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Travaux prévus de 2007 à 2014 pour un coût de 5,25 milliards de dollars
Le canal de Panama sera élargi: 78% de oui au référendum

Canal de Panama: écluses de Miraflores, proches du Pacifique - Photo Dozenist - Wikimedia Commons
PANAMA, lundi 23 octobre 2006 (LatinReporters.com) - Pour la première fois depuis son inauguration, en 1914, le canal de Panama sera élargi afin de répondre à l'augmentation du gabarit des navires. Les Panaméens ont approuvé dimanche par référendum avec 78% de oui, mais avec une forte abstention, les travaux prévus de 2007 à 2014 pour un coût de 5,25 milliards de dollars.

Selon les résultats officiels diffusés par le Tribunal électoral du Panama après dépouillement de 97,66% des bulletins référendaires, le oui totalise 78,05% des suffrages, contre 21,95% de non, en réponse à la question "Approuvez-vous la proposition de construction du troisième jeu d'écluses sur le canal de Panama?" Mais l'abstention s'élève à 56,5% des 2,1 millions de Panaméens appelés aux urnes.

"C'est une décision essentielle de notre histoire... La patrie s'est faite plus grande" s'est exclamé dimanche soir le président Martin Torrijos dans un message à la nation. C'est précisément à la suite d'une campagne en faveur de l'élargissement de la célèbre voie interocéanique creusée entre l'Atlantique et le Pacifique qu'il avait été élu à la présidence en mai 2004 sous la bannière du Parti révolutionnaire démocratique (PRD, centre gauche). Il qualifiait déjà alors de "décision la plus importante du siècle" la réponse au référendum qu'il promettait.

Martin Torrijos est le fils du défunt général Omar Torrijos, président et dictateur de 1968 à 1981, qui obtint du président américain Jimmy Carter l'engagement, honoré par Washington le 31 décembre 1999, de rendre aux Panaméens la souveraineté sur le canal.

Prévoyant notamment le creusement de deux tranchées de 8 et 3 km de long sur 200 m de large, le projet d'élargissement a été élaboré par l'Autorité du canal de Panama (ACP), puissant organisme public autonome, sorte d'Etat dans l'Etat fort de 9.000 employés et héritier des techniques américaines de gestion.

Cinq pour cent du commerce mondial passe par les 82 km du canal. Mais pour calibrer sa véritable dimension, Stanley Muschett, administrateur de l'ACP, souligne qu'y transitent aussi 68% des marchandises traitées dans les ports des Etats-Unis, 23% du commerce extérieur chinois et 16% du japonais.

Entre 13.000 et 14.000 navires franchissent chaque année le canal, ce qui assure une facturation estimée pour 2006 à 1,4 milliard de dollars. Mais présentant à certains endroits une largeur d'à peine 32 mètres, le canal souffre de la course aux énormes gabarits, le transport maritime misant de plus en plus sur les bâtiments post-Panamax, qualifiés ainsi car surpassant les normes actuelles du canal de Panama.

Ouvert, lui, aux post-Panamax, le canal de Suez devient une alternative au canal de Panama dans le commerce maritime entre l'Asie et la côte Est des Etats-Unis, malgré trois jours supplémentaires de navigation. Le canal de Panama est aussi concurrencé par l'intensité des liaisons routières et ferroviaires Est-Ouest aux Etats-Unis, option que le Mexique voudrait également développer. Le Nicaragua vient en outre d'annoncer l'étude de sa propre liaison interocéanique.

La construction d'une nouvelle voie de navigation approuvée dimanche par référendum permettra au canal de Panama d'accueillir des navires de 386 m de long, 49 m de large et 15 m de tirant d'eau (contre 294 m de long, 32 m de large et 12 m de tirant d'eau actuellement).

L'ACP affirme que l'aménagement du canal n'alourdira pas la dette de l'Etat, car les investissements seraient couverts d'une part par les péages (dont la hausse annuelle serait de 3,5% au cours des 20 prochaines années) et, d'autre part, par un crédit avalisé par l'ACP elle-même, qui jouit sur les marchés financiers internationaux d'une confiance supérieure à celle octroyée à l'Etat panaméen.

Vue générale de l'isthme de Panama, traversé par le canal - Photo satellite NASA - Wikimedia Commons
Toujours selon l'ACP, les marchandises transitant par le canal passeraient de 290 millions à 600 millions de tonnes par an et les revenus du péage de 1,4 milliard de dollars cette année à 6 milliards de dollars d'ici 2025. Les promoteurs de l'élargissement ajoutent que l'augmentation des recettes dégagerait plus de fonds pour des programmes sociaux. Sept mille emplois nouveaux et quarante mille autres induits pourraient en outre être créés.

L'abstention au référendum -56,5 % sur l'ensemble du scrutin- a été particulièrement marquée dans les régions à forte population indigène et dans les provinces les plus pauvres, Bocas del Toro (62% d'abstentionnistes) et Darién (66%), ainsi que dans celle de Colón (65%), porte d'entrée atlantique du canal.

De nombreux Panaméens croient n'avoir pas bénéficié du transfert de propriété entre les Etats-Unis et le Panama. Ils estiment qu'une oligarchie locale s'est substituée au pouvoir américain sur le canal. Principal défenseur du non, le FRENADESO (Front national pour la défense des droits économiques et sociaux) a regroupé des dizaines d'organisations populaires. Il prétend que les milliards qui vont être dédiés au canal seraient mieux utilisés dans des investissements sociaux immédiats (écoles, routes, hôpitaux, chantiers publics) qui soulageraient la pauvreté dans laquelle vivent quelque 40% des 3,2 millions de Panaméens.

Le FRENADESO se plaint d'avoir été boudé par les influents médias privés lors de la campagne référendaire. L'un de ses dirigeants, Saul Mendez, leader du puissant syndicat des ouvriers de la construction, affirmait à la veille du référendum que l'élargissement du canal sera une "grande escroquerie dans laquelle la classe dominante volera l'argent du peuple". Les risques de corruption "dans cette danse de millions de dollars" ont été dénoncés aussi par l'ancien président panaméen Guillermo Endara (1989-1994).

Dans son message adressé à la nation après le scrutin, le président Martin Torrijos a néanmoins promis que les bénéfices du canal serviront à honorer la dette sociale, à améliorer les conditions de vie des nombreux Panaméens qui sont dans le besoin.

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