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Le plan Ibarretxe de libre association n'a pas été plébiscité
Espagne: l'ETA, arbitre au Pays basque après les élections régionales
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Le président nationaliste basque Juan José Ibarretxe: vainqueur, mais affaibli Photo ibarretxe.com |
MADRID, lundi 18 avril 2005 - (LatinReporters.com) - Madrid et même Paris
ont souvent prédit leur disparition, mais les séparatistes
armés de l'ETA sont désormais arbitres politiques au Pays basque
espagnol après les élections de dimanche. Vainqueur théorique
du scrutin, mais en recul, le président régional Juan José
Ibarretxe n'a pas soulevé "la clameur" qu'il réclamait pour
son plan de libre association -et non plus soumission- du Pays basque à
l'Espagne.
Pour la huitième fois consécutive en 25 ans, le Parti
nationaliste basque (PNV, centre droit) du président Ibarretxe a gagné,
en coalition avec sa dissidence social-démocrate Eusko Alkartasuna
(EA), les élections régionales avec 38,6% des voix et
29 députés sur 75 au Parlement basque. Mais il recule de 4
points et perd 4 sièges. En outre, la participation électorale
n'a été que de 69%, contre 79% en 2001.
Le plan Ibarretxe de libre association n'a donc pas été plébiscité.
Espérant une majorité absolue, le président basque en
avait fait l'enjeu essentiel du scrutin après le rejet par le Parlement
espagnol de ce plan souverainiste qui ouvrait le chemin vers une République
basque indépendante, prévoyant une nationalité basque,
des relations directes du Pays basque avec l'Europe et un droit permanent
à l'autodétermination pour maintenir ou non des liens politiques
avec l'Espagne.
"Nous sommes moins forts qu'il y a quatre ans, mais nous avons gagné.
Le PNV continuera à être la référence de ce pays
et le gouvernera au cours des quatre prochaines années" déclarait
néanmoins dimanche soir Juan José Ibarretxe.
La mauvaise performance relative de son nationalisme dit modéré
s'accompagne d'une relance de l'influence politique de l'organisation indépendantiste armée ETA, considérée comme terroriste par l'Union européenne
et par les Etats-Unis.
La vitrine politique habituelle de l'ETA, le parti Batasuna, est hors-la-loi.
Mais ses sympathisants ont contourné l'interdit en soutenant le peu connu
Parti communiste des terres basques (PCTV-EHAK), qui a surpris en récoltant
12,5% des suffrages et 9 députés.
Ces 9 députés sont indispensables pour rompre la désormais égalité
au Parlement basque entre, d'une part, les divers courants nationalistes
et indépendantistes non violents, y compris les écolos-communistes
d'Izquierda Unida-Ezker Batua (IU-EB), et, d'autre part, le bloc dit espagnoliste ou
constitutionnaliste, soit les socialistes et les conservateurs du Parti populaire (PP). Chaque
camp a obtenu 33 des 75 sièges.
A Madrid, le secrétaire général national du PP, Angel
Acebes, accuse le président du gouvernement espagnol, le socialiste
José Luis Rodriguez Zapatero, d'avoir permis que "l'ETA s'érige
en arbitre" de la vie politique basque en ne saisissant pas la justice de liens
probables entre l'organisation terroriste et le PCTV-EHAK, légalisé
pourtant en 2002 lorsque M. Acebes était ministre de l'Intérieur.
Des rumeurs persistantes sur des négociations secrètes entre
Madrid et l'ETA ont été démenties récemment par les séparatistes et par M.
Zapatero.
Le président basque sortant, Juan José Ibarretxe, ne pourrait
se succéder à lui-même et défendre à la fois son plan
de libre association qu'avec l'appui du PCTV-EHAK.
Mais il faudrait alors durcir ce plan que le PCTV-EHAK juge trop frileux. Contrairement
à M. Ibarretxe, ce parti se refuse à condamner la violence de l'ETA. "Nous
défendrons au Parlement basque toutes les idées" annonce
sa tête de liste Nekane Eraukin, semblant défier ainsi la loi espagnole
qui permet d'interdire tout parti convaincu d'appartenir à la mouvance
de l'ETA.
Théoriquement, M. Ibarretxe pourrait aussi tenter de former une coalition
avec les socialistes basques de Patxi Lopez. Profitant de "l'effet Zapatero"
(le chef du gouvernement espagnol a fait une intense campagne au Pays basque),
les socialistes locaux ont bondi de 17,9 à 22,6% des voix et de 13
à 18 députés, soufflant au Parti populaire (17,3% et
15 députés) la 2e place au Pays basque.
Nationalistes du PNV et socialistes avaient déjà gouverné
ensemble la région de 1987 à 1997. Mais avec les socialistes,
le président Ibarretxe devrait enterrer définitivement son rêve souverainiste
de libre association. "Le plan Ibarretxe appartient déjà au
passé" estime José Blanco, secrétaire à l'Organisation
et nº2 national du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Zapatero.
Malgré leur progression, les socialistes ne semblent pas en mesure
de construire autour d'eux au Pays basque, comme ils l'ont fait en Catalogne,
une majorité idéologique qui enrayerait la mécanique
nationaliste-indépendantiste en récupérant ses éléments de gauche.
Cela supposerait en effet de débaucher à la fois le PCTV-EHAK
proche de l'ETA et les alliés sociaux-démocrates (EA) du Parti
nationaliste basque.
Si le nouveau Parlement basque ne parvient pas, au plus tard soixante jours après
sa constitution, à dégager une majorité pour désigner
un nouveau président de la région- ou pour réélire
Juan José Ibarretxe- de nouvelles élections devront être
convoquées.
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