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Explosion d'une camionnette piégée à Madrid
Espagne-attentat: pas de trêve de l'ETA sans trêve policière

Explosion contrôlée d'une voiture piégée - Archives-Dirección General de la Policía
MADRID, mercredi 25 mai 2005 (LatinReporters.com) - Coup dur à l'espoir d'un dialogue entre Madrid et les séparatistes basques de l'ETA: un attentat à la camionnette piégée, annoncé au nom de l'ETA à un journal basque 45 minutes avant l'explosion, a blessé légèrement ou choqué 52 personnes mercredi matin dans le quartier madrilène de San Blas. L'ETA veut une trêve policière avant de faire taire les bombes.

"Le seul destin de la bande terroriste ETA est d'abandonner les armes et de se dissoudre" s'exclamait au Sénat, quelques minutes après l'attentat, le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

Les services de secours disent avoir dispensé des soins à 52 personnes. Six ont été hospitalisées. Outre les blessés, la plupart atteints par des éclats de vitres, et les importants dommages matériels aux véhicules et édifices proches, le souffle de l'explosion a provoqué des dégâts politiques. L'attentat est en effet perpétré huit jours après l'autorisation donnée par les députés espagnols à M. Zapatero d'ouvrir un "dialogue" avec l'ETA, à condition que les séparatistes renoncent à la violence.

Cet éventuel dialogue est-il désormais torpillé? Pas nécessairement, mais il devient plus incertain. Pour le gouvernement, il devrait mettre fin à 37 ans de violence indépendantiste. L'ETA, elle, se soucie de ses 727 prisonniers (dont 156 en France). Elle espère aussi que les partis basques se verront reconnaître le droit de débattre du droit à l'autodétermination et de la "territorialité". (Même selon les nationalistes modérés, la Navarre et le Pays basque français appartiendraient aussi à la nation basque).

Permettant une évacuation de la zone la plus dangereuse en avertissant 45 minutes avant l'explosion, précisant le nom de la rue et même la marque du véhicule piégé, l'ETA a voulu éviter des victimes mortelles. Ses bombes n'ont plus tué depuis deux ans, mais elles ont fait depuis 2003 plus de cent blessés, y compris des touristes étrangers.

Dialoguer sur de nouveaux cadavres friserait l'impossible, d'autant plus que l'opposition conservatrice incarnée par le toujours puissant Parti populaire (PP) estime que M. Zapatero trahirait plus de 800 victimes assassinées en s'asseyant à la même table que l'ETA, considérée comme terroriste par l'Union européenne et par les Etats-Unis. Dans ce contexte, le PP soutient la manifestation convoquée pour le 4 juin à Madrid par l'Association des victimes du terrorisme, qui exhorte "tous les citoyens de bien" à s'opposer à une éventuelle négociation avec l'ETA.

Ce débat entre adversaires et partisans d'un dialogue avec les séparatistes basques inquiète le gouvernement. Reconnaissant mercredi que l'ETA demeure "vivante, active et opérationnelle", le ministre de l'Intérieur, José Antonio Alonso, appelait à "faire moins de bruit entre nous" afin de combattre plus efficacement la violence séparatiste.

Quoiqu'interdit, le parti Batasuna, vitrine politique de l'ETA, reprochait publiquement au gouvernement espagnol, la veille de l'attentat, de continuer à arrêter ou inquiéter des indépendantistes basques. Trois membres de l'ETA ont été interpellés lundi dans la Drôme par la police française, qui collabore étroitement avec les services espagnols. Deux ex-députés régionaux de Batasuna, dont son leader et porte-parole, Arnaldo Otegi, devaient par ailleurs comparaître mercredi à Madrid devant le tribunal de l'Audience nationale pour financement supposé de l'ETA.

"Il semble que le gouvernement ignore ce que signifie le mot trêve" déclarait mardi à Pampelune un responsable de Batasuna, Pernando Barrena. Par la voix de Batasuna, c'est sans doute l'ETA elle-même qui exige ainsi de Madrid une trêve policière avant d'offrir le silence des bombes réclamé par le Parlement espagnol et par le gouvernement de M. Zapatero. Difficile de prévoir qui cédera en premier, pour autant que l'un ou l'autre camp y consente.

L'optimisme de M. Zapatero avait soulevé des critiques, mais aussi un grand espoir. En contrepartie, une poursuite de la violence de l'ETA risque de coûter cher, politiquement, au chef de l'exécutif socialiste. Le porte-parole parlementaire du PP, l'ex-ministre Eduardo Zaplana, a invité après l'attentat M. Zapatero à revenir sur sa "grande erreur" que constituerait l'offre d'un dialogue à l'ETA.

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