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Le Bavard Latino
Nº1 de l'ETA arrêté en France : l'Espagne n'est pas la Colombie
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De gauche à droite et de haut en bas: Le "nš1" présumé de l'ETA, Javier Lopez Peña (alias Thierry), Jon Salaberria, Igor Suberbiola et Ainhoa Ozaeta. Archives policières |
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MADRID, mercredi 21 mai 2008 (LatinReporters.com) -
La Colombie doit envier l'Espagne. La police française vient en effet de frapper à
nouveau durement les terroristes indépendantistes basques de l'ETA.
Leurs confrères marxistes-léninistes d'Amérique du Sud,
les guérilleros des FARC (Forces armées révolutionnaires
de Colombie), savent pour leur part que Paris freine les ardeurs guerrières
du gouvernement de Bogota. L'ETA, il est vrai, ne détient pas Ingrid
Betancourt.
Javier Lopez Peña, alias Thierry. Vous connaissiez? Nous non plus,
sans doute par manque de culture, puisque police et médias espagnols
le désignent comme numéro un absolu de l'ETA. Ils n'en avaient
pourtant jamais parlé avant son arrestation, le 20 mai peu avant minuit
à Bordeaux, lors d'une réunion avec 3 autres etarras.
Médiatiquement, politiquement, psychologiquement cela tombe bien que
pour la 11e ou 12e fois en 40 ans de terrorisme séparatiste basque
ce soit à nouveau un nº1 et trois sbires proches qu'on mette
à l'ombre. Après deux attaques à la voiture piégée
en une semaine au Pays basque espagnol, dont la destruction de la caserne
de la garde civile de Legutiano, au prix d'un mort et 4 blessés, n'arrêter
qu'un nº3 ou même un nº2 aurait laissé une saveur
de trop peu.
En conférence de presse retransmise de Dakar, la capitale du Sénégal
où il tente de consolider les barrières contre l'émigration
clandestine, le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba,
a estimé mercredi que l'opération policière de Bordeaux
"n'est pas une opération de plus, puisque Javiez Lopez Peña
serait selon toute probabilité en ce moment la personne ayant le plus
grand poids politique et militaire dans la bande terroriste ETA".
Le conditionnel du ministre, qui a félicité la France, est
ignoré des médias, résolument affirmatifs.
Admettons donc la grosseur du poisson, même si personne ne l'avait
jamais vu nager. Merci Monsieur le président Nicolas Sarkozy, vous
êtes plus aimé par l'Espagne de José Luis Rodriguez Zapatero
que par la Colombie d'Alvaro Uribe. A Bogota, on apprécierait tant
que les gendarmes de l'Hexagone viennent arrêter aussi Manuel Marulanda,
nº1 de la guérilla des FARC et geôlier de la Franco-Colombienne
Ingrid Betancourt.
FARC et ETA sont des soeurs d'armes. Elles testent parfois ensemble leurs
bombes dans la jungle du Caguan. Mais l'ETA ne détient pas Ingrid.
Alors pas de quartier pour les séparatistes basques. Par contre, s'ils
le voulaient, les guérilleros des FARC, officiellement aussi terroristes
que l'ETA selon l'Union européenne, seraient aimablement reçus
comme réfugiés politiques en France. Le Premier ministre François
Fillon l'a dit et redit. De quoi inciter l'ETA a séquestrer une célébrité
franco-basque pour devenir un interlocuteur respecté par Matignon et l'Elysée.
Ceci dit, bravo. Il est plus sage de mettre des terroristes derrière
des barreaux que de les asseoir à sa table pour négocier, comme
le firent le socialiste Zapatero et d'autres présidents du gouvernement
espagnol. Précisément, aujourd'hui, médias et "sources
policières" révèlent que Javier Lopez Peña, 49
ans, fut en 2006 et 2007 l'un des interlocuteurs de Madrid dans la dernière
négociation avortée. Eclipsant les "modérés",
il l'aurait sciemment sabotée, ordonnant notamment l'attentat à l'explosif
qui détruisit le parking du terminal T4 de l'aéroport de Madrid en décembre 2006.
Les trois autres détenus de Bordeaux sont Ainhoa Ozaeta Mendiondo,
Jon Salaberria et Igor Suberbiola. La police croit qu'Ainhoa est "peut-être"
la femme qui, entourée de deux etarras encagoulés comme elle,
annonça le 22 mars 2006 un mal nommé "cessez-le-feu permanent",
marquant alors le coup d'envoi public des négociations avec le gouvernement
de M. Zapatero. Ce processus finalement avorté mûrissait depuis
longtemps en coulisses.
Ainhoa fut conseillère municipale de la localité basque d'Andoain,
élue sur la liste de Batasuna, parti vitrine de l'ETA déguisé à
l'époque sous l'appellation Euskal Herritarrok et aujourd'hui
hors-la-loi. Jon fut au Parlement basque député régional
du même parti. Donc, nouvelle et double confirmation de l'appartenance
de Batasuna à la galaxie de l'ETA. Igor, lui, aurait notamment été
l'un des responsables du Zutabe, la revue imprimée du parfait dinamitero politisé.
Comme après l'arrestation de Mikel Antza, autre nº1 de l'ETA
capturé aussi en France, en octobre 2004, la prise de Javier Lopez
Peña entraînera, grâce surtout aux données d'ordinateurs
saisis, une cascade d'arrestations et peut-être la découverte
d'un arsenal. Au moins deux nouvelles interpellations étaient annoncées
mercredi matin au Pays basque.
Gare au souverainisme non violent
Le retentissant coup de filet policier contre l'ETA s'est produit quelques
heures après la claque infligée à Madrid au lehendakari
(président basque) Juan José Ibarretxe. Reçu pendant
plus de deux heures par M. Zapatero, il tenta en vain de le convaincre de
négocier avec le Pays basque une "feuille de route" prévoyant,
référendum à l'appui, la reconnaissance du droit des
Basques "à décider librement de leur futur" et la création
d'un "organisme commun", avec compétences exécutives, entre
le Pays basque et la Navarre voisine.
Ce sont les mêmes revendications, mais enrobées de modalités
propres au radicalisme d'extrême gauche de l'ETA, qui ont fait échouer
les négociations des terroristes séparatistes avec M. Zapatero
et ses prédécesseurs.
Le "feuille de route" du lehendakari Ibarretxe contemple aussi "l'identité
nationale" basque et caresse l'idée d'une euro-région réunissant
Pays Basque français, Pays Basque espagnol et Navarre. L'Euskal Herria,
soit le grand Pays basque dont l'ETA ne cesse de rêver à voix
haute, serait alors ébauché. "Vive l'Euskal Herria libre! Vive l'ETA!" criaient
mardi soir les quatre etarras détenus à Bordeaux au moment
où ils étaient poussés dans des véhicules policiers.
Partisan d'un souverainisme exempt de violence, qualifié par M. Zapatero
"d'aventure ne menant nulle part", et notable du Parti nationaliste
basque (PNV, centre droit) qui domine les instances politiques régionales
depuis la fin de la dictature franquiste, Juan José Ibarretxe assure
que les Basques s'exprimeront sur leur avenir le 25 octobre 2008 lors d'une
"consultation" jugée illégale à Madrid.
Au sein de l'Union européenne, qui a parrainé l'indépendance
du Kosovo contre l'avis de l'Espagne, sera-t-il plus facile ou non pour le
gouvernement espagnol -et par ricochet pour la France- de désamorcer
les bombes anachroniques de l'ETA que "l'illégalité" non violente
d'institutions basques appelant au vote populaire?
Auteur: Le Bavard Latino
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