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Libre opinion d'un athée anonyme
Prochain pape - Jean Paul III? Latino ou Chinois?
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Le cardinal Paul Shan, président de la Conférence épiscopale de Taiwan Photo Chinese Regional Bishops' Conference |
MADRID, vendredi 8 avril 2005 (LatinReporters.com) - L'émotion planétaire
et les millions de pèlerins à Rome sont un plébiscite
clair: le peuple de l'Eglise réclame de ses cardinaux l'élection
d'un Jean Paul III, d'un continuateur du combat de Jean Paul II pour la paix,
la vie et les droits de l'homme. Plus que celui d'un Latino-Américain,
l'avènement -peu probable- d'un pape chinois élargirait ce
combat.
Certes, la moitié du milliard de catholiques ou considérés
comme tels sont Latino-Américains. La presse mondiale et en particulier
les médias hispaniques en déduisent que le prochain souverain
pontife pourrait venir du Honduras, du Mexique, de Colombie, d'Argentine
ou du Brésil.
L'élection d'un pape africain est aussi envisagée par les
analystes. Elle rendrait justice et espoir, suggèrent-ils, au plus
déshérité des continents.
Au moment d'élire le nouveau chef de l'armée de Dieu, le conclave
cardinalice devrait en principe, si logique et foi sont compatibles, favoriser
la stratégie servant au mieux l'ambition universelle de l'Eglise.
Propulser à la papauté en 1978 un Polonais, l'archevêque
de Cracovie Karol Wojtyla, devenu Jean Paul II, fissura davantage l'empire soviétique et accéléra sa décomposition. Le mur de Berlin s'écroulait
en 1989. Le communisme s'effondra en Europe. "Le pire du communisme est qu'il
veut t'arracher ton âme" avait dit un jour Jean Paul II à José
Maria Aznar, alors président du gouvernement espagnol.
Le communisme vaincu, l'Eglise n'aurait plus d'ennemi extérieur estime
aujourd'hui l'influent quotidien madrilène El Pais. Il croit qu'un
"pape d'Amérique latine serait la grande révolution", d'autant
plus utile à l'Eglise catholique qu'elle serait menacée sur
ce continent par les sectes et églises évangéliques.
Vaincu, vraiment, le communisme? Malgré son ouverture mesurée
au marché, la Chine l'aurait-elle renié? Les libertés
politiques et religieuses fleurissent-elles à Pékin? Les dix
millions de catholiques chinois hostiles à l'Eglise catholique patriotique
officielle ne risquent-ils plus la prison?
Le Vatican, seul Etat européen a maintenir des relations diplomatiques
avec Taiwan, conserve en fait un ennemi naturel qui est, au coeur de l'Asie,
le pays le plus peuplé de la planète. En outre, l'Asie est
le continent qui compte la plus faible proportion de catholiques, à
peine 3% de sa population.
C'est donc là, en Chine et en Asie, où quasi tout reste à
conquérir, que s'étend peut-être le vrai champ de bataille
de l'Eglise. L'Amérique latine lui est déjà acquise
malgré des incertitudes mineures et les enjeux africains sont secondaires
par rapport au défi asiatique et à ses dividendes en cas de
victoire.
Coiffer de la tiare pontificale un prélat chinois serait un pari
idéologique et géopolitique inégalé, quoique
s'inscrivant dans la logique de l'élection de Karol Wojtyla en 1978.
L'Union européenne lèverait-elle alors encore, sans remords,
l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine? Et de quels feux apostolico-sportifs
brilleraient les jeux olympiques de Pékin de 2008!
Dans notre Occident féru de droits de l'homme, les disciples
d'un pape chinois exposés à la police d'un régime champion
olympique des exécutions capitales pourraient rappeller aux partisans du retour aux
sources les premiers chrétiens dans les cirques romains.
En fait, les Chinois ont peut-être plus besoin que les Latino-Américains
d'une théologie de la libération. Alors, miracle au conclave
des cardinaux? Peu y croient.
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