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29 inculpés, dont 9 Espagnols - 3 terroristes de l'ETA cités comme témoins
Espagne - attentats de Madrid : enjeu politique du procès
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"Enfer terroriste à Madrid" titrait à la une El Pais au lendemain des attentats du 11 mars 2004, annonçant 192 morts et 1.400 blessés. Selon la justice, le bilan est de 191 morts et 1.824 blessés. | |
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MADRID, mardi 13 février 2007 (LatinReporters.com)
- Conspiration d'islamistes dit l'acte d'accusation. Elle impliquait peut-être des
séparatistes basques de l'ETA et des barbouzes socialistes insinue
la droite, qualifiée de revancharde par la gauche... Le procès
des attentats de Madrid du 11 mars 2004 (191 morts, 1.824 blessés)
s'ouvre le 15 février dans la capitale espagnole. Son enjeu est plus politique que judiciaire.
L'apparition, au fil des comparutions, d'indices étayant les
insinuations de la droite pourrait déstabiliser le gouvernement socialiste
de José Luis Rodriguez Zapatero, déjà malmené
pour sa prétention, jusqu'à présent frustrée,
de négocier avec l'ETA. Mais faute de tels indices, c'est la crédibilité
du Parti Populaire (PP, opposition de droite) qui serait fragilisée
durablement. Chacune de ces hypothèses influera sur les législatives
de mars ou avril 2008 et peut-être déjà sur les élections
municipales et régionales du 27 mai prochain.
Comme le recommandait sur Internet un "comité des sages" d'Al-Qaïda,
note en substance le juge d'instruction Juan del Olmo dans son acte d'accusation,
les attentats ont été perpétrés peu avant
les élections législatives du 14 mars 2004, dont le Parti
Populaire au pouvoir était le favori, afin de retourner l'opinion
en faveur des socialistes de M. Rodriguez Zapatero, qui promettait le retrait
militaire d'Irak.
Contredisant tous les sondages, les socialistes l'emportèrent
effectivement. Six semaines plus tard, les 1.300 soldats espagnols déployés
en Irak faisaient leurs bagages, consacrant une étonnante victoire
d'Al-Qaïda, obtenue en Espagne par un commando local de musulmans immigrés
et apparemment intégrés pour la plupart.
L'acte d'inculpation ne relève aucune participation des séparatistes
basques de l'ETA. Il constitue ce qu'il est convenu d'appeler la "version
officielle", soutenue par le gouvernement et par les médias qui lui
sont proches. Ceux-ci ont attribué la victoire électorale
de M. Rodriguez Zapatero au mensonge supposé du gouvernement présidé
à l'époque par José Maria Aznar, qui insistait sur
la responsabilité de l'ETA en dépit d'évidences (fabriquées
suggère la droite) qui désignaient les islamistes.
Maîtres du sort de 29 accusés qui risquent ensemble près
de 300.000 années de prison (mais la réclusion maximale réelle
est de 40 ans), les trois juges du tribunal ont surpris désagréablement
le gouvernement en incluant trois terroristes de l'ETA parmi les 650 témoins
qui défileront à la barre et en ordonnant l'analyse scientifique
des restes des explosifs qui ont tué 191 voyageurs et blessé
1.824 autres dans quatre trains de banlieue.
La composition détaillée des explosifs peut renforcer
ou diluer les soupçons quant à une participation de l'ETA ou
d'autres acteurs non identifiés. La commission d'enquête parlementaire
dominée par la gauche et l'instruction menée pendant plus
de deux ans n'avaient pris en compte que des analyses effectuées par
des services policiers insuffisamment qualifiés.
L'un des trois magistrats, Alfonso Guevara, assure que "l'apparition
[durant le procès] d'une quelconque question sur laquelle on n'aurait
pas enquêté donnerait lieu, le cas échéant,
aux témoignages correspondants".
Quatre-vingt-dix-huit experts seront aussi entendus par le tribunal.
Le procès durera jusqu'en juin ou juillet et le verdict ne devrait
pas être rendu avant le début de l'automne.
Les 29 inculpés parmi 116 suspects initiaux sont 15 Marocains,
2 Syriens, un Libanais, un Egyptien, un Algérien et 9 Espagnols.
Ces derniers auraient fourni la dynamite activée par les terroristes.
Neuf autres terroristes présumés ne comparaîtront pas.
Sept d'entre eux se sont immolés à l'explosif, selon la version
officielle, lorsqu'ils étaient cernés le 3 avril 2004 par la
police à Leganés, dans la banlieue sud de Madrid. Le 8e serait
mort en Irak et le dernier est toujours en fuite.
Le précédent des GAL
Sous la houlette de son directeur Pedro J. Ramirez, le quotidien de
centre droit El Mundo fait pratiquement cavalier seul, parmi les médias,
dans sa conviction que les attentats de Madrid ne répondraient pas
aux seuls intérêts de radicaux islamistes.
Dans les années 1980 et 1990, d'abord dans le quotidien Diario
16, puis dans El Mundo, second journal d'Espagne en influence et diffusion (mais de loin le plus lu sur
Internet), Pedro J. Ramirez et son équipe avaient déjà mené
une longue lutte solitaire pour découvrir alors les dessous des
GAL (Groupes antiterroristes de libération). De 1983 à 1987,
les GAL assassinèrent 28 Basques liés à l'organisation
séparatiste ETA ou soupçonnés de l'être.
Les révélations de deux journalistes de l'équipe
de Pedro J. Ramirez, Melchor Miralles et Ricardo Arques, permirent au juge
Baltasar Garzon (célèbre persécuteur d'Augusto Pinochet)
de faire condamner et emprisonner, au titre des GAL, un ministre de l'Intérieur,
un secrétaire d'Etat à la Sécurité et divers
responsables policiers. Le gouvernement socialiste présidé
à l'époque par Felipe Gonzalez fut ainsi directement impliqué
dans un terrorisme d'Etat insolite dans l'histoire contemporaine de l'Europe
démocratique. Qu'avant même les attentats de Madrid les socialistes
aient cherché, avec Rodriguez Zapatero, à se rapprocher de
l'ETA n'effacerait pas cette tache sombre ("bien au contraire" dit-on au
PP).
Parmi une multitude d'indices nourrissant ses doutes sur les attentats
de Madrid, El Mundo a notamment relevé qu'un colonel de la garde
civile impliqué dans l'un des dossiers dérivés des
GAL et appartenant encore aux services espagnols de renseignement n'aurait
pas relayé les avertissements de confidents sur la fourniture d'explosifs
à des groupes islamistes par des trafiquants espagnols ayant accès
aux dépôts de dynamite de mines des Asturies. Ces présumés
trafiquants sont parmi les inculpés des attentats de Madrid.
El Mundo a parfois suggéré l'hypothèse de la responsabilité
par omission, dans le massacre de Madrid, d'éléments des services
secrets espagnols liés aux socialistes. Contrôlant à
distance des radicaux islamistes qui préparaient manifestement un
attentat, ces éléments auraient, selon cette hypothèse,
omis de les freiner.
Pedro J. Ramirez s'est dit convaincu "de la participation de membres
des appareils policiers et de services de l'Etat, sinon dans la perpétration
des attentats, du moins dans leur distorsion postérieure au service
d'intérêts politiques". [Création éventuelle de toutes pièces,
entre les attentats du 11 mars et les législatives du 14 mars, d'indices conduisant
rapidement à des suspects islamistes, pour mettre
au centre des élections la participation impopulaire de l'Espagne
à la guerre en Irak et transformer en "menteur" José Maria
Aznar, qui insistait sur la responsabilité de l'ETA; ndlr].
Présidé par Mariano Rajoy, le Parti Populaire assume et amplifie
les interrogations d'El Mundo. Des organisations de victimes du
terrorisme aussi, s'opposant à d'autres proches du gouvernement.
Le PP désapprouva néanmoins l'un de ses élus qui
accusait le socialiste Rodriguez Zapatero d'être arrivé au
pouvoir "dans un train de banlieue".
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