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1ère frappe des séparatistes basques depuis la fin de leur cessez-le-feu
Espagne - attentat : l'ETA marque la rentrée politique à l'approche des législatives
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Membres de l'ETA Couverture d'un bulletin interne de l'organisation séparatiste | |
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MADRID, vendredi 24 août 2007 (LatinReporters.com) - Attribué
par les autorités aux indépendantistes basques de l'ETA, un
attentat à la camionnette piégée contre la caserne de
la garde civile de Durango (province basque de Biscaye) a placé vendredi
la rentrée politique en Espagne sous le signe de la violence terroriste
à un peu plus de six mois des élections législatives
de mars 2008.
Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero tenait
vendredi son premier conseil des ministres après la pause de l'été.
Parallèlement, le président français Nicolas Sarkozy
effectuait le même jour une visite officielle au Pays basque français,
base arrière de l'ETA, pour y évaluer notamment les résultats
de la lutte antiterroriste menée en étroite collaboration avec
la police espagnole.
A Madrid, les socialistes gouvernementaux, déjà en campagne
préélectorale, doivent désormais prouver qu'ils peuvent
lutter efficacement contre l'ETA, dont les attentats ont fait 855 morts (chiffre du
site Internet de la garde civile)
et plus de 2.400 blessés depuis
1968. Paradoxalement, négocier avec les séparatistes fut pour
M. Zapatero le pilier, pour le moins ébranlé, de l'actuelle
législature.
Le directeur général de la police et de la garde civile, Joan
Mesquida, estime que l'attentat de Durango visait à provoquer une
"boucherie". La camionnette piégée contenait, croit-il, de
80 à 100 kg d'explosifs. Et qu'à peine deux gardes civils aient
été blessés légèrement serait un
miracle. Perpétré dans la nuit, vers 3h30, l'attentat a endommagé
notablement la caserne, des immeubles proches et plusieurs dizaines de véhicules.
Retrouvée calcinée, une voiture que les terroristes auraient
utilisée dans leur fuite portait des plaques d'immatriculation portugaises. Selon
Joan Mesquida, cet indice renforcerait les soupçons sur l'existence
d'une infrastructure de l'ETA au Portugal.
Si l'on excepte deux mini-bombes inaperçues sur le parcours navarrais du dernier Tour de France
cycliste, l'ETA viendrait donc de frapper pour la première fois depuis son annonce,
le 5 juin dernier, de la fin de son cessez-le-feu. Celui-ci avait été décrété
en mars 2006 dans le cadre de négociations dites de paix avec le gouvernement
de M. Zapatero. Les pourparlers coururent à l'échec après
l'attentat spectaculaire du 30 décembre 2006 contre l'aéroport de Madrid. Dans la
logique particulière des terroristes séparatistes, cette action qui coûta la vie à deux
immigrés équatoriens devait "reconduire" le processus de paix, sans mettre fin
à la trêve.
Sur le fond, les négociations ont buté, comme toutes les
précédentes, sur deux exigences historiques de l'ETA: droit
des Basques à l'autodétermination et rattachement de la Navarre
au Pays basque.
"Tôt ou tard, tous les terroristes finiront en prison... Ils n'atteindront
jamais leurs objectifs. Nous devons leur opposer l'action ferme de la police
et de la justice et l'unité de tous les démocrates" a déclaré
vendredi à Madrid à l'issue du conseil des ministres Maria
Teresa Fernandez de la Vega, vice-présidente et porte-parole du gouvernement
espagnol.
Le parti interdit Batasuna, bras politique de l'ETA, a attribué
le retour de la violence à l'intransigeance du gouvernement lors des
négociations de paix avortées et a ignoré l'appel à
la condamnation de l'attentat de Durango que lui lançait le Parti socialiste
ouvrier espagnol (PSOE) de M. Zapatero. La galaxie nationaliste dite modérée,
majoritaire au Pays basque, a condamné, elle, l'attentat.
Le Parti Populaire (PP, opposition conservatrice) de Mariano Rajoy a réitéré
sa disposition à définir avec le PSOE une politique antiterroriste
commune, tout en reprochant aux socialistes "d'être réticents
à récupérer les canaux de communication politique avec
le principal parti de l'opposition".
Quant à l'influente Association des Victimes du Terrorisme (AVT), proche du PP,
elle se dit convaincue que les négociations entre socialistes et ETA
se poursuivent et que "tout fait partie d'une stratégie bien définie
dans laquelle le gouvernement et la bande [l'ETA] ont besoin l'un de l'autre".
Cela semble insinuer que le gouvernement de M. Zapatero et l'ETA auraient
mis en scène un semblant de retour au binôme violence-répression
à l'approche des législatives afin que paraisse désormais
sans objet l'hostilité du PP et de l'AVT à toute négociation
avec les séparatistes. Des sondages et les élections municipales et régionales
du 27 mai dernier ont montré que cette hostilité
pouvait apporter à l'opposition de consistants dividendes électoraux.
La théorie du complot, très en vogue au sein de la droite
espagnole, se nourrit aussi de l'hypothèse non vérifiée d'une participation
directe ou indirecte de l'ETA et/ou de socialistes aux attentats islamistes de Madrid du 11 mars 2004.
Ils firent 191 morts et 1.824 blessés et forcèrent trois jours
plus tard la victoire inattendue de M. Zapatero aux élections législatives.
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