Le Bavard Latino
Otages: la Colombie désavoue les médiateurs français et suisse, jugés pro-FARC
Bogota cherchera une négociation directe avec la guérilla
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Archive jaunie de l'an 2000, publiée par El Tiempo de Bogota: le médiateur suisse Jean-Pierre Gontard sourit entre Che Guevara et le commandant des FARC Alfonso Cano, devenu depuis le chef suprême de cette guérilla. |
BOGOTA, mardi 8 juillet 2008 (LatinReporters.com) -
"Adieu Sarkozy, on t'aimait pas bien. La Betancourt est libre maintenant, grāce à notre
armée et aux Américains. Donc plus
besoin de ton médiateur pour otages, Noël Saez. D'ailleurs, il
était aussi pro-FARC que son copain suisse, Jean-Pierre Gontard. Nous
on sait tout, because les ordinateurs de Reyes"...
Ce n'est évidemment pas en ces termes imaginaires, mais bien dans cet esprit que Bogota a
apostrophé lundi Paris, ainsi que Berne.
"Le président [colombien Alvaro Uribe;
ndlr] a dit clairement à M. Jean-Pierre Gontard et à M. Noël
Saez, alors qu'ils se trouvaient à Bogota, que le gouvernement colombien
n'a pas confiance dans leur travail", a révélé plus
diplomatiquement à la radio privée W le Haut commissaire colombien
pour la paix, Luis Carlos Restrepo.
"Je crois que le travail pendant de nombreuses années des deux médiateurs
n'a, en dépit de leur bonne volonté, produit aucun résultat
et en plus ces derniers ont été manipulés par les FARC",
a ajouté M. Restrepo.
A propos de cette guérilla narco-marxiste des FARC (Forces armées
révolutionnaires de Colombie), à laquelle un commando d'élite
d'Uribe arrachait sans le moindre coup de feu, le 2 juillet, 15 otages dont
Ingrid Betancourt et trois Américains, le haut commissaire révèle
l'inavouable: "Le délégué français a offert
aux FARC de faire lever le qualificatif d'organisation terroriste, d'engager
des négociations directes ainsi que d'ouvrir un bureau [de cette guérilla]
à Paris en février".
Paris, capitale diplomatique du terrorisme sud-américain? Pour sortir
la Betancourt de la jungle, Sarko nourrissait-il pareil rêve de grandeur?
Restrepo n'a pas précisé, mais beaucoup le supposent, que c'est
écrit noir sur blanc dans les ordinateurs légués à
la postérité par le grand apôtre de la paix qu'était
"Monsieur Raul Reyes", comme l'appelait le Quai d'Orsay, ce numéro
deux des FARC pulvérisé le 1er mars dernier par des bombes
plus intelligentes que lui dans son camp de vacances au nord de l'Equateur.
Là où Luis Carlos Restrepo a clairement cité les ordinateurs
de Reyes comme source irréfutable, d'autant plus que l'intégrité
de leur contenu a été avalisée par Interpol, c'est pour
accuser l'émissaire suisse Gontard d'avoir remis 500.000 dollars aux
FARC au Costa Rica, "semble-t-il dans le cadre d'une prise d'otage". "Transporter
et donner de l'argent à une organisation en marge de la loi n'a rien
à voir avec une médiation", a estimé le cartésien
Restrepo.
Selon le quotidien colombien El Tiempo, le nom de Jean-Pierre Gontard apparaît
"à 37 reprises" dans les ordinateurs de Raul Reyes. Le ministre colombien
de la Défense, Juan Manuel Santos, croit que l'Helvète "doit"
au pays de Gabriel Garcia Marquez quelques explications.
Et sans doute aussi, même sans le dire, le Français Noël
Saez, puisque, selon le Haut commissaire colombien pour la paix, les médiateurs,
au pluriel, "sont apparus en de nombreuses occasions [dans les ordinateurs
de Reyes encore? ndlr] plus comme des conseillers politiques des FARC que
comme des médiateurs".
Désormais, Bogota prétend négocier directement avec les FARC d'Alfonso Cano
ou avec ce qu'il en reste. Alfonso Cano? Tiens, Gontard a été le prof d'unif de son fils
à Genève. Presqu'une affaire de famille, en somme.
Auteur: Le Bavard Latino
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