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Fin du 2e sommet de la Communauté sud-américaine des nations (CSN)
Bolivie - Chavez juge peu utile le sommet sud-américain, divisé sur les modalités d'union
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Aux côtés de Lula (à droite) et d'Evo Morales (centre), Hugo Chavez frappe une monnaie souvenir du sommet de Cochabamba - Photo Patricio Crooker |
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COCHABAMBA, dimanche 10 décembre 2006 (LatinReporters.com) - L'intégration
politico-économique des douze pays de l'Amérique du Sud est
un objectif applaudi, mais les dissensions sur les moyens d'y parvenir et
les critiques émises par le président vénézuélien
Hugo Chavez ont marqué le 2e sommet de la Communauté sud-américaine
des nations (CSN), les 8 et 9 décembre à Cochabamba (Bolivie).
"Nous avons besoin d'un viagra politique!" s'est exclamé Hugo Chavez.
Selon lui, "on prend des décisions, mais nous n'avons pas le pouvoir
de les faire exécuter; elles se réduisent à des tonnes
de papier, car la Communauté sud-américaine n'a ni forme ni
structure". Et de qualifier la Déclaration de Cochabamba,
document final du sommet, de "nouvelle déclaration aérienne que, je
le parie, beaucoup n'ont même pas lue".
Le bouillant vénézuélien avait proposé la création
d'un secrétariat général, mais le sommet s'est
clôturé sans même en débattre. Deux ans après
avoir été lancée à Cuzco
(Pérou), la CSN n'a toujours pas de personnalité juridique. Elle n'a été
dotée à Cochabamba que d'une Commission de hauts fonctionnaires
qui poursuivra pendant un an à Rio de Janeiro la réflexion
sur les multiples facettes de l'intégration continentale.
Confirmée par un premier sommet des chefs d'Etat, en septembre 2005
à Brasilia, l'ambition originelle est pourtant grandiose. Il s'agit
en principe d'unifier politiquement et économiquement l'Amérique
du Sud, de la doter d'un Parlement et d'une monnaie en s'inspirant de la longue
marche de l'Union européenne.
Cette intégration pourrait résulter de la convergence progressive
de deux blocs existants, le Mercosur (marché commun regroupant Brésil,
Argentine, Paraguay, Uruguay et Venezuela) et la Communauté andine
des nations (la CAN, qui réduit les barrières douanières
entre Colombie, Pérou, Equateur et Bolivie). Avec aussi le Chili, le
Surinam et le Guyana, la CSN comprend la totalité des douze pays qui
forment l'Amérique du Sud, soit 377 millions d'habitants sur 17,6 millions
de km².
Dix de ces douze pays et les huit présidents venus au sommet de
Cochabamba relèvent tous de la nouvelle gauche sud-américaine,
mais les affinités idéologiques sont teintées de nuances
et de choix économiques divergents qui compliquent l'intégration.
Amphitryon du sommet, le Bolivien Evo Morales a été contredit
lors du sommet devant ses pairs par le Vénézuélien Hugo
Chavez qu'il invitait à réintégrer la
CAN (dont Chavez
claqua la porte en avril) sans abandonner le Mercosur. Le président
Morales juge les deux organismes utiles à l'intégration continentale.
"Tu m'obliges à le dire, mais, avec tout mon respect, je crois que
la CAN ne sert à rien et le Mercosur non plus" a répondu Chavez.
Le président vénézuélien croit que tant la
CAN que le Mercosur devraient être "reformatés" au profit des
peuples. Il a proposé, sans obtenir de réponse jusqu'à
présent, "la désignation d'un groupe de choc, d'un commando
de présidents pour mettre cela [les projets d'intégration]
en forme et en rendre compte ensuite à nos collègues".
Le président social-démocrate du Pérou, Alan Garcia,
justifia la signature de traités de libre-échange, tel celui
signé par Lima avec Washington, en soulignant que les pays qui ne disposent
pas de matières premières suffisantes [allusion indirecte à
la richesse pétrolière du Venezuela; ndlr] doivent élaborer
des produits pour lesquels il faut trouver des marchés.
En avril dernier, les accords de libre-échange conclus avec les
Etats-Unis par le Pérou et la Colombie furent invoqués par
Hugo Chavez pour justifier sa sortie de la Communauté andine. Le président
vénézuélien soutint en outre ouvertement l'ex-officier
putschiste Ollanta Humala, candidat à la présidence du Pérou,
avant l'élection présidentielle gagnée au second tour
par Alan Garcia le 4 juin dernier. Alors gelées, les relations diplomatiques
entre Lima et Caracas seront peut-être réactivées après
la réconciliation personnelle -mais non idéologique- de Chavez
et Garcia à Cochabamba.
"La globalisation est une réalité" qui bénéficie
aux nations qui savent la gérer nota pour sa part en substance la socialiste
Michelle Bachelet, présidente du Chili. Depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet, son pays
a noué des accords de libre-échange tant avec les Etats-Unis qu'avec l'Union
européenne, l'Association européenne de libre-échange,
la Corée du Sud, la Chine et bientôt avec le Japon, le Vietnam
et l'Inde.
Principal promoteur de la Communauté sud-américaine des nations
qui consacrerait son ambition de puissance continentale, le Brésil joua
à Cochabamba le rôle d'arbitre par la voix de son président
socialiste Luiz Inacio Lula da Silva. Regardant Hugo Chavez pour répondre
à ses critiques, Lula déclara: "Nous n'avons pas le droit d'échouer.
Je suis convaincu que sans une authentique intégration politique, l'Amérique
latine [donc pas seulement l'Amérique du Sud; ndlr] ne s'en sortira
pas. Et nous ne pouvons pas attendre 50 ans comme le fit la Communauté
européenne".
Sur proposition de Lula, le sommet décida de soutenir la ville de
Cochabamba comme siège d'un éventuel et futur parlement sud-américain.
Une initiative qui mit du baume au coeur d'Evo Morales, pris à contre-pied
par son allié Hugo Chavez et dont le sommet social qu'il avait organisé
parallèlement au sommet politique est quasi ignoré par la
Déclaration
de Cochabamba.
Ce 2e sommet de la CSN n'entrera pas dans l'Histoire. Plus homogène
dans les domaines linguistique, culturel et confessionnel que l'Union européenne,
mobilisée par la volonté de combattre la pauvreté omniprésente
et de s'affranchir d'une dépendance excessive des Etats-Unis (sans
nécessairement les maudire comme Hugo Chavez), l'Amérique du
Sud voit son intégration freinée par les divisions, même
au sein de ses gauches, sur le modèle de société. En
Europe, le consensus sur l'économie sociale de marché a favorisé
l'aventure communautaire.
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