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Bolivie: l'armée en "alerte maximale" et prête à "défendre la démocratie"
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L'état-major bolivien devant les médias - Photo Erbol |
LA PAZ, jeudi 9 juin 2005 (LatinReporters.com) - En kaki de combat, se disant
"en alerte maximale" et prêts à intervenir "si nécessaire"
pour "préserver l'intégrité et la souveraineté
nationale, la loi et la démocratie", les chefs de l'armée bolivienne
ont appelé jeudi à la Paz, devant la presse, "tous les acteurs
de la crise actuelle" à une "trêve politico-sociale pour éviter
le suicide national".
Depuis plus de trois semaines, la Bolivie est paralysée par des dizaines
de barrages routiers et par des manifestations convoquées par des
leaders indiens et par divers syndicats et organisations sociales. Ils réclament
la nationalisation des ressources énergétiques (gaz naturel
et pétrole) et la convocation d'une Assemblée constituante
pour refonder une Constitution peu généreuse envers les populations
de souche autochtone. Ils exigent aussi le gel du processus d'autonomie des
riches départements orientaux.
Le président Carlos Mesa a présenté sa démission
lundi. Réuni jeudi à Sucre, la capitale constitutionnelle,
le Congrès national (Parlement) devait se prononcer sur cette démission
et tenter d'assurer une difficile et polémique succession à
la présidence de la République. Tant les manifestants que Carlos
Mesa et l'Eglise estiment nécessaires des élections anticipées.
Le commandant en chef de l'armée, Luis Aranda Granados, a affirmé
à La Paz devant les médias que les militaires se considèrent
comme "les superviseurs du processus" d'apaisement et comme "l'ultime bastion
de la patrie".
Il a averti que les forces armées interviendront contre toute menace
de division du pays et contre toute rupture du système constitutionnel.
Il a aussi invité les parlementaires "à interpréter
le sentiment du peuple bolivien".
Les observateurs en déduisent que l'armée comprend et respecte
les manifestants, ce qui est en soi une révolution, compte tenu des
quelque 80 morts et 400 blessés lors de manifestations similaires
en octobre 2003. Mais l'armée avertit protestataires et parlementaires
que les limites à ne pas franchir sont celles de la Constitution.
Dans un communiqué, les chefs militaires estiment que "la succession
constitutionnelle [à la présidence de la République]
doit s'effectuer dans un cadre de réflexion profonde et nous exhortons
les membres du Congrès national et les secteurs mobilisés à
écouter tous les acteurs qui font entendre leur voix afin d'éviter
l'affrontement entre Boliviens".
Le communiqué semble lui aussi se faire l'écho des secteurs
protestataires en affirmant que "la société exige une profonde
transformation du système politique" pour fonder "une nouvelle Bolivie"
dans laquelle il serait possible "de participer au processus de développement
de manière transparente".
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