BOGOTA, dimanche 1er août 2010 (LatinReporters.com) -
Le gouvernement du conservateur Juan Manuel Santos, qui succédera
le 7 août à Alvaro Uribe à la présidence
de la Colombie, "ne maintient pas fermées les portes de la paix" et
est disposé à dialoguer avec la guérilla des FARC, mais
à certaines conditions, a indiqué le 31 juillet le vice-président
colombien élu, Angelino Garzon.
Il s'adressait à des journalistes dans la ville de Cali (sud-ouest),
au lendemain de la diffusion d'une vidéo dans laquelle Alfonso Cano,
chef suprême des FARC (Forces armées révolutionnaires
de Colombie; marxistes) proposait au gouvernement entrant du président
élu Juan Manuel Santos un dialogue menant à la réconciliation.
Principal mouvement de guérilla du pays, les FARC luttent contre Bogota
depuis 1964.
Selon Angelino Garzon, il faudrait que les FARC "libèrent sans condition
toutes les personnes séquestrées et renoncent aux enlèvements,
au terrorisme et aux mines antipersonnel".
La guérilla devrait aussi "remettre en liberté tous les garçons
et fillettes qu'elle a recrutés de force et dire à la population
que cette violence n'a pas de sens" a poursuivi le vice-président colombien
élu.
Si les rebelles s'engagent dans cette voie, "soyez sûrs que Juan Manuel
Santos sera d'une grande générosité
pour construire des accords de paix, ainsi que des processus de réconciliation
et de pardon" a souligné Angelino Garzon, précisant néanmoins
que cela s'inscrirait dans "un processus de réparation aux victimes de la violence".
Dans sa vidéo, le chef des FARC Alfonso Cano (de son vrai nom Guillermo
Leon Saenz) citait cinq chapitres essentiels devant dominer le dialogue qu'il
propose au gouvernement de Juan Manuel Santos: l'accord qui permet aux Etats-Unis
l'utilisation de bases militaires colombiennes, les droits de l'homme et
le droit humanitaire international, la possession des terres, le régime
politique et le modèle économique.
Cette proposition par la guérilla d'un dialogue ouvrant des espoirs
de paix est lancée au moment où le Venezuela et son président
Hugo Chavez tentent, en vain jusqu'à présent, de convaincre
l'Unasur (Union des nations sud-américaines) d'imposer à la
Colombie "un plan de paix sud-américain sérieux", selon les termes de Nicolas
Maduro, ministre vénézuélien des Affaires étrangères.
Des analystes y voient une coordination entre la guérilla et le Venezuela,
pays accusé par Bogota d'appuyer les FARC en abritant 1.500 guérilleros
colombiens dans plusieurs dizaines de camp servant de bases de repli et d'attaque
contre la Colombie voisine.
Lancée le 22 juillet devant l'Organisation des Etats américains
(OEA) et aussitôt niée par Caracas, cette accusation a été
suivie de la rupture des relations diplomatiques bilatérales décrétée
par Hugo Chavez. Le président vénézuélien a renforcé
ses effectifs militaires en divers points de la frontière commune,
longue de 2.219 km. Il prétend que la Colombie cherche un prétexte
à une "guerre" qu'inspireraient les Etats-Unis contre le Venezuela.
Hugo Chavez et les FARC en appellent à l'esprit de dialogue de Juan
Manuel Santos, élu le 20 juin à la présidence de la
Colombie. Son score historique de 69% des suffrages a toutefois ratifié
l'appui des Colombiens aux défaites sans précédent qu'il
infligea aux insurgés en qualité de ministre de la Défense.
Dialogue ne signifierait pas nécessairement concessions politiques
à des guérilleros sans soutien électoral, mais qui revendiquent
d'être associés au pouvoir national colombien tout en appuyant
le socialisme dit bolivarien en vigueur à Caracas. Les conditions
à un dialogue avec la guérilla posées au nom de M. Santos
par son vice-président élu Angelino Garzon diffèrent
d'ailleurs peu des exigences maintenues au cours de ses deux mandats par
Alvaro Uribe, le président conservateur colombien sortant.
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