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Puerto Iguazu: sommet sur nationalisation des hydrocarbures en Bolivie
Bolivie-Brésil-Argentine-Venezuela: prix du gaz à négocier, nationalisation acceptée
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De g. à dr.: présidents Kirchner, Morales, Lula et Chavez (Puerto Iguazu, 4 mai 2006) Photo Presidencia de la Nación Argentina |
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LA PAZ / PUERTO IGUAZU, vendredi 5 mai 2006 (LatinReporters.com) - Livraisons
de gaz bolivien garanties, renégociation du prix, aval politique à
la nationalisation des hydrocarbures décrétée le 1er
mai en Bolivie, invitée à participer au mégaprojet de
gazoduc sud-américain: c'est le bilan du sommet qui a réuni à Puerto Iguazu les présidents Evo Morales (Bolivie), Nestor Kirchner (Argentine), Luiz Inacio Lula da Silva
(Brésil) et Hugo Chavez (Venezuela).
"Les livraisons de gaz [bolivien] sont assurées... Les prix
seront négociés démocratiquement" déclarait
avec satisfaction le Brésilien Lula à l'issue de ce sommet
organisé jeudi à sa demande par Nestor Kirchner dans la ville argentine
de Puerto Iguazu, frontalière du Brésil. La réunion
des quatre chefs d'Etat semble avoir apaisé politiquement les tensions
surgies de la nationalisation des hydrocarbures décrétée
à La Paz par Evo Morales.
Les présidents Kirchner et Lula -Hugo Chavez, lui, était convaincu
d'avance- ont admis que la nationalisation était un acte souverain
et légitime de la Bolivie dans sa lutte contre la pauvreté.
La nationalisation bolivienne a frappé de plein fouet la société
publique brésilienne Petrobras, qui contrôle 47,3% des réserves
boliviennes de gaz, les plus importantes d'Amérique du Sud après
celles du Venezuela. Plus de 50% du gaz naturel consommé au Brésil
vient de Bolivie, dans un gazoduc que gère Petrobras et par lequel
transitent chaque jour 30 millions de mètres cubes.
L'Argentine est en importance le deuxième acheteur régional
de gaz bolivien, dont elle importe de 3 à 4 millions de mètres
cubes quotidiens.
Quant au Venezuela, son président Hugo Chavez, qui a rallié
le Bolivien Evo Morales à sa vision "anti-impérialiste" et
farouchement antiaméricaine de l'intégration régionale,
son opulence en hydrocarbures -pétrole et gaz- en fait un acteur
obligé de concertations sur les problèmes énergétiques.
M. Chavez est le promoteur d'un mégaprojet de gazoduc qui relierait
sur près de 10.000 km le Venezuela à l'Argentine, traversant
le Brésil et desservant par des bretelles adjacentes d'autres pays
d'Amérique du Sud.
"Alliance continentale" selon le président brésilien
Lula
A Puerto Iguazu, la Bolivie a été formellement invitée
par les trois autres pays participant au sommet à s'intégrer
dans ce réseau énergétique sud-américain. En
dépit de multiples incertitudes techniques, économiques et
écologiques, les premiers travaux du gigantesque gazoduc sont annoncés
pour 2007. Son installation se poursuivrait jusqu'en 2017, au prix peut-être
sous-évalué de 20 milliards de dollars. Les observateurs notent
que l'intégration énergétique, basée alors sur
le charbon et l'acier, fut après la seconde guerre mondiale le creuset
de l'Union européenne.
Selon le président brésilien Lula, "ni le Brésil ni
l'Argentine ni le Venezuela ni la Bolivie ne recherchent l'hégémonie.
Ils veulent être des associés. Nous construirons une alliance
continentale et c'est ainsi que nous allons nous présenter au monde
lors de la prochaine réunion du 12 mai à Vienne". [NDLR; le
IVe Sommet Union européenne-Amérique latine et Caraïbes
se tiendra du 11 au 13 mai dans la capitale autrichienne].
Néanmoins, selon divers médias tant latino-américains qu'européens,
cette profession de foi unitariste et l'aval politique public donné par le sommet quadripartite
à la nationalisation bolivienne ne suffiraient pas à masquer la fracture qui
séparerait désormais les deux gauches de la région. A savoir, d'une part la
gauche "bolivarienne" populiste d'Hugo Chavez, Evo Morales et Fidel Castro et, d'autre part, la gauche
sociale-démocrate qui croit davantage au marché, incarnée de fait au
Brésil par Lula, en Uruguay par Tabaré Vazquez, au Chili par Michelle Bachelet
et avec des nuances en Argentine par Nestor Kirchner.
Les présidents Morales et Chavez étaient arrivés dans
le même avion à Puerto Iguazu, après avoir conclu à
La Paz une alliance stratégique de leurs sociétés publiques
d'hydrocarbures, Petroleos de Venezuela SA (PDVSA) et Yacimientos Petroliferos
Fiscales Bolivianos (YPFB). Cette alliance prévoit notamment l'assistance
d'experts vénézuéliens, qui pourraient maintenir la
production bolivienne d'hydrocarbures en cas, peu probable, de boycott de
l'activité par les multinationales nationalisées. Des assesseurs
vénézuéliens formaient déjà des travailleurs
et cadres d'YPFB en janvier dernier.
La déclaration finale du sommet d'Iguazu parle, en référence
notamment au prix du gaz que la Bolivie veut relever, de prochains "dialogues
bilatéraux pour résoudre les questions en suspens". La Paz
maintiendra ces dialogues avec Brasilia et Buenos Aires.
Toutefois, Petrobras, qui a annoncé l'abandon d'importants investissements
prévus en Bolivie, s'était prononcée, par la voix de
son président, José Sergio Gabrielli, contre toute augmentation des prix. Il semble
que l'apaisement du climat politique n'ait pas encore gagné
les milieux économiques. Cette observation s'applique aussi aux réticences
de l'hispano-argentine Repsol-YPF. Dominée par des capitaux espagnols,
cette société est le plus important investisseur dans les hydrocarbures
boliviens après Petrobras.
Au sommet Europe-Amérique latine de Vienne, le président du
gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero,
entend s'inquiéter auprès d'Evo Morales de l'avenir des investissements
espagnols en Bolivie. Des émissaires du gouvernement de Madrid en débattent
actuellement à La Paz.
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