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Chili-élections: une femme présidente serait la seule révolution

La socialiste Michelle Bachelet, favorite de l'élection présidentielle
Photo www.michellebachelet.cl
SANTIAGO, dimanche 11 décembre 2005 (LatinReporters.com) - Confiance renouvelée au centre gauche libre-échangiste ou vote pour une droite qui se dit désormais socio-libérale et qui renie l'ex-dictateur Pinochet: c'est l'alternative proposée aux 8,2 millions d'électeurs chiliens à la présidentielle et aux législatives de dimanche. Qu'une femme, Michelle Bachelet, devienne présidente serait la seule révolution. Le Chili n'est pas le Venezuela.

Socialiste et candidate présidentielle de la Concertation -coalition de socialistes, de démocrates-chrétiens et de radicaux au pouvoir depuis la fin de la dictature, en 1990- Michelle Bachelet caracolait largement en tête du dernier sondage avec 41% des intentions de vote. Chiffre qui rend néanmoins inévitable un second tour, le 15 janvier 2006. "Nous gagnerons trois fois: au premier tour [de la présidentielle], aux législatives et au second tour" clame Michelle Bachelet.

Cette femme médecin, pédiatre souriante de 54 ans, mère de trois enfants de deux pères différents, estime représenter "tous les péchés capitaux" concevables au Chili. "Je suis femme, socialiste, séparée et agnostique" explique-t-elle.

Ce n'est pas tout: son père, le général de la force aérienne Alberto Bachelet, mourut dans les prisons de Pinochet. Il était resté loyal au président socialiste Salvador Allende, renversé par le coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973.

Michelle Bachelet n'en devint pas moins ministre de la Défense, après l'avoir été de la Santé, dans l'équipe gouvernementale du président socialiste sortant, Ricardo Lagos. L'image télévisée, en 2002, de la femme ministre dirigeant sur un char des opérations de secours lors des inondations de Huechuraba créa la popularité ouvrant aujourd'hui le chemin du palais présidentiel de La Moneda.

Face à la candidate socialiste, la droite est divisée. Le milliardaire libéral Sebastian Piñera, opposant notoire à la continuité de Pinochet lors du référendum perdu en 1988 par le dictateur, est crédité de 22% des intentions de vote à la tête de la Rénovation nationale (RN). Ce Berlusconi chilien, principal actionnaire de nombreuses entreprises, dont une chaîne de télévision et la compagnie aérienne LAN, met l'accent sur sa capacité à créer des emplois. Si son libéralisme mord, comme le croient les analystes, sur l'électorat démocrate-chrétien de la Concertation, un second tour Bachelet-Piñera compliquera, sans nécessairement la remettre en question, la victoire finale de la socialiste.

Sebastian Piñera devançait dans les sondages Joaquin Lavin (19%), candidat de l'Union démocratique indépendante (UDI). Cet ex-maire de Santiago et ex-conseiller économique de Pinochet avait, en 1999, accédé au second tour de la présidentielle et obtenu 48,69% des suffrages contre 51,31 % au vainqueur, le socialiste Ricardo Lagos. Représentant de la droite dure, Joaquin Lavin a fait campagne contre l'insécurité. Mais il a surpris en soulignant parmi ses priorités la réduction des inégalités sociales. Il s'est en outre démarqué du général Pinochet, lui reprochant la fraude fiscale que la justice impute à l'ex-dictateur.

Une nouvelle victoire de la Concertation serait la quatrième consécutive de cette coalition de centre gauche depuis le retour à la démocratie. Le pedigree de Michelle Bachelet et le fait qu'elle serait la première femme chef d'Etat au Chili semblent balayer les risques d'usure du pouvoir. La candidate socialiste personnalise en somme le changement dans la continuité. Elle veut, elle aussi, réduire les brèches sociales, surtout celles qui frappent les femmes. Cette politique supposerait notamment l'amélioration des réseaux d'éducation et de santé.

La justice sociale pourrait donc être le leitmotiv de la prochaine législature dans un Chili considéré comme le meilleur élève de la classe économique latino-américaine, mais où 10% de la population monopolise 47% des revenus. La Concertation avait déjà commencé à rendre ses lettres de noblesse à la Justice tout court en favorisant les poursuites contre des tortionnaires de la dictature et en obtenant de l'armée un pardon public pour les 3.190 morts et disparus et les quelque 30.000 cas de torture imputés au régime du général Pinochet. A 90 ans, ce dernier n'est pas autorisé à voter, car il est à nouveau en détention domiciliaire, assigné à résidence par les tribunaux. Les familles de victimes de la dictature conservent l'espoir de le faire enfin condamner pour crimes contre l'humanité.

Mais le Chili n'est pas le Venezuela. Pas de révolution bolivarienne à Santiago. Tomas Hirsch, candidat de Juntos Podemos Mas (Ensemble nous pouvons davantage), coalition de l'extrême gauche écolo-communiste pro-Chavez et pro-Castro, n'a été crédité que de 7% des intentions de vote.

La Concertation ne remet pas en question les fondements de l'économie de marché qui assure au Chili une croissance économique soutenue (hausse réelle du PIB de 3,7% en 2003, de 6,1% en 2004 et de 5,5 à 6% en 2005, selon le FMI).

Sous le mandat du président socialiste sortant, Ricardo Lagos, le Chili a conclu des accords de libre-échange avec les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Association européenne de libre-échange, la Corée du Sud et la Chine. Un autre est en gestation avec le Japon. Et dans son programme de gouvernement, Michelle Bachelet assume textuellement la globalisation -certes, à visage humain- et se prononce en faveur de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA; ALCA en espagnol), chère à Washington, mais vivement combattue par Cuba et par le Venezuela et, dans une moindre mesure, par le Brésil et l'Argentine.

Le miracle économique chilien explique peut-être l'absence à Santiago de discours officiels américanophobes qui visent parfois, dans d'autres pays d'Amérique latine, à masquer des échecs internes. Cela ne signifie pas l'octroi aux Etats-Unis d'un chèque en blanc. En 2003, alors membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, le Chili avait refusé d'avaliser l'invasion de l'Irak, malgré le risque de compromettre, par ce refus, l'accord de libre-échange que Washington n'avait pas encore ratifié.

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