée est garante de l'unité du pays
Espagne: général aux arrêts pour menace contre la Catalogne

"Le gouvernement destituera le général de Séville pour avoir réprouvé le Statut catalan" titre El Pais (pro-socialiste)
par Christian Galloy
Analyste politique,
directeur de LatinReporters.com


Madrid, samedi 7 janvier 2006 (LatinReporters.com) - Chef des Forces terrestres, le lieutenant-général José Mena Aguado (ci-contre à la une d'El Pais) a été mis samedi aux arrêts domiciliaires. Il sera limogé pour s'être prononcé à Séville contre le projet d'autonomie élargie de la Catalogne, avertissant que l'armée pourrait devoir jouer son rôle constitutionnel de garante de l'unité de l'Espagne.


"Le ministre de la Défense, José Bono, a ordonné comme première mesure l'arrêt domiciliaire de huit jours... José Bono transmettra au Conseil des ministres du 13 janvier la proposition de Chef de l'Etat-major de la Défense de démettre le lieutenant-général Mena de son poste de Chef de la Force terrestre" indique un communiqué officiel.

José Mena Aguado, 64 ans, commandait les principales unités de combat de l'armée de terre espagnole, y compris celles basées en Catalogne et au Pays basque, régions agitées par de forts courants indépendantistes. Nommé à ce poste en décembre 2004 par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, il devait passer à la retraite en mars prochain. Cette échéance semble l'avoir encouragé à braver l'interdit qui sépare les militaires de la politique.

Affirmant exprimer "les inquiétudes de mes subordonnés et à leur demande expresse", le lieutenant-général Mena déclarait vendredi que "la préoccupation pour l'unité de l'Espagne a été relancée par la présentation du projet de Statut de la Catalogne". (Actuellement débattu au Congrès espagnol des députés à la demande du Parlement catalan, ce projet polémique vise à élargir l'autonomie de la Catalogne, qui prétend notamment s'ériger en "nation", statut réservé constitutionnellement à l'Espagne).

"Nous avons le devoir d'avertir des graves conséquences que pourrait entraîner l'approbation du Statut de la Catalogne dans sa forme actuelle" poursuivait José Mena Aguado. Il s'exprimait à Séville, siège de l'état-major des Forces terrestres, devant une assemblée de notables politiques et de hauts gradés à l'occasion de la Pascua militar (Epiphanie militaire), célébrée chaque 6 janvier en Espagne.

Au même moment, au palais royal de Madrid, le ministre de la Défense, José Bono, soulignait devant le roi Juan Carlos que putschs militaires et guerres civiles relevaient d'un passé suranné. Le souverain, lui, en appelait à nouveau -ce fut son leitmotiv en 2005- à l'unité de l'Espagne et au respect de la Constitution.

A Séville, le lieutenant-général Mena avertissait et menaçait à la fois: "La Constitution, disait-il, marque une série de limites qu'aucun statut d'autonomie ne peut franchir... Mais, si ces limites étaient dépassées, ce qui en ce moment me paraît heureusement impensable, alors l'article 8 de la Constitution serait applicable".

Et le militaire de rappeler lui-même les termes de cet article 8: "Les Forces armées, constituées par l'Armée de terre, la Marine et l'Armée de l'air, ont pour mission de garantir la souveraineté et l'indépendance de l'Espagne et de défendre son intégrité territoriale et son ordre constitutionnel".

"N'oublions pas, ponctuait le chef des Forces terrestres, que nous avons juré ou promis de garder et de faire garder la Constitution. Et pour nous, les militaires, tout serment ou promesse est une question d'honneur"...

La droite attribue "l'inquiétude" au gouvernement socialiste de M. Zapatero

Un tel "bruit de sabre", comme disent les Espagnols, n'avait plus été entendu depuis les années 80, marquées par le putsch militaire manqué du 23 février 1981, conduit par des officiers contre une démocratie retrouvée qui rendait l'autonomie régionale au Pays basque et à la Catalogne.

Pour le Parti populaire (PP, opposition de droite), un tel saut vers le passé s'expliquerait par les erreurs du gouvernement socialiste de M. Zapatero, partisan d'un élargissement des autonomies régionales et allié aux indépendantistes catalans pour assurer sa stabilité parlementaire.

Croyant percevoir "un climat d'inquiétude et d'instabilité inconnues jusqu'à présent entre les Espagnols", le secrétaire à la Communication du PP, Gabriel Elorriaga, qualifie "d'erreur gravissime, très nuisible aux intérêts de l'Espagne, l'insistance [de M. Zapatero] à conclure avec des partis nationalistes radicaux un accord sur le futur de notre modèle constitutionnel et de notre modèle territorial".

Les socialistes accusent le PP de justifier ainsi les déclarations du lieutenant-général Mena. Diego Lopez Garrido, secrétaire du groupe parlementaire socialiste, voit par ailleurs "en la première arrestation d'un lieutenant-général en démocratie" (quoiqu'un autre, Jaime Milans del Bosch, fut condamné à 30 ans de prison après le putsch avorté de 1981) la preuve de l'engagement du gouvernement à défendre les libertés. Diego Lopez Garrido relève aussi que c'est le chef de l'état-major de la Défense qui a demandé le limogeage du lieutenant-général et il en déduit que le contestataire serait isolé au sein de l'armée.

Ce n'est pas l'avis du journal madrilène El Mundo (centre droit). Sous le titre "Une destitution pertinente, un nouveau motif de réflexion", son éditorialiste, réclamant comme tous ses confrères le limogeage, écrit néanmoins que "les paroles du lieutenant-général [José Mena Aguado], probablement représentatives du sentiment d'une importante institution de l'Etat [l'armée], devraient être un élément de réflexion pour le président Zapatero".

Dans ce contexte, les instituts d'opinion expliquent l'essentiel de la hausse de popularité du PP, revenu dans les sondages à la hauteur des socialistes, par l'opposition d'une forte proportion d'Espagnols au néonationalisme catalan encouragé initialement par M. Zapatero.

Les réactions les plus vives au discours du lieutenant-général Mena sont venues du Pays basque et de la Catalogne. Elles se reflètent dans le titre "Inacceptable harangue putschiste" du quotidien catalan El Periodico. Nationalistes basques et catalans, socialistes, communistes et opposition conservatrice s'accordent au moins sur l'essentiel: ce n'est pas l'armée, soumise au pouvoir civil, qui doit interpréter la Constitution. "Il est absurde de supposer que les militaires puissent décider eux-mêmes quand et de quelle manière ils doivent accomplir leur mission constitutionnelle" résume le quotidien pro-socialiste El Pais.

Joan Puig, député de la Gauche républicaine catalane (ERC, indépendantiste), rappelle que son parti réclame depuis longtemps la modification de l'article 8 de la Constitution "afin que nul ne se lance à l'aventure"... Le 6 octobre 1934, dans une Catalogne jouissant déjà d'une autonomie régionale, l'aventurier fut pourtant Lluis Companys, figure historique d'ERC. Il proclamait unilatéralement "l'Etat catalan", forçant l'intervention de l'armée espagnole. L'armée de la République. Pas encore celle de Franco.

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