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Lula: 60,83% - Alckmin: 39,17%
Brésil: réélu président, Lula promet croissance, unité et priorité aux pauvres
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Lula réélu triomphalement président du Brésil avec 60,83% des voix - Photo Ricardo Stuckert |
SAO PAULO, lundi 30 octobre 2006 (LatinReporters.com) - Croissance économique
dans la discipline budgétaire, avec attention prioritaire aux pauvres,
et unité, tant intérieure que de l'Amérique du Sud autour
de son marché commun Mercosur, sont les promesses faites dimanche soir
à Sao Paulo par Luiz Inacio Lula da Silva après sa réélection
triomphale à la présidence du Brésil.
Candidat du Parti des travailleurs (PT, gauche), premier ouvrier élu
chef de l'Etat brésilien (en 2002 avec 61,3% des voix) et icône
de la gauche latino-américaine, Lula a obtenu au second tour de l'élection
présidentielle 60,83% des suffrages (48,61% au premier tour) contre
39,17% à son adversaire Geraldo Alckmin (41,64% au premier tour), candidat
du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre
droit). En dépit de l'obligation de vote, 18,99% des 126 millions
d'électeurs brésiliens ne se sont pas rendus aux urnes.
Décrochant son second (et constitutionnellement dernier) mandat
de quatre ans avec quelque 58,3 millions de voix, chiffre record dans l'histoire
électorale du Brésil, Lula gagne 11,6 millions de suffrages
par rapport au premier tour du 1er octobre. Par contre, les 37,5 millions
de voix de Geraldo Alckmin marquent un recul de 2,4 millions en comparaison
du même premier tour.
Lula l'emporte dans quatre des cinq ensembles régionaux du pays,
Nord, Nord-Est, Centre-Ouest et Sud-Est. Alckmin n'est en tête que dans
le Sud, alors qu'au premier tour il dominait en plus le Sud-Est et le Centre-Ouest.
Les résultats du second tour réduisent ainsi la portée
des multiples analyses sur une cassure régionale qu'auraient dessinée
les votes du premier tour entre un Brésil des pauvres et un autre
des riches. Il est néanmoins vrai que le poumon économique
du pays, l'Etat et la ville de Sao Paulo, demeure le fief de Geraldo Alckmin.
Cela n'a pas empêché Lula d'y fêter sa victoire. Portant
un tee-shirt frappé de l'inscription "A vitória é do
Brasil" (La victoire est celle du Brésil), l'ex-ouvrier métallurgiste,
âgé de 61 ans, a fait ses premières promesses post-électorales
aux milliers de sympathisants qui l'acclamaient en agitant des drapeaux sur
l'Avenida Paulista de Sao Paulo.
Après avoir salué ce "moment magique" de la démocratie
brésilienne, capable de "mettre en haut ceux qui viennent d'en bas",
Lula a annoncé pour 2007 une croissance de 5%, soit le double du taux
actuel. La faible croissance par rapport aux autres pays d'Amérique
du Sud fut l'une des principales critiques, avec la corruption, adressée
par Alckmin à Lula.
Parmi les catalyseurs de cette relance économique, Lula a cité
la construction de voies ferrées, d'usines hydro-électriques
et de lignes à haute tension, ainsi que d'importants investissements
du géant public des hydrocarbures brésiliens, Petrobras, notamment
dans la construction de 4.000 km de gazoducs.
Mais Lula a prévenu qu'il maintiendra "une politique fiscale dure",
mots que les observateurs traduisent par discipline budgétaire. "On
ne peut pas dépenser plus que ce qu'on gagne... Au-delà des
revendications de mes compagnons syndicalistes, on ne pourra donner aux gens
que ce que permet la responsabilité" a lancé le président
réélu. Cette profession de foi dément peut-être
un récent virage plus marqué à gauche parfois imputé
à Lula, qui semble plutôt vouloir conserver la confiance qu'il
a gagnée lors de son premier mandat au sein des milieux financiers,
mais au prix de critiques de l'aile dure du PT.
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"C'est à nouveau Lula" titre le Diario de Sao Paulo. Réélu, Lula embrasse le drapeau brésilien |
En contrepartie, Lula accordera "la priorité absolue aux plus pauvres".
Ses programmes sociaux d'aide immédiate, telle la Bourse-Famille, lui
avaient permis de se présenter à l'élection présidentielle
comme "le candidat des pauvres", un slogan qui contribua à sa victoire.
En politique intérieure, minée par l'impossibilité
de tout parti de réunir à lui seul une majorité tant
de députés que de sénateurs (un morcellement confirmé
par les législatives du 1er octobre), Lula prône l'unité
en faveur des priorités économiques qui seraient coulées
dans un plan de développement national. Lula tentera par ailleurs de
mener à bien une réforme politique visant à garantir
la fidélité des parlementaires au parti qui les a fait élire.
Les transfuges et marchandages politiques pour tenter de construire une
majorité parlementaire ont été à l'origine de
scandales de corruption qui éclaboussent depuis plus d'un an le PT
de Lula. Il s'y référait implicitement en affirmant, dimanche
soir à la foule de ses partisans en liesse, que le gouvernement "n'a
désormais plus le droit moral, éthique ni politique de commettre
des erreurs".
Le dialogue national souhaité par Lula pourrait être favorisé
par le soutien d'une majorité de gouverneurs des Etats élus
également ce mois d'octobre. Le PT ne contrôle directement l'exécutif
régional que dans 5 des 27 Etats du Brésil, mais alors qu'une
majorité des Etats était hostile à Lula lors de son premier
mandat, 15 des 27 gouverneurs l'appuieront probablement désormais.
Le président a par ailleurs apprécié la courtoisie de
son adversaire Geraldo Alckmin, qui avait félicité Lula par
téléphone avant même le décompte total des bulletins
de vote.
Sur le plan continental, Lula a renouvelé sa confiance dans le développement
du Mercosur, marché commun sud-américain créé
par le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay et qu'a rejoint
cette année le Venezuela d'Hugo Chavez. Selon le président brésilien,
le Mercosur doit devenir pour l'ensemble de l'Amérique latine le mécanisme
d'intégration de référence. Alors que sur ce chapitre
Hugo Chavez ne cesse d'attribuer à Washington un rôle déstabilisateur,
Lula s'est gardé, dimanche, de critiquer les Etats-Unis.
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