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Constitution UE: le "non" français fragilise le recentrage européen de l'Espagne de Zapatero
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MM. Chirac et Zapatero... Et maintenant? Photo Inma Mesa-PSOE |
MADRID, lundi 30 mai 2005 (LatinReporters.com) - La gifle référendaire
donnée dimanche en France au projet de Constitution de l'Union européenne
(UE) fragilise le recentrage européen du gouvernement socialiste espagnol
de José Luis Rodriguez Zapatero, qui a tourné le dos à
l'atlantisme pro-américain du gouvernement conservateur de José
Maria Aznar.
Le 20 février dernier, l'Espagne fut le premier pays à soumettre
à référendum la Constitution européenne. Malgré
une abstention de 58,23%, l'ample victoire du "oui" (76,96%) fut interprétée
par M. Zapatero comme le symbole du retour de l'Espagne au sein de la "vieille
Europe" critiquée par les Etats-Unis.
José Luis Rodriguez Zapatero a fait de l'Espagne une alliée quasi
inconditionnelle des orientations données à l'axe franco-allemand
par Jacques Chirac et Gerhard Schröder.
Mais la crédibilité politique du président Chirac est atteinte par l'ample
"non" français (54,68%) à la Constitution européenne. Un rejet
crédibilisé par une participation de 69,34%. Quant au chancelier allemand
Schröder, il est encore sous le coup de la débâcle électorale historique
de son parti social-démocrate en Rhénanie du Nord-Westphalie,
le 22 mai dernier. Des législatives nationales anticipées pourraient
l'abattre définitivement l'automne prochain et ouvrir en Allemagne une ère
néoatlantiste.
Le chef du gouvernement espagnol avait fait campagne pour les
sociaux-démocrates allemands en Rhénanie du Nord-Westphalie et en France
en faveur du "oui" à la Constitution européenne. L'inutilité
de tels efforts est soulignée par la presse conservatrice madrilène.
Le quotidien "La Razon" ironise en qualifiant José Luis Rodriguez
Zapatero de "porte-malheur" (en espagnol "gafe"), dont même les appels
téléphoniques seraient désormais craints en Europe,
car susceptibles d'attirer la poisse.
Ses deux principaux alliés européens étant sur le déclin
et Washington n'ayant pas oublié le retrait précipité
des troupes espagnoles d'Irak, M. Zapatero risquerait, selon divers commentateurs,
de constater rapidement l'effritement de son influence internationale. Le
chef de l'opposition conservatrice, Mariano Rajoy, l'a prié lundi
de redéfinir la politique étrangère de l'Espagne, éloignant
le pays de "l'axe des perdants" [l'axe franco-allemand].
Zapatero: "L'Europe est la solution, non le problème"
Dans l'immédiat, M. Zapatero estime, comme d'autres responsables européens,
que le processus de ratification de la Constitution doit se poursuivre, l'Europe
étant "la solution, non le problème". Il l'a dit lundi dans
un message radio-télévisé à la nation, dont voici
le texte intégral:
"Hier, une majorité de Français a répondu "non" lors
du référendum sur la Constitution européenne. C'est
la première réponse négative au texte constitutionnel
après le prononcé affirmatif de l'Allemagne, l'Autriche, la
Slovaquie, la Slovénie, la Hongrie, la Grèce, la Lituanie,
l'Italie et l'Espagne. Ces neuf pays qui ont dit "oui" à la Constitution
représentent la moitié des citoyens européens.
Je respecte le prononcé de la France, un pays ami, fondateur et moteur
en outre de l'Union européenne; mais, à partir du profond respect,
le gouvernement espagnol considère que le processus de ratification
doit se poursuivre selon ce que prévoit la propre Constitution.
Les leaders européens, nous devrons prendre note du malaise que ce
vote exprime et, à la fois, redoubler nos efforts pour expliquer que
cette Constitution consacre les droits et libertés des Européens
de même que notre modèle social.
Lorsque se seront prononcés les vingt-cinq pays de l'Union, et non
seulement les dix qui l'ont fait jusqu'à présent, ce sera l'heure
de dresser le bilan et de décider des pas suivants.
Comme on le sait, le peuple espagnol a entériné à une
très ample majorité cette Constitution de façon directe
et au travers de ses représentants parlementaires. Nous avons fait
ce qui était correct: nous avons misé sur le futur et laissé
de côté les craintes. C'est pourquoi je suis sûr d'exprimer
l'opinion des Espagnols lorsque je dis aujourd'hui, plus que jamais, oui
à une Europe plus unie, plus forte et plus solidaire, oui à
une Europe constitutionnelle.
Les grands projets humains finissent par s'affirmer par-dessus les difficultés.
La construction européenne est un grand projet et finira par surpasser
les obstacles, car l'Europe n'est pas le problème: l'Europe est la
solution."
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