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Editorial
Brésil - Contradictions du pape Benoît XVI dans son message à l'Amérique latine
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Le pape Benoît XVI © V Encuentro Mundial de las Familias | |
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MADRID, lundi 14 mai 2007 (LatinReporters.com) - Amour catholique du prochain mêlé de dédain
à l'égard de croyances évangéliques et précolombiennes;
recommandation au clergé d'un apolitisme ponctué néanmoins du rejet
d'idéologies "que l'on croyait dépassées"...
Ces contradictions dominent le message à l'Amérique latine
du pape Benoît XVI, accueilli au Brésil du 9 au 13 mai.
La défense absolue du mariage et de la famille, la chasteté
comme prévention implicite du sida et le "respect de la vie de sa
conception à son déclin naturel" sont des options polémiques
en Amérique latine et ailleurs. En les prônant lors de son premier
voyage latino-américain comme lors de ses parcours européens,
Benoît XVI a peu surpris, si ce n'est qu'il a élargi l'éventualité
d'excommunication pour avortement aux mandataires politiques qui, à
l'instar récemment de parlementaires du district fédéral
de Mexico, légalisent ce que Rome assimile au Massacre des Innocents.
Malgré l'ampleur du débat sur l'avortement (il faudra un jour mesurer sa part dans le
vieillissement de populations brandi pour justifier des flux migratoires qui déstructurent), on
attendait davantage l'opinion du pape sur des problèmes spécifiques que rencontre
l'Eglise au Brésil et dans d'autres pays du continent, à savoir
la concurrence de protestants évangéliques ou pentecôtistes,
la revendication de valeurs autochtones amérindiennes et le virage
politique à gauche de la région.
Benoît XVI a qualifié de "sectes au prosélytisme agressif
" les groupes protestants en constante progression en Amérique latine.
Il a souligné que "l'Eglise ne fait pas de prosélytisme ...
elle se développe plutôt par attraction, comme le Christ attirait
à lui avec la force de son amour".
Le souverain pontife a réfuté la responsabilité de
l'Eglise dans l'anéantissement des civilisations précolombiennes.
Selon Benoît XVI, les Amérindiens "attendaient silencieusement"
de devenir chrétiens lorsqu'à partir du 15e siècle les
colonisateurs espagnols et portugais ont débarqué. "Embrasser
la foi les a purifiés", a-t-il dit, ajoutant que "l'utopie de redonner
vie aux religions précolombiennes ... ne serait pas un progrès
mais une régression".
Hostile à la Théologie de la Libération, née
au Brésil dans les années 1960, Benoît XVI a affirmé
que le catholicisme "n'est pas une idéologie politique ni un mouvement
social ni un système économique", mais "la foi en un Dieu amour".
Il a néanmoins critiqué les "gouvernements autoritaires" et
le retour de "certaines idéologies que l'on croyait dépassées
et qui ne correspondent pas à la vision chrétienne de l'homme
et de la société".
Tous les observateurs y ont décelé une attaque contre la gauche
antilibérale et pro-cubaine qui domine le Venezuela d'Hugo Chavez
et la Bolivie du président amérindien Evo Morales, que le pape
n'a toutefois pas cités.
"Le système marxiste, quand il a réussi à se frayer
un chemin au gouvernement, n'a pas seulement laissé un triste héritage
de destruction économique et écologique, mais aussi une douloureuse
destruction de l'esprit humain", a estimé Benoît XVI. Pour compenser,
il s'en est pris aussi au capitalisme sauvage et à la globalisation,
qui entraîne une "inquiétante dégradation de la dignité
personnelle à travers la drogue, l'alcool, et de fausses illusions
de bonheur". Mais sans la globalisation médiatique, l'information
étant elle-même une valeur marchande cotée en bourse,
quelle portée aurait aujourd'hui la voix du pape?
La contradiction entre son message d'amour et celui de rejet d'autres
cultes, entre l'appel à la dévotion dépolitisée
et la censure de régimes de gauche -imparfaits et menacés de
dérive autoritaire, mais élus sous des apparences démocratiques-
fera planer un nuage d'intolérance sur la Vème Conférence
des évêques d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAM)
inaugurée par Benoît XVI le dernier jour de sa visite au Brésil.
Réunie pour la première fois depuis 15 ans, la CELAM tracera
d'ici la fin du mois de mai les grandes orientations de l'Eglise sur le continent
théoriquement le plus catholique au monde.
Icône de la gauche latino-américaine, mais converti à
la modération sociale-démocrate, le président brésilien
Luiz Inacio Lula da Silva se dit croyant. Il a accueilli le pape avec respect
tout en défendant la laïcité de l'Etat brésilien,
refusant un concordat que lui proposait Benoît XVI pour renforcer l'influence
de l'Eglise au Brésil. A César ce qui est à César
et à Dieu ce qui est à Dieu. Puissent les démocrates
opposer ce message à toutes les religions et en priorité, aujourd'hui,
à l'islam.
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