- Le ministre de la
Défense du Brésil, Nelson Jobim, et son homologue des Etats-Unis,
le secrétaire à la Défense Robert Gates, ont signé
le 12 avril un accord bilatéral de coopération militaire visant à faciliter
l'achat d'armes et les contacts entre les forces armées des deux pays.
Le Brésil affirme que l'accord ne prévoit pas l'usage de bases
brésiliennes par les forces américaines.
"Cet accord permettra d'approfondir à tous les niveaux la coopération
entre les Etats-Unis et le Brésil en matière de défense"
a déclaré Robert Gates après la cérémonie
de signature au Pentagone, siège du département de la Défense,
près de Washington.
L'accord ne viole "nullement" les principes de souveraineté et de
non-intervention dans les affaires internes d'autres pays affirmait ensuite
Nelson Jobim lors d'une conférence de presse à la résidence
de l'ambassadeur du Brésil à Washington.
La semaine dernière à Brasilia, le gouvernement brésilien
avait démenti les informations de médias latino-américains
selon lesquelles l'accord permettrait l'usage de bases brésiliennes
par l'armée des Etats-Unis. Ces médias faisaient un rapprochement
avec l'
accord américano-colombien d'octobre 2009, qui
autorise pour une période de dix ans renouvelable l'utilisation d'au moins sept bases
colombiennes par les forces américaines. L'accord militaire entre
Washington et Bogota fut vivement critiqué par le Brésil et
la majorité des pays latino-américains, en particulier le Venezuela,
qui a gelé depuis ses relations diplomatiques et commerciales avec
la Colombie.
Le Super Tucano brésilien intéresserait le Pentagone
Selon Nelson Jobim, l'accord entre le Brésil et les Etats-Unis pourrait
favoriser l'avionneur brésilien Embraer dans le prochain achat par
Washington de cent avions anti-insurgés et de cent autres dans une
seconde phase. Envisageant le choix définitif par le Pentagone du Super
Tucano d'Embraer [ndlr : appareil utilisé notamment par l'armée
colombienne contre la guérilla des FARC], le ministre brésilien
de la Défense a jugé utile de préciser que le nouvel
accord bilatéral ne porte pas sur la lutte contre des insurrections.
Il n'a pas indiqué, l'ignorant peut-être et ce point n'étant
pas de son ressort, à quels théâtres concrets d'opérations
Washington pourrait destiner les avions.
Ce marché se négocie au moment où le F-18 de l'avionneur
américain
Boeing demeure en
concurrence avec le Gripen du suédois Saab et le Rafale français de Dassault pour le renouvellement partiel, portant sur un premier lot de 36 unités, des vieux Mirage français et F-5 américains de la force aérienne brésilienne. Le ministre Jobim avait exprimé la semaine dernière sa préférence pour le Rafale. Ce dossier devait à nouveau être abordé
ce 13 avril par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva
et son homologue français Nicolas Sarkozy. Les deux chefs d'Etat participent
au sommet sur la sécurité nucléaire convoqué à Washington par le président
Barack Obama.
Outre la vente et l'achat d'armements, l'accord militaire américano-brésilien
veut promouvoir la coopération dans le développement de la technologie,
ainsi que la réalisation d'exercices militaires conjoints et l'échange
d'étudiants et d'instructeurs.
"Je crois que la coopération en matière de défense
entre les Etats-Unis et le Brésil établit un exemple important,
une alliance qui offre à l'ensemble du continent un modèle
transparent et positif" a estimé le secrétaire américain
à la Défense Robert Gates.
Information réclamée par l'UNASUR
Quatre jours avant la signature annoncée du nouvel accord, Ricardo
Patiño, ministre des Affaires étrangères de l'Equateur,
pays qui assume la présidence tournante de l'UNASUR (Union des nations
sud-américaines), se déclarait à Quito "sûr que
le Brésil fournira le plus rapidement possible l'information" [sur
l'accord militaire avec les Etats-Unis].
"C'est important, car
il existe entre
les pays de l'UNASUR l'accord de s'offrir mutuellement l'information sur
tout dossier relatif aux affaires militaires et de sécurité"
précisait le ministre équatorien, dont le pays est membre de
l'ALBA, l'Alliance bolivarienne pour les Amériques qui unit, sous la
houlette du Venezuela de Hugo Chavez, les pays latino-américains gouvernés
par la gauche radicale.
La Colombie rendit public le 3 novembre 2009 le texte de son accord militaire
avec les Etats-Unis signé quatre jours plus tôt. Le Venezuela,
lui, refuse de diffuser le texte de son accord militaire avec la Russie signé
le 15 août 2009. Dominée par les députés fidèles
au président Hugo Chavez, l'Assemblée nationale vénézuélienne
décida le 25 septembre 2009 de garder secret cet accord pendant au moins cinq ans.
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