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Espagne - Pays basque: partis amis de l'ETA interdits d'élections à un mois des législatives
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Le juge espagnol Baltasar Garzon (ci-dessus) vient au secours électoral du socialiste Zapatero Photo Presidencia de la Nación Argentina | |
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MADRID, samedi 9 février 2008 (LatinReporters.com) -
Pour interdit judiciaire, comme en 2004, aucun parti proche des séparatistes basques de l'ETA ne
participera aux élections législatives espagnoles du 9 mars 2008.
En 2004, le parti Batasuna, bas politique des pistoleros indépendantistes, était
déjà déclaré hors-la-loi pour avoir été
reconnu comme partie constitutive du conglomérat politico-terroriste
appelé ETA, inscrit par l'Union européenne sur sa liste officielle
des organisations terroristes.
A l'époque comme aujourd'hui, la justice espagnole disait ne pas
vouloir frapper l'indépendantisme basque en tant que tel, mais bien
ceux qui prétendent le servir à coups de bombes contre les
institutions et en éliminant physiquement leurs adversaires politiques.
Cela n'empêcha pas l'actuel président du gouvernement espagnol,
le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, de négocier longuement,
en 2006 et 2007, tant avec Batasuna qu'avec ses cousins armés de l'ETA, dans
l'espoir de mettre fin à 40 ans d'un terrorisme qui a fait plus de
800 morts, quelque 2.400 blessés et des milliards d'euros de pertes
matérielles.
Pour M. Zapatero, ce processus de paix était l'un des piliers de sa législature.
Mais il a échoué et les attentats ont repris après une
longue trêve. Les socialistes redoutent le coût électoral
de cet échec, d'autant plus qu'à droite les conservateurs du
Parti populaire (PP) et même l'Eglise reprochent à M. Zapatero
moins d'avoir négocié comme d'autres avec des terroristes que de l'avoir fait
sur la base de l'agenda politique de l'ETA, qui réclame
la reconnaissance du droit à l'autodétermination et l'annexion
de la Navarre au Pays basque.
C'est dans ce contexte que le célèbre juge Baltasar Garzon,
connu pour ses poursuites contre feu le dictateur chilien Pinochet
et sa sympathie idéologique pour M. Zapatero,
vient de décréter la suspension pendant trois ans de toute
activité des partis qui avaient succédé à Batasuna
pour représenter politiquement l'ETA, à savoir le Parti communiste
des terres basques (PCTV) et l'Action nationaliste basque (ANV). Quant à Batasuna, son
leader Arnaldo Otegi, qualifié en 2006 "d'homme de paix" par M. Zapatero,
scrute aujourd'hui l'avenir derrière les barreaux d'une prison basque
où l'a rejoint son état-major.
Le Parti populaire de Mariano Rajoy s'en réjouit, mais comme le Parti
nationaliste basque (PNV; hostile à la violence) qui domine l'exécutif
régional, il accuse le gouvernement d'avoir saisi la justice par pur
opportunisme électoral, craignant d'être châtié
aux législatives du 9 mars prochain pour indignité supposée
lors des pourparlers frustrés avec l'ETA et lors de tentatives de
démentir la poursuite et la nature de ces pourparlers. Ils se sont
prolongés au-delà du spectaculaire attentat (2 morts et 19
blessés) perpétré le 30 décembre 2006 par l'ETA
contre l'aéroport de Madrid. M. Zapatero le reconnaît désormais
après l'avoir souvent nié.
Ni le juge Garzon ni le gouvernement socialiste n'avaient jugé utile,
lorsque M. Zapatero espérait encore mener à bien son processus
de paix, d'empêcher, comme le réclamait la droite, le PCTV de
se présenter aux élections régionales basques de 2005
(recueillant 9 députés régionaux sur 75) et l'ANV aux
municipales de mai 2007 (obtenant plus de 400 conseillers municipaux, avec
contrôle de 47 mairies au Pays basque et en Navarre).
Avalisé par le Tribunal suprême (mais partiellement seulement;
gare à un éventuel recours devant une instance européenne),
l'interdit de trois ans d'activité émis le 8 février
par le juge Garzon contre le PCTV et l'ANV indique que ces partis, désormais
privés même d'eau, de gaz, d'électricité et d'Internet,
"se sont convertis au cours des trois dernières années en
un instrument politique aux mains des dirigeants de Batasuna et en un instrument
économique visant à les nourrir et à atteindre les objectifs
terroristes de Batasuna-ETA".
Bombes et manifestations basques sont attendues en représailles.
Pourvu que les islamistes ne s'en mêlent pas, comme lors des attentats
de Madrid (191 morts, 1.856 blessés), trois jours avant les législatives
du 14 mars 2004.
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