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Présidentielle et législatives du 4 décembre 2005
Bolivie-élections: favori, Evo Morales se modère sauf sur la coca

Le leader indien Evo Morales
Photo Jeremy Bigwood
par Richard Uzta

LA PAZ, jeudi 29 septembre 2005 (LatinReporters.com) - Candidat d'extrême gauche à la présidence de la Bolivie, l'Indien Evo Morales est en tête des sondages à quelque deux mois des élections générales du 4 décembre. Leader du Mouvement vers le socialisme (MAS), il est aussi dirigeant syndical des producteurs de coca, matière première de la cocaïne. Il est surtout la "bête noire" des Etats-Unis.


Autochtone de l'ethnie aymara -les deux tiers des 9 millions de Boliviens sont de souche indienne- Evo Morales fut l'un des principaux acteurs de la "guerre du gaz". Lors de ce conflit social, de septembre 2003 à juin 2005, le pays a été plusieurs fois paralysé par des mobilisations populaires en faveur d'une renationalisation des ressources énergétiques. Les réserves de gaz naturel de la Bolivie sont les plus importantes d'Amérique du Sud après celles du Venezuela.

Les sondages donnent à Evo Morales une avance appréciable sur Jorge "Tuto" Quiroga, ex-bras droit du défunt général Hugo Banzer. En sa qualité de vice-président, M. Quiroga assuma la dernière année (2001-2002) du mandat présidentiel du général, foudroyé par un cancer.

Deux sondages publiés fin septembre créditent Evo Morales de 28% et 26,1% des intentions de vote, contre 22% et 22,6.% à Jorge Quiroga. La troisième place, avec 19% et 12,3%, revient à un patron connu mais néophyte en politique, Samuel Doria, candidat d'un nouveau parti, l'Union nationale (UN).

Second tour indirect

Au soir du premier tour de la présidentielle, le 4 décembre, Samuel Doria pourrait se retrouver en position de faiseur de roi. Tout dépendra de son score, surtout du nombre de parlementaires de sa formation (législatives et présidentielle sont simultanées) et de son choix d'un éventuel allié.

L'élection présidentielle bolivienne est à deux tours, le premier direct et au suffrage universel, le second indirect. Si aucun des candidats ne passe la barre des 50% au 1er tour, il appartient au Parlement, fraîchement élu à la proportionnelle départementale, de choisir le président entre les deux postulants arrivés en tête. Cette procédure était à l'origine destinée à doter le chef de l'Etat d'une majorité parlementaire. Mais l'histoire récente de la Bolivie a démontré que les majorités ainsi formées ne durent souvent que quelques mois. L'indépendant Eduardo Rodriguez, ex-président de la Cour suprême de justice, est actuellement le troisième chef de l'Etat en trois ans.

Derrière les trois candidats les mieux placés, tous les autres sont sous les 2% dans les sondages, y compris celui du Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) de l'ex-président conservateur Gonzalo "Goni" Sanchez de Lozada. Le candidat du MNR, Michiacki Nagatani, est un inconnu de descendance nippone. Comme le Brésil et le Pérou, la Bolivie a connu une immigration de ressortissants du pays du soleil levant.

A l'annonce des résultats de ces sondages, Evo Morales s'est gardé de tout triomphalisme. Pour lui, la seule enquête d'opinion qui compte sera le premier tour. Il a même donné ces derniers jours des gages de modération. Il étudie "avec responsabilité" la politique budgétaire et la stabilité monétaire. "Ces thèmes nous enseignent à être responsables" précisait-il lors d'une conférence de presse.

Seul point sur lequel il s'est montré inflexible: son intention de dépénaliser la culture de la coca. Avec, en revanche, l'assurance qu'il pratiquerait une politique de "tolérance zéro" à l'égard du narcotrafic.

Depuis la présidence du général Banzer (1997-2001), la Bolivie a engagé sous la pression de Washington une politique d'éradication des plantations illégales de cocaïers. Seule la culture de 12.000 hectares pour couvrir la consommation traditionnelle est autorisée dans la vallée tropicale des Yungas, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de La Paz.

La tension exercée en Colombie sur la guérilla dans le cadre du plan américain "Colombia" a encouragé la plantation de coca au Pérou et en Bolivie. Elle est dans ces deux derniers pays une culture ancestrale, mais au cours de la décennie précédente, elle s'était en partie déplacée en Colombie où elle bénéficiait de la protection des groupes armés. On estime qu'aujourd'hui les cultures illégales en Bolivie couvrent entre 7.000 et 20.000 hectares, essentiellement dans le Chaparé (région de Cochabamba), à 400 km à l'est de La Paz.

Coup de pouce involontaire des Etats-Unis

En 2002, Evo Morales avait créé la surprise en accédant au second tour de l'élection présidentielle, alors qu'au début de la campagne il faisait figure de candidat marginal. Depuis, avec la crise que connaît le pays, il apparaît de plus en plus comme l'homme fort de la politique bolivienne, sans être encore vraiment considéré comme une alternative.

Il bénéficia en 2002 d'un coup de pouce involontaire de l'ambassadeur américain de l'époque, Manuel Rocha. A quelques jours du scrutin, le diplomate mettait en garde les Boliviens. "Elire ceux qui veulent que la Bolivie redevienne exportatrice de cocaïne, déclarait-il, mettra en péril le futur de l'aide des Etats-Unis... Une Bolivie dirigée par des gens qui ont bénéficié du narcotrafic ne pourrait espérer que les marchés des Etats-Unis restent ouverts à ses exportations de textile et de gaz naturel." Contrairement à l'effet recherché, ces propos donnèrent des ailes à la candidature d'Evo Morales. Aujourd'hui, on murmure à La Paz que si la position de favori d'Evo Morales se consolidait, l'ambassade américaine serait disposée à le recevoir.

Par ailleurs, les élections du 4 décembre devraient être marquées par une entrée massive des femmes au Parlement. La loi oblige pour la première fois à mettre 30% de femmes sur les listes. Tous les partis sont au-dessus de ce quota.

Enfin, le scrutin de décembre consacrera le discrédit des trois grands partis traditionnels. Ils semblent jouer leur survie après avoir dominé la vie politique du pays au cours des 50 dernières années. Deux ne présentent pas de candidat à la présidentielle: le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR, social-démocrate, membre de l'Internationale socialiste) et l'Action démocratique nationale (ADN, droite), de l'ex-président Banzer. Plutôt que d'assumer l'héritage de son parrain, l'ancien protégé de Banzer, Jorge Quiroga, a créé une nouvelle formation, Pouvoir démocratique et social, dont le sigle Podemos signifie "nous pouvons".

Quant au Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), à l'origine de deux révolutions en Bolivie, l'une de gauche en 1952, l'autre ultra-libérale en 1985, il est aussi menacé de disparition. Le même président, Victor Paz Estenssoro, avait défait ce qu'il avait construit, privatisant vigoureusement après avoir étatisé 70% de l'économie trois décennies plus tôt.

C'est précisément pour tenter de rendre à l'Etat le contrôle des ressources énergétiques privatisées, en particulier le gaz naturel, que depuis 2003 des mobilisations populaires ont balayé successivement le dernier chef de l'Etat élu sur une liste du MNR, Gonzalo Sanchez de Lozada, et le vice-président indépendant qui lui avait succédé, Carlos Mesa. Nul ne peut assurer que les élections anticipées du 4 décembre ramèneront la stabilité.

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