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Zapatera, Zapatero... "Le Pays basque, Québec de la France et de l'Espagne"
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Ségolène Royal, la Zapatera, et José Luis Rodriguez Zapatero, le 15 septembre 2006 à Madrid Photo Inma Mesa - PSOE |
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par Christian Galloy
Analyste politique Directeur de LatinReporters
MADRID, dimanche 28 janvier 2007 (LatinReporters.com) -
Du Québec au Pays basque, via la Corse, quelques pas sont vite
franchis avec les bottes de sept lieues cousues par Zapatero ["cordonnier"
en espagnol] et enfilées par Ségolène Royal, souvent
surnommée la Zapatera.
"Ségolène Royal s'est inclinée en faveur de la souveraineté
et de la liberté du Québec, alors tout est possible" s'est
exclamé samedi Xabi Larralde, porte-parole en France du parti basque Batasuna,
bras politique des séparatistes armés de l'ETA.
Et d'ajouter, devant les centaines de sympathisants réunis à
Uztaritz, dans les Pyrénées Atlantiques: "Il suffit de comprendre
que le Pays basque est le Québec de la France et de l'Espagne". Applaudissements
nourris, dont ceux de l'invité corse Jean-Guy Talamani, chef de file
de Corsica Nazione Indipendente.
On en déduira que séparatistes basques et corses misent sur
la candidate socialiste à la présidence de la République
française. Logique, car la Zapatera a eu la "bravitude" d'exprimer
au vrai leader du Parti Québecois, le souverainiste André
Boisclair, des "affinités" quant à "la liberté et la souveraineté
du Québec", avant de confier par téléphone au faux Premier
ministre de la Belle Province, Jean Charest étant imité par Gérald
Dahan, que "les Français ne seraient pas contre" l'indépendance
de la Corse.
Cette voie royale vers la relativité des Etats et des frontières
a été tracée par le socialiste José Luis Rodriguez
Zapatero, président du gouvernement espagnol. Sa conviction, maintes
fois réaffirmée, que "le concept de nation est discuté
et discutable" a dû impressionner la Zapatera.
De la main de Zapatero, les Catalans (du Sud, précisent les indépendantistes
transpyrénéens) ont élargi leur déjà large
autonomie avec un nouveau statut régional dont le préambule
caresse le mot "nation".
Et aux Basques (du Sud...), c'est le "le respect de la décision des
citoyens sur leur futur", sans s'arrêter aux "limites de la Constitution
espagnole et de la légalité" affirme le journal Gara, proche
de l'ETA, que Zapatero aurait promis pour lancer le processus dit de paix
associé au "cessez-le-feu permanent" annoncé par les séparatistes
armés le 22 mars 2006.
L'attentat du 30 décembre contre l'aéroport de Madrid ne visait,
selon les indépendantistes, qu'à activer la concrétisation
des promesses de M. Zapatero. A Madrid, opposition conservatrice et nombre d'éditorialistes
lui attribuent le souhait de renouer avec les terroristes, au moment le plus
politiquement correct, des négociations théoriquement rompues
depuis ce dernier attentat.
Lors du meeting d'Uztaritz, Batasuna et donc implicitement l'ETA ont prié Paris d'octroyer aux
trois provinces basques "du Nord" (Labourd, Soule et Basse-Navarre) "une
autonomie avec pouvoir exécutif et législatif", ce dont jouissent
déjà les Basques "du Sud".
Xabi Larralde a défini cette éventuelle autonomie comme "pas tactique sur le chemin de
la souveraineté" de l'Euskal Herria, la Patrie basque couvrant provinces "du Nord" et
"du Sud".
Dans cette perspective, l'élection présidentielle française
d'avril-mai ne sera pas anodine. Les indépendantistes de tous poils
espèrent tirer parti d'un axe de pouvoir Zapatera-Zapatero.
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