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Interview du président français à la chaîne colombienne RCN
Sarkozy à Marulanda (FARC): ne pas libérer Ingrid Betancourt serait "un assassinat de sang-froid"
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Manuel Marulanda, chef suprême des FARC. Réfugié au Venezuela et protégé par Hugo Chavez, selon RCN Archives - Photo ANNCOL | |
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BOGOTA, jeudi 6 mars 2008 (LatinReporters.com) -
S'adressant à nouveau au fondateur et vieux (78 ans) chef suprême de la guérilla
marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), le président
français Nicolas Sarkozy le prie, dans une interview à
la chaîne colombienne RCN-Télévision, de libérer
Ingrid Betancourt afin de ne pas porter le poids de "son assassinat de
sang-froid".
Enlevée le 23 février 2002, la célèbre Franco-Colombienne
est séquestrée par les FARC depuis plus de six ans. Sa libération
et celle d'autres otages font l'objet d'un chantage, la guérilla exigeant,
outre la libération de guérilleros emprisonnés, des
avantages territoriaux et politiques. Le président vénézuélien
Hugo Chavez apporte aux FARC un soutien politique, logistique et financier
confirmé, selon Bogota, par le contenu des ordinateurs du numéro deux des
FARC, Raul Reyes, abattu par l'armée colombienne le 1er mars.
"Je dis au chef des FARC, à Manuel Marulanda, qu'il a sur ses épaules
le poids de la responsabilité de la vie ou de la mort d'une femme
[Ingrid Betancourt] et qu'il doit évaluer parfaitement la décision
qu'il va prendre. Car cette femme est en danger de mort et elle peut mourir
dans les prochains jours. Il doit savoir s'il veut laisser inutilement mourir
une femme dans la jungle ou s'il veut la libérer" déclare
Nicolas Sarkozy dans son interview exclusive à RCN-Télévision
diffusée le 5 mars.
NDLR - Nos citations reflètent la traduction espagnole simultanée
qui couvrait les propos de Nicolas Sarkozy, quasi inaudible sous la voix
du traducteur. M. Sarkozy a donc pu utiliser en français des mots
parfois différents de ceux que nous publions. Voir
script en espagnol de l'interview du président français.
Dernière heure: version officielle intégrale en français sur le site de l'Elysée.
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"S'il la laisse mourir, cela signifiera qu'il est responsable d'un assassinat.
S'il la libère, cela signifiera qu'il aura fait un geste humanitaire...
Les FARC sont sur une liste d'organisations terroristes. Les FARC doivent
savoir si elles veulent sortir de la liste ou y rester... Si elles libèrent
Ingrid Betancourt, peut-être une partie du monde regardera-t-elle les
FARC d'une façon un peu différente.... Une chose est sûre:
si Ingrid Betancourt n'est pas libérée dans un cadre humanitaire,
les FARC ne sortiront jamais de la liste [des organisations terroristes],
car, je le répète, cela signifierait un assassinat de sang-froid"
argumente Nicolas Sarkozy.
Et d'insister: "C'est un geste humanitaire que je demande à Manuel
Marulanda... D'autres éléments concourent à ce que l'organisation
[des FARC] soit considérée comme terroriste, mais si cette
organisation émet des signaux d'humanité, je dis d'humanité,
il est très clair que ceux qui ont à se prononcer sur l'élaboration
d'une liste sauront en tirer les conséquences en temps voulu. Ce n'est
pas automatique. Mais Manuel Marulanda doit savoir choisir le bon ou le mauvais
chemin et le monde entier le regarde".
"Chacun doit respecter les frontières de l'autre"
Se référant à la mort de Raul Reyes, le numéro
deux des FARC tué le 1er mars par l'armée colombienne, le
président français note que "Monsieur Reyes était
l'un des porte-parole des FARC" [et un interlocuteur clef de la France
dans l'affaire Betancourt; ndlr], mais "ce n'est pas parce qu'il est mort
qu'on ne dialoguera plus".
En attaquant sur le territoire de l'Equateur voisin le camp des FARC où
ont été tués Raul Reyes et 16 autres guérilleros,
la Colombie du président conservateur Alvaro Uribe a
déclenché une crise qui secoue la région. Rafael Correa,
président de l'Equateur et socialiste radical, ainsi que son allié
idéologique vénézuélien, Hugo Chavez, ont rompu
leurs relations diplomatiques avec Bogota et massé des troupes à
proximité de la frontière colombienne.
Interrogé sur cette question, le président Sarkozy dit "comprendre
parfaitement le peuple colombien, qui a eu des problèmes de sécurité
et a vécu dans la terreur". Il ajoute néanmoins que "chacun
doit respecter les frontières de l'autre. Je crois que les démocraties
doivent se défendre contre les terroristes avec les règles
de la démocratie".
Nicolas Sarkozy estime en outre, tout en "respectant la politique de sécurité
du président [colombien Alvaro] Uribe" que cette politique
"ne doit évidemment pas déboucher sur la mort d'Ingrid".
"J'aurai l'occasion d'aller bientôt sur le continent sud-américain.
Je verrai le président [brésilien] Lula, pour lequel
j'ai une grande amitié, et naturellement je suis disposé à
aller en Colombie et au Venezuela pour trouver la solution" annonce le
président français.
Il termine sur un appel au calme et au sang-froid dans la région,
s'adressant aux trois pays qui alimentent la crise actuelle:
"Ne nous laissons pas emporter par les passions du moment. Aux Colombiens,
je veux dire que la France est à leurs côtés, avec leur
aspiration de plus grande sécurité. Aux Vénézuéliens,
je veux dire que la France est à leurs côtés pour remercier
le président Chavez pour les efforts déployés. Et aux
Equatoriens -je parlerai très prochainement avec le président
Correa- je veux dire qu'aucun chef d'Etat ne peut accepter l'idée
que soient violées ses frontières... Mais le monde entier nous
regarde tous. Soyons des messagers de paix, de calme et de sang-froid. Nous
y gagnerons tous."
Marulanda au Venezuela selon RCN-Radio
Quelques heures avant avant la diffusion sur RCN-Télévision de cette
interview, RCN-Radio annonçait, en citant des sources de l'espionnage
militaire colombien, que c'est paradoxalement un appel par téléphone
satellitaire du président vénézuélien Hugo Chavez
au numéro deux des FARC, Raul Reyes, qui aurait permis à l'armée
colombienne de localiser et d'abattre ce chef guérillero.
RCN-Radio ajoutait, se référant aux mêmes sources, que
le chef suprême des FARC, Manuel Marulanda, serait "malade" et vivrait
"réfugié au Venezuela". En envoyant des troupes à
la frontière colombienne, le président vénézuélien
Hugo Chavez chercherait "à protéger Marulanda, pour éviter
qu'il ne subisse au Venezuela le même sort que Raul Reyes en Equateur".
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