|
L'UE critique Cuba, mais les sanctions "restent suspendues" jusqu'en juin 2006
|
Au Conseil de l'UE, Philippe Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères (à gauche) et Javier Solana, haut représentant pour la Politique extérieure de l'UE Photo Conseil de l'Union européenne |
LUXEMBOURG, lundi 13 juin 2005 (LatinReporters.com) - Malgré l'absence
"de progrès satisfaisants concernant le respect des droits de l'homme
à Cuba", l'Union européenne (UE) a décidé lundi
à Luxembourg de prolonger jusqu'en juin 2006 la suspension des sanctions
diplomatiques appliquées du 5 juin 2003 au 31 janvier 2005 contre
le gouvernement de Fidel Castro.
Décrétées après l'emprisonnement de 75 opposants
et l'exécution de trois Cubains qui avaient détourné
une embarcation touristique pour tenter de fuir aux Etats-Unis, ces sanctions
comprenaient la restriction des visites de haut niveau, une réduction
de la participation européenne aux événements culturels
cubains, ainsi que l'invitation de dissidents par les ambassades européennes
lors de dates significatives.
Contre l'opinion de nombreux dissidents, qui réclamaient leur maintien,
ces sanctions furent "suspendues" le 31 janvier dernier par le Conseil européen.
Le même Conseil, réuni lundi à Luxembourg au niveau des
ministres des Affaires étrangères, a prolongé d'un an
cette suspension.
L'Espagne socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero est au sein
de l'UE le pays le plus opposé aux sanctions contre Cuba. Le chef
de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a fait valoir à
ses homologues la libération de 14 des 75 opposants incarcérés
en 2003 et la tenue à la Havane, les 20 et 21 mai derniers, du
premier congrès de dissidents toléré
par le régime castriste. Néanmoins, de nombreux parlementaires et journalistes
européens venus à Cuba pour assister à ce congrès organisé
par l'Assemblée pour la promotion de la société civile
avaient été expulsés.
Malgré la grogne de plusieurs pays européens, notamment la
République tchèque, la Pologne et même l'Allemagne, l'UE a
préféré ne pas revenir aux sanctions, espérant, comme l'Espagne,
qu'un dialogue fluide avec La Havane servira mieux la défense des libertés.
L'UE n'en dresse pas moins, dans un communiqué, un sombre tableau de
la situation des droits de l'homme dans la grande île des Caraïbes.
Communiqué officiel du Conseil de l'Union européenne
sur Cuba (Luxembourg, 13 juin 2005)
"Le Conseil réaffirme la vigueur et la validité de la Position
Commune de 1996 qui, dans le cadre des relations de l'Union européenne
avec Cuba, vise l'encouragement d’un processus de transition vers le pluralisme
démocratique, le respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, ainsi qu'un relèvement et une amélioration durables
du niveau de vie du peuple cubain.
De même, le Conseil réitère sa disposition à
maintenir un dialogue ciblé avec les autorités cubaines sur
une base réciproque et non-discriminatoire, y compris en ce qui concerne
l'octroi de visas aux membres des gouvernements respectifs pour des visites,
en vue de parvenir à des résultats tangibles dans les domaines
des droits de l'homme, de la démocratisation et de la libération
des prisonniers politiques, ainsi que dans les domaines politique et économique
et de la coopération. La question des droits de l'homme devra etre
évoquée par chaque visiteur de haut niveau.
En ligne avec les décisions mentionnées du Conseil du 31 janvier,
le Conseil réitère sa demande pressante à Cuba de libérer
sans conditions tous les prisonniers politiques du groupe des 75 et appelle
avec insistance les autorités cubaines à libérer tous
les autres prisonniers politiques toujours en détention et à
cesser de persécuter les personnes pour des raisons politiques.
Dans ce sens, le Conseil déplore l'absence de nouvelles ouvertures
au-delà de la mise en liberté, en juin et novembre 2004, de
plusieurs des 75 prisonniers politiques emprisonnés en mars 2003; libérations
qui par ailleurs n'ont pas eu lieu de façon inconditionnelle. Il condamne
les mesures prises par les autorités cubaines visant à limiter
la liberté d’expression et d’assemblée tout comme la liberté
de la presse.
Le Conseil accueille avec satisfaction le résultat obtenu jusqu'à
présent dans le développement de rapports plus intenses avec
l'opposition politique pacifique, ainsi qu'avec des secteurs plus larges de
la société civile cubaine par le biais d’un dialogue en profondeur
et régulier. Le Conseil décide de maintenir ce dialogue et
même de l’approfondir selon les lignes directrices arrêtées
d’un commun accord. Il réitère la nécessité que
les réunions des représentants de l’UE et des Etats membres
avec l’opposition pacifique continuent d’avoir lieu.
Le Conseil accueille avec une satisfaction particulière la tenue
à La Havane, le 20 mai 2005 , de l'«Asamblea para Promover la
Sociedad Civil». Il condamne néanmoins de façon catégorique
l'inacceptable attitude cubaine à l'égard de parlementaires
et de journalistes étrangers qui assistaient à ladite Assemblée
et qui furent expulsés ou dont l'entrée à Cuba fut empêchée.
Le Conseil demande aux autorités cubaines de s'abstenir à l'avenir
d'actions de ce genre qui empêchent le déroulement normal des
relations entre Cuba et l'Union européenne.
Le Conseil constate qu’il n’y a pas de progrès satisfaisants concernant
le respect des droits de l’homme à Cuba. Le Conseil décide de
maintenir un suivi constant de l'évolution envers le pluralisme démocratique
et le respect des droits de l'homme à Cuba et de réexaminer
sa position dans le contexte de l'évaluation de la Position Commune
en juin 2006.
Les mesures prises le 5 juin 2003 restent suspendues."
Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
ARTICLES ET DOSSIERS LIÉS
Paradoxe à Cuba: congrès de dissidents toléré, mais expulsion d'observateurs
Cuba-dissidents: le 1er Congrès pour la démocratie défie Castro
Sanctions de l'UE contre Cuba "suspendues", mais réexamen avant juillet 2005
Dossier Cuba
Tous les titres
|
|