L'Espagne assume 38,5% de l'accroissement annuel des immigrés dans l'Union européenne
Immigration: l'Espagne toujours nº1 de l'UE en 2005
BRUXELLES / MADRID, lundi 30 janvier 2006 (LatinReporters.com)
- Premier pays d'accueil de l'immigration annuelle au sein de l'Union européenne
(UE) depuis 1997, l'Espagne consolide cette position avec un solde migratoire
(entrées - sorties) positif de 652.300 immigrants l'an dernier, selon
Eurostat.
Ce record représente 38,5% de l'accroissement total (1.691.500)
du nombre d'immigrés dans les 25 pays de l'UE en 2005.
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Photo d'immigrés musulmans priant sur une plage d'Alicante publiée à la une du journal ABC le 24 décembre 2005 |
Les soldes migratoires évalués par Eurostat (Office statistique
des Communautés Européennes) indiquent qu'au cours des cinq
dernières années (période 2001-2005), le nombre d'immigrés
en Espagne s'est accru de près de 3 millions (2.977.300). C'est dès
1997, toujours selon les chiffres d'Eurostat, que l'Espagne, aujourd'hui secondée
par l'Italie, raflait à l'Allemagne pour le conserver jusqu'à
ce jour le titre de nº1 européen de l'accroissement annuel de
l'immigration.
Dans l'histoire récente des migrations touchant l'Europe, des mouvements
de population d'une telle intensité font de
l'Espagne un cas d'autant
plus singulier que les Espagnols furent considérés comme un
peuple d'émigrants jusqu'au début des années 1980.
Arrêtés au 1er janvier 2005 et n'incluant donc pas le dernier
accroissement migratoire annuel, les chiffres de l'Institut national espagnol
de statistique (INE) établissaient à 44.108.530 le nombre d'habitants
en Espagne, dont 3.730.610 étrangers, soit 8,5% du total de la population.
Compte tenu du solde migratoire positif de 652.300 estimé pour 2005
par Eurostat, le nombre d'étrangers en Espagne devrait être proche
aujourd'hui de 4.400.000. (A remarquer qu''Eurostat évalue la population
globale de l'Espagne à 43.781.000 habitants au 1er janvier 2006, soit
une notable différence par rapport aux chiffres de l'INE).
L'effet d'appel qui attire vers l'Espagne une immigration sans pareille
en Europe s'explique par divers facteurs:
-Dix ans de miracle économique espagnol, ponctué en 2005 par
une croissance de 3,5% (près de 3 fois la moyenne des pays de la zone
euro), un excédent budgétaire de plus d'un pour cent du PIB
(contre au moins 3% de déficit pour la France, l'Allemagne et l'Italie)
et un taux de chômage ramené à 8,7% (moins qu'en France et qu'en
Allemagne), alors qu'il était de 23,9% en 1994.
-Répétition des régularisations dites "extraordinaires"
de clandestins. On en compte six depuis 1985, trois ayant été
opérées par des gouvernements socialistes (la dernière
au printemps 2005) et trois par les gouvernements conservateurs de José
Maria Aznar. L'Espagne, qu'elle soit de gauche ou de droite, régularise
donc massivement en moyenne tous les trois ans et demi. Aussi les clandestins
ne cessent-ils d'affluer dans l'attente d'une prochaine régularisation.
-Facteur géographique: à 15 km seulement du Maghreb et de
l'Afrique, l'Espagne est en Europe la frontière sud de la richesse
la plus proche du Tiers-Monde. Deux villes espagnoles, Ceuta et Melilla,
sont même enclavées au Maroc.
-Couverture médicale de base et accès à l'école
publique garantis paradoxalement par les municipalités espagnoles aux
familles de clandestins.
-Identité de langue et de culture avec l'Amérique latine,
grande émettrice d'émigrants.
-Attrait du climat et du mode de vie. Près de 21% des étrangers
recensés par l'INE en Espagne viennent de l'Union européenne.
Il s'agit souvent "d'immigrés de luxe", retraités ou travaillant
pour des multinationales.
Encore 1,6 million de clandestins?
Plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne et les Pays-Bas, se sont
inquiétés de l'ampleur de la
régularisation de 2005
offerte à plus de 600.000 sans-papiers par le gouvernement
socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. Un éventuel ralentissement
économique en Espagne pourrait en effet attirer vers d'autres pays
de l'UE des centaines de milliers d'immigrés établis aujourd'hui
dans la péninsule ibérique.
En janvier 2005, selon les chiffres de l'INE, les Marocains (511.294) formaient
en Espagne la plus forte colonie nationale étrangère, suivis
des Equatoriens (497.799), des Roumains (317.366) et des Colombiens (271.239).
Compte tenu aussi d'Argentins (152.975), de Boliviens (97.947), de Péruviens
(85.029), etc., les Latino-Américains sont majoritaires au sein de
l'immigration en Espagne. Langue et culture facilitent leur intégration.
L'immigration clandestine en provenance de l'Afrique noire subsaharienne est quantitativement
peu significative. [Même au rythme actuel, accentué depuis le début de l'année,
elle représenterait moins de trois pour cent du total du flux migratoire annuel vers
l'Espagne - Ajout du 20/03/2006]
Cette immigration est néanmoins très médiatisée
en fonction de son caractère dramatique et spectaculaire. (Noyades au large de l'archipel
des Canaries et dans le détroit de Gibraltar; victimes mortelles de
la répression policière marocaine et espagnole autour des enclaves
de Ceuta et Melilla).
Parmi les quelque 780.000 résidents issus de pays de l'Union européenne
-administrativement, il s'agit aussi d'immigrés- les Britanniques (227.187)
sont les plus nombreux, suivis des Allemands (133.588), des Italiens (95.377)
et des Français (77.791).
L'INE estimait à 1,6 million le nombre de sans-papiers en janvier
2005. Ce chiffre considérable est-il identique aujourd'hui?
Apparemment oui, car la régularisation sollicitée au printemps dernier par plus de
600.000 clandestins (qui devaient présenter un contrat de travail et prouver que
leur arrivée en Espagne était antérieure au 7 août 2004) semble
compensée par le solde migratoire positif de 652.300 immigrants attribué par
Eurostat à l'année 2005. Eurostat avertit toutefois que ce dernier
solde migratoire pourrait être gonflé par la régularisation
et inclure des personnes arrivées avant 2005.
[Commissions Ouvrières, premier syndicat d'Espagne, proche de la coalition
écolo-communiste Gauche Unie, estime a 320.000 le nombre actuel de sans papiers dans la
seule région de Madrid - Ajout du 20/03/2006].
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