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Contre l'ETA et "le poids excessif des nationalismes périphériques"
Espagne - Nouveau parti ? Des intellectuels de gauche défient le socialiste Zapatero
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Rosa Diez Photo Wikimedia Commons | |
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Fernando Savater Photo Wikimedia Commons | |
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Carlos Martinez Gorriaran Photo Asociacion por la Tolerancia | |
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par Christian Galloy
MADRID, mardi 22 mai 2007 (LatinReporters.com) - Réduire en Espagne
"le poids excessif des nationalismes périphériques" et lutter
"sans aucune concession politique" contre tout terrorisme, en particulier
celui des basques de l'ETA, sont les objectifs d'intellectuels de gauche
déçus par le président du gouvernement espagnol, le socialiste
José Luis Rodriguez Zapatero. Ils souhaitent créer
un parti national avant les législatives de 2008.
La nouvelle "plate-forme" politique, comme l'appellent actuellement ses
promoteurs, a pour rampe de lancement l'organisation non gouvernementale
Basta Ya! (Ça suffit maintenant!), vouée à la mobilisation
citoyenne contre le terrorisme et les outrances des nationalistes basques à
l'égard de ceux qui ne le sont pas. Le Parlement européen
lui décerna en 2000 le Prix Sakharov pour la Liberté de l'Esprit.
Comme les conservateurs du Parti Populaire (PP, 42% des députés
nationaux), mais sans s'identifier à eux, Basta Ya! a nourri la
résistance de larges couches de la population espagnole à la
politique territoriale du gouvernement socialiste de M. Zapatero. Ce dernier
a élargi de manière polémique (le Tribunal constitutionnel en est actuellement
saisi) l'autonomie de la Catalogne et a offert
des concessions politiques aux indépendantistes basques radicaux dans
l'espoir de mener à bien avec les terroristes de l'ETA un processus
dit de paix théoriquement suspendu depuis l'attentat du 30 décembre
2006 contre l'aéroport de Madrid.
Rosa Diez, députée européenne socialiste, Fernando
Savater, philosophe, écrivain et professeur d'université, ainsi
que Carlos Martinez Gorriaran, historien et professeur de philosophie, tous
trois membres de Basta Ya!, sont les personnalités à la fois
basques et d'envergure nationale que la presse espagnole désignait
mardi comme les principaux visages du nouveau parti politique en gestation.
Parmi "les lignes maîtresses" de ce parti encore hypothétique
et pour lequel aucun nom n'est actuellement défini, le site Internet
de Basta Ya! (www.bastaya.org) énumère notamment "la réforme
de la Constitution ... les yeux tournés vers un modèle fédéral
fermé, où toutes les communautés [régionales]
auraient des compétences identiques au sein d'un Etat solide et
égalitaire", "la réforme de la Loi électorale
pour empêcher expressément que les nationalismes périphériques
n'aient un poids excessif et ne distordent le système constitutionnel
et la volonté des citoyens", ainsi qu'une "politique d'Etat
pour lutter contre l'ETA ou tout autre groupe terroriste, sans concessions
politiques d'aucune sorte".
Cette politique antiterroriste devrait être "moins dépendante
des caractéristiques personnelles du président du gouvernement
en exercice et être ainsi à l'abri des contingences qui ont
ruiné l'efficace et regretté Pacte antiterroriste" [qui
unissait lors de la législature précédente le PP et
les socialistes] ... Pareille précision gifle directement José
Luis Rodriguez Zapatero.
Les promoteurs de ce qui n'est donc encore qu'une "plate-forme" évaluent
la possibilité de la fusionner avec Ciutadans, parti créé
en 2006 en Catalogne également par des intellectuels de gauche en
révolte contre les excès nationalistes, en particulier l'extension du caractère
obligatoire de la langue catalane, qui menacerait notamment la liberté d'enseignement.
A peine né, Ciutadans obtenait trois députés régionaux aux élections
catalanes de novembre 2006, mordant à belles dents à Barcelone
sur l'électorat socialiste alors en net recul.
Ciutadans se présentera dans plusieurs villes espagnoles aux élections
municipales et régionales du 27 mai. Son score et son influence sur
les résultats du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Zapatero
seront examinés à la loupe.
La menace d'une nouvelle gauche modérée et antinationaliste
s'ajoutera à d'autres raisons -par exemple devancer de nouveaux attentats islamistes
ou de l'ETA - pouvant inciter José Luis Rodriguez Zapatero à anticiper à
l'automne prochain les législatives prévues pour mars ou avril
2008. Les Espagnols éliraient alors leurs parlementaires avant que
la "plate-forme" de Basta Ya! ne soit une option électorale.
Perdre aux législatives ne fût-ce que 5 à 6% des voix risquerait de renvoyer dans l'opposition
les socialistes de M. Zapatero.
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