Le Venezuela contrôle les multinationales du pétrole
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Le président Chavez s'adressant le 31 mars aux représentants des sociétés pétrolières - Photo Simon Garcia - MCI |
[URGENT - Venezuela : Total et l'ENI interdites de pétrole
CARACAS, lundi 3 avril 2006 (LatinReporters.com) - Les sociétés
française Total et italienne ENI ne peuvent plus opérer sur
deux champs pétroliers dont le Venezuela "a repris le contrôle
direct" a déclaré à la télévision publique
vénézuélienne le ministre de l'Energie et du Pétrole,
Rafael Ramirez.]
CARACAS, dimanche 2 avril 2006 (LatinReporters.com) - Dans
leurs activités au Venezuela, les sociétés pétrolières
privées étrangères et nationales ne sont plus autonomes
depuis le 1er avril. Le géant public Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA)
les coiffe désormais, avec une majorité d'au moins 60%, au
sein de nouvelles entreprises vénézuéliennes mixtes.
"Les entreprises transnationales deviennent tout simplement nos associées,
avec une participation de 40% au maximum, contre 60% pour nous, et nous leur
donnerons le bénéfice correspondant à leur pourcentage"
expliquait le président vénézuélien Hugo Chavez à
la veille de cette mutation.
La position de force que lui donne l'explosion des prix du pétrole
sur les marchés internationaux permettait à Hugo Chavez d'ajouter:
"Celui qui n'est pas content, qu'il s'en aille!"
Selon le président Chavez, "ce changement nous donnera cette année
un revenu additionnel de deux milliards de dollars. Avant, cela partait vers
les pays riches et ils nous ont pillé ainsi pendant cent ans et plus"...
Le ministre vénézuélien de l'Energie et du Pétrole,
Rafael Ramirez, également président de PDVSA, estime qu'une
production de 500.000 barils par jour passe ainsi sous le contrôle
de PDVSA, qui produit elle-même plus de deux autres millions de barils
quotidiens.
En présence du président Chavez et du ministre Ramirez, les
accords avalisant la création des nouvelles entreprises mixtes ont
été signés vendredi à Caracas, au palais présidentiel
de Miraflores, par les représentants de 17 sociétés
pétrolières d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord et
du Sud.
Il s'agit de British Petroleum, Repsol YPF (hispano-argentine), Shell (anglo-hollandaise),
Nimir Petroleum (Royaume Uni), Statoil (Norvège), Perenco (Royaume
Uni), ENI (Italie), Total (France), China National Petroleum, Harvest Vincler
(USA), Hocol (Colombie), Petrobras (Brésil), Teikoku (Japon), Chevron
(USA) et des vénézuéliennes Vinccler Oil and Gas, Suelopetrol
et West Falcon Samson.
Depuis les années 1990, une politique dite à l'époque
"d'ouverture pétrolière" visant à accroître la
production leur permettait d'exploiter une trentaine de concessions. Mais
la Constitution "bolivarienne" promulguée en 1999 par Hugo Chavez
a consacré le monopole de PDVSA dans le secteur pétrolier.
Longue à mettre en œuvre, cette volonté nationaliste, réaffirmée
dans la Loi sur les Hydrocarbures de 2001, prend donc la forme aujourd'hui
d'entreprises mixtes.
Cette formule reconnaît néanmoins, de par sa mixité,
l'utilité des multinationales dans les activités pétrolières
au Venezuela. Pour motiver les
investisseurs étrangers, le président
Chavez réaffirmait vendredi que 235 milliards de barils dorment
dans la ceinture de l'Orénoque.
Hugo Chavez a évalué qu'il faudrait investir 70 milliards de
dollars pour exploiter ce gisement, le plus grand de la planète, et
il a demandé aux investisseurs étrangers de contribuer à
cette mise de fonds colossale.
"Nous disons au monde qu'un projet nationaliste et révolutionnaire
n'est pas incompatible avec la présence d'entreprises internationales
dignes et avec celle du secteur privé national" a insisté le
chef de l'Etat vénézuélien.
Au nom des 17 représentants de sociétés pétrolières
présents vendredi au palais de Miraflores, celui de Repsol YPF, Nemesio
Fernandez Cuesta, a estimé qu'être "associés à
PDVSA offre une pleine sécurité juridique, d'autant plus que
les entreprises mixtes ont été avalisées par l'Assemblée
nationale" (le 30 mars, à l'unanimité des 167 députés,
tous "chavistes", l'opposition ayant boycotté les
élections
législatives du 4 décembre 2005).
Le contrôle par le Venezuela, sur la base d'une majorité d'au moins 60%, d'activités
pétrolières menées avec des multinationales pourrait
inspirer en Bolivie le président Evo Morales. Avant et après
son triomphe électoral du 18 décembre dernier, il avait promis
de nationaliser les hydrocarbures boliviens, en particulier le gaz naturel,
mais sans exproprier les multinationales, qu'il souhaite lui aussi transformer
en "associées".
Et au Pérou également, une nationalisation des hydrocarbures
sans expropriation est prônée par Ollanta Humala, candidat nationaliste
à l'élection présidentielle du 9 avril prochain. Cet ex-lieutenant
colonel proche de Hugo Chavez et d'Evo Morales est en tête des sondages.
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