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Bilan 8 jours après : 514 morts, 1.090 blessés, 39.741 habitations détruites
Pérou - Séisme : la photo d'Hugo Chavez politise le drame, les sinistrés déblaient

Mystérieuse "aide alimentaire" avec photos d'Hugo Chavez et d'Ollanta Humala - Photo Expreso
Journal péruvien El Comercio: "Une armée de sinistrés nettoie depuis aujourd'hui Pisco".
LIMA, jeudi 23 août 2007 (LatinReporters.com) - A Pisco, Ica et Chincha, les trois villes martyres du séisme meurtrier du 15 août, une armée de huit mille sinistrés déblaie les rues. Le drame est politisé par l'apparition, dans la distribution d'aide humanitaire, de boîtes de thon portant les photos du président vénézuélien Hugo Chavez et de son protégé local Ollanta Humala, candidat l'an dernier à la présidence du Pérou.

Huit jours après le tremblement de terre, d'une magnitude de 7,9 sur l'échelle de Richter, le bilan officiel dressé par la Défense civile péruvienne est de 514 morts, 1.090 blessés, 39.741 habitations détruites et 6.300 autres endommagées. Des médias en déduisent que le nombre de sans-logis peut atteindre 180.000.

Ceux qui ne trouvent pas refuge chez des parents sont hébergés dans des camps -qualifiés "d'auberges"- formés de dizaines ou centaines de tentes dressées sur des terrains de sport, dans des parcs ou autres espaces disponibles. Des familles de sinistrés continuent néanmoins à dormir dans les rues. Le ministre du Logement, Hernan Garrido, a annoncé une aide de 6.000 sols (2.000 dollars) pour ceux qui ont perdu leur maison.

Toujours selon la Défense civile, le séisme a aussi endommagé ou détruit 136 centres scolaires, 54 "établissements de santé" (dispensaires, cliniques, hôpitaux), 29 tronçons de diverses routes et 20 églises.

Des ruines de l'église de San Clemente, à Pisco, les sauveteurs ont retiré 148 cadavres. L'édifice s'était effondré sur plus de 200 fidèles qui assistaient à une messe de... funérailles au soir du 15 août au moment du tremblement de terre. Quelque 50 des victimes appartiennent à une même famille, venue célébrer le premier mois du décès d'un des siens, Nery Espino. Les débris et la poussière soulevée par l'effondrement de l'église, construite en adobes (briques d'argile non cuite), ont écrasé ou étouffé trois générations d'Espino. Le plus jeune avait 3 ans et le plus âgé 69.

C'est à Pisco, ville de 120.000 habitants détruite à 80%, que siège depuis plusieurs jours Alan Garcia, le président social-démocrate du Pérou. Avec sa ministre du Travail, Susana Pinilla, il a enrôlé huit mille sinistrés parmi les plus démunis dans le programme "Construyendo Perú" ("En construisant le Pérou") pour déblayer et nettoyer Pisco, Ica et Chincha.

Vêtus de rouge et casqués de blanc, maniant un matériel flambant neuf fait de brouettes, pelles et balais, ces brigadiers qui ont tout perdu recevront 98 sols (32 dollars) par semaine de travail. "Nous construirons une ville plus grande et plus prospère" leur promettait mercredi Alan Garcia sur la Plaza de Armas de Pisco où l'on hissait le drapeau national pour honorer les morts.

Les villes de Pisco, Ica et Chincha appartiennent à la région dont Ica est le chef-lieu. Les cinq provinces de cette région, ainsi que la province de Cañete, la plus méridionale de la région de Lima, forment la zone sinistrée. C'est autour de cet axe qui s'étire sur plus de 300 km au sud de la capitale péruvienne qu'est répartie l'aide humanitaire nationale et internationale avec une lenteur critiquée et sous la menace de pillages que l'armée doit conjurer.

A propos de cette aide, le quotidien Expreso a relaté la distribution de milliers de boîtes de thon en conserve dont l'étiquette porte les photos du président vénézuélien Hugo Chavez et d'Ollanta Humala, leader du Parti Nationaliste Péruvien (PNP). Tenant local de la gauche bolivarienne et antiaméricaine de Chavez et ex-officier putschiste comme lui, Humala fut vaincu le 4 juin 2006 au second tour de l'élection présidentielle péruvienne par les quasi 53% d'Alan Garcia. L'ancien militaire briguera sans doute à nouveau la charge suprême en 2011.

"Je demande à Dieu que ne soit pas président du Pérou l'irresponsable, le démagogue, le menteur et le voleur qu'est Alan Garcia" avait lancé sept jours avant le scrutin présidentiel Hugo Chavez, qui soutenait ouvertement Ollanta Humala. Un long froid diplomatique s'ensuivit. Dans ce contexte, les boîtes de thon ne risquaient pas aujourd'hui de passer inaperçues. Selon l'Expreso, les militants nationalistes péruviens les achemineraient en camions, sans coordination avec la Défense civile.

Outre les photos polémiques, l'étiquette des boîtes affiche ce texte: "Face au désastre naturel qui a secoué le Pérou et surtout notre région d'Ica, le Parti Nationaliste Péruvien fait acte de présence avec notre leader Ollanta aux côtés de notre soeur la République Bolivarienne du Venezuela, dont le président est notre frère Hugo Chavez, car le gouvernement péruvien agit de manière inefficace, lente et sans coeur, sans que lui importe la douleur des victimes, laissées à la merci de la faim, de la soif et du pillage".

A Caracas, le ministre vénézuélien des Relations extérieures, Nicolas Maduro, a aussitôt qualifié l'apparition de ces conserves de thon de "montage pervers visant à souiller la solidarité transparente du gouvernement du Venezuela avec le peuple du Pérou". Selon le ministre, les "26 tonnes" d'aide humanitaire envoyées jusqu'à présent par le Venezuela "ont été livrées directement à l'Institut de la Défense civile sous la supervision du gouvernement péruvien".

Pour sa part, le président Alan Garcia a déclaré que son homologue vénézuélien Hugo Chavez n'a aucune nécessité de mener une campagne politique au Pérou. En ajoutant que "ce n'est pas le moment de profiter des circonstances pour faire de la propagande", Alan Garcia semblait accuser implicitement le PNP d'Ollanta Humala.

Mais ce dernier a rejeté lui aussi toute implication dans l'affaire et la responsable de la communication de son parti, Cynthia Montes, y voit "la main noire" du gouvernement du président Garcia, qui chercherait à dévier l'attention des critiques reçues pour la distribution chaotique de l'aide humanitaire.

Les boîtes de thon bolivariennes restent donc pour l'heure un mystère. Il sera probablement éclairci plus rapidement que l'énigme des fameuses lignes du site archéologique de Nazca, situées elles aussi dans la région d'Ica et heureusement épargnées par le séisme.

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