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Espagne-France-Europe-Méditerranée: Sarkozy circonscrit Zapatero
MADRID, samedi 2 juin 2007 (LatinReporters.com)
- Pas nécessairement convaincu, mais sans opposer d'alternative au
discours de son hôte et limité politiquement dans son propre
pays, le président du gouvernement socialiste espagnol, José
Luis Rodriguez Zapatero, semble circonscrit par le président libéral-conservateur
français Nicolas Sarkozy, reçu le 31 mai à Madrid.
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Nicolas Sarkozy (à gauche) et José Luis Rodriguez Zapatero le 31 mai 2007 à Madrid: sourires réciproques, mais hiérarchie naturelle Photo Presidencia del Gobierno |
Circonscrit, c'est-à-dire délimité et même englobé
-c'est du moins l'image publique projetée par M. Zapatero- comme un
élément de plus dans la vision européenne et méditerranéenne
tracée par le nouveau locataire de l'Elysée.
A Madrid, débordant d'une énergie qu'il propage, le président
Sarkozy accréditait l'impression qu'il croit ce qu'il dit. Un contraste
par rapport aux ambiguïtés habituelles du langage zapatériste
sanctionnées par la défaite socialiste, en nombre global de
voix, aux élections municipales espagnoles du 27 mai.
La différence de qualité de leur légitimité
démocratique respective octroie par ailleurs à Nicolas Sarkozy
un ascendant par trop visible sur José Luis Rodriguez Zapatero.
Le Français est issu d'une élection présidentielle directe
gagnée le 6 mai dernier à la majorité absolue. L'Espagnol
n'a obtenu qu'une majorité relative aux législatives du 14
mars 2004, dénaturées en outre trois jours plus tôt par
les attentats de Madrid (191 morts et 1.824 blessés victimes de bombes
islamistes), et n'a été porté par le Parlement à
la présidence du gouvernement que grâce à des accords
avec les écolo-communistes et des indépendantistes républicains
catalans qui n'en maudissent pas moins chaque jour l'Espagne.
Le 31 mai à Madrid, comme respectant une hiérarchie naturelle
que voilaient mal sourires réciproques et tapes dans le dos,
c'est Sarkozy qui parlait et Zapatero qui écoutait avant d'approuver.
Oui zapatériste à l'idée sarkozyste de traité
européen simplifié et sans valeur constitutionnelle. M. Zapatero
fut néanmoins le premier à soumettre à référendum
le kilométrique et indigeste texte qualifié populairement de
Constitution européenne, que 76% des votants espagnols approuvèrent
le 20 février 2005 (avec toutefois une abstention significative
de 57%). Le 30 mai suivant, les électeurs français rejetaient
le même texte par un ample non (54%), crédibilisé par
une participation référendaire de 69%.
Pour autant que la présidence de l'Union européenne, exercée
ce semestre par l'Allemagne, l'assume et le propose, un nouveau traité
simplifié ne serait plus soumis à référendum
ni en France ni en Espagne. Imitant Nicolas Sarkozy, José Luis Rodriguez
Zapatero ignorera le bon peuple en se limitant cette fois à une approbation
parlementaire. Le président français, lui, a toutefois l'excuse
d'avoir prôné cette procédure raccourcie avant son élection.
Quant à l'Union méditerranéenne, projet prioritaire
du président Sarkozy lorsque l'Europe et la Colombie (Ingrid Betancourt)
lui laisseront le temps de mieux voir la mer danser le long des golfes clairs
(Charles Trenet aurait fait un merveilleux président), M. Zapatero a dit
aux journalistes avoir "accueilli favorablement" cette "nouvelle dynamique
à insuffler à la Méditerranée".
Nicolas Sarkozy précisait pourtant, lors de la même conférence
de presse madrilène, que "notre idée est d'intégrer
le processus de Barcelone à l'Union de la Méditerranée".
Or, le processus de Barcelone et son objectif de partenariat euro-méditerranéen,
lancés en novembre 1995 dans la métropole catalane, étaient
jusqu'à ce jour le navire amiral, certes trop lent, de la diplomatie
euro-arabe et euro-africaine de l'Espagne. Ce navire amiral ne sera désormais
plus qu'une frégate d'escorte dans une escadre sous commandement bleu-blanc-rouge.
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